En septembre prochain, une fois n’est pas coutume, le ballon oval va faire de l’ombre au ballon rond. En effet, avec un événement tel que la Coupe du monde, le rugby sera dans toutes les bouches et toutes les télés. Si la France souhaitera créer la surprise en allant le plus loin dans la compétition, elle ne fait clairement pas partie des équipes favorites pour soulever la Coupe Webb-Ellis sur le sol anglais. Faire aussi bien qu’il y a 4 ans avec une finale face aux hôtes de la compétition, les Néo-Zélandais, semble qu’un doux rêve. Néanmoins, les joueurs y croient et parmi eux, l’un des acteurs du dernier Mondial en 2011, Mathieu Bastareaud.
L’étiquette de rugbyman tourmenté toujours bien accrochée à son maillot, le trois-quarts centre du RC Toulon a choisi de se raconter dans un livre, « Tête haute » (Ed. Robert Laffont). Ses excès, sa tentative de suicide et la fameuse nuit de juin 2009 où sa carrière a basculé. Dans cet ouvrage, le trois-quarts centre de l’équipe de France n’élude rien. Alors que le livre est sorti le 4 juin dernier, Mathieu est en ce moment en promotion entre deux rassemblements avec les Bleus. Voici le synopsis ainsi que quelques extraits du livre qui pourrait bien vous faire plonger doucement dans la prochaine Coupe du monde de rugby…et en plus la préface est signée Jonny Wilkinson !
Synopsis :
« Il est simplement dommage que, au très haut niveau, montrer ses sentiments soit aussi mal perçu. » M. B.
Mathieu Bastareaud, l’emblématique joueur de Toulon et de l’équipe de France, se livre avec une franchise peu commune et nous fait pénétrer dans les coulisses du rugby. Doté d’un physique hors norme pour un trois-quarts – 125 kilos pour 1,85 mètre –, ce champion atypique possède une sensibilité à fleur de peau.
Il revient ici sur son parcours, de son éclosion au Stade Français à ses titres avec le RC Toulon, au côté de Jonny Wilkinson. Joueur prodige, il est convoqué dès l’âge de 18 ans en équipe nationale, et devient rapidement l’une des attractions des Bleus. Mais, lors d’une tournée en Nouvelle-Zélande, il se retrouve au coeur d’une affaire d’État sur laquelle ce récit fait enfin toute la lumière. Aujourd’hui, il est l’une des vedettes attendues de la Coupe du monde en Angleterre.
Entre succès et dépression, la confession d’un homme désormais apaisé, mais qui ne cache ni ses doutes ni ses souffrances.
Extraits :
– La nuit à toujours gravée :
Car Mathieu Bastareaud (26 ans) est « jeune » et ne veut pas griller une carrière en Bleu encore naissante. « Que faire ? (…) J’aurais dû avouer : ‘J’étais bourré.’ Mais je ne suis pas fier de ma conduite et j’ai peur d’être sanctionné. Je suis lâche. Alors, au lieu de dire la vérité et de faire confiance à l’encadrement, je vais élaborer un mensonge qui aura de lourdes conséquences. » Car la suite, c’est un incident diplomatique entre la Nouvelle-Zélande – qui s’était d’abord excusée pour l’agression – et la France. Sur le banc des accusés, le joueur qui évolue alors au Stade français bascule définitivement dans la dépression : « Cela a été terriblement violent. (…) J’étais déjà mal dans ma peau avant de partir en Nouvelle-Zélande, autant dire que cela a accentué mon état. Je me sentais inutile. Je voulais disparaître, tout simplement. »
– La dépression :
Le rugbyman ne devient plus que l’ombre de lui-même au Stade français. « Que l’on perde ou que l’on gagne, j’allais faire la fête après le match, écrit-il. Oh, rien d’exceptionnel. Je me rendais au Café Oz, à Châtelet, mon repaire dans le centre de Paris, pour descendre quelques verres de vodka Red Bull. Mon unique but : m’amuser et, si possible, finir la soirée avec une fille. » Pendant ce temps, ses parents souffrent de voir leur fils partir en vrille. À commencer par sa maman Dania. « Elle s’est parfois sentie impuissante », dit-il dans Libération.