Avec ce thriller un peu particulier, les personnages de conte de notre enfance se retrouvent transposés dans notre époque urbaine et désabusés. On s’amuse d’abord à retracer toutes les subtilités qui permettent de passer de l’un à l’autre, depuis les significations de leurs noms jusqu’à leur métier : ainsi Cendrillon n’était autre qu’une mannequin amatrice de soirées et bal en tout genre. Cela flatte à la fois notre intelligence et notre culture d’enfant et ça, ça fait du bien.
Au passage, j’ai adoré les personnages. Albe, la nouvelle Blanche-Neige, est pleine de douceur et de simplicité. Mais Virginia, si elle a gardé le rouge du petit Chaperon, en a plutôt fait quelque chose de fatal et de séducteur. Si elles gardent donc des symboles forts des personnages qu’elles incarnent, elles en proposent une alternative moderne plutôt convaincante. Vénéneuse et hautaine, Marylin Von Sydow m’a séduite. Mais il faut dire que j’aime les méchants. Quant au Traqueur, version plus incisive du Chasseur qui sauve Blanche-Neige et libère le Petit Chaperon Rouge, ce mystérieux personnage aussi protecteur que redoutable m’a beaucoup accrochée. Il permet des scènes d’actions sanglantes dignes du grand écran.
Une fois cela passé, il est bluffant de constater la cohérence avec laquelle les héroïnes de conte trouvent leur place dans un roman moderne. Leurs liens avec tous les maux de la société, et surtout avec les pires horreurs de l’histoire, sont soigneusement travaillées afin de lier des angoisses bien contemporaines et notre imaginaire le plus profond. La Seconde Guerre Mondiale, notamment, est régulièrement convoquée comme une période où les Grands Méchants Loups et Méchantes Reines ont été très près de reprendre le dessus.
La note de Mélu:
Une jolie réussite.
Un mot sur l’auteur: Henri Courtade (né en 1968) est un auteur français.