Un film roumain en noir et blanc, âpre et difficile, qui montre les conditions de vie faites aux "corbeaux", c'est-à-dire aux Tziganes en 1835, au début du XIXème siècle. Encore aujourd'hui, rien n'a changé.
La première partie se veut un voyage équestre parfois farcesque d'un homme et son fils, d'un mercenaire et son fils, Ionita, tous deux au service d'un boyard cocufié par un Tzigane. Ils sont donc chargés de le traquer et de le ramener pour que "justice" soit faite. Paysages superbes, gigantesques éraflés par les réflexions toutes plus stupides les unes que les autres du père qui respire la bêtise crasse, qui débite de l'aphorisme au kilomètre, du dicton populaire antisémite, inepte au possible. Le summum dans le genre est atteint par un pope fort ennuyé de se trouver en panne, mais qui, oh mon Dieu! n'aura pas idée de tenter d'arranger la roue lui-même. Quel déferlement de préjugés! Tout le monde y passe! Les Juifs, les Turcs, les Arméniens, les Français, les Italiens etc. Une première partie un peu lente donc qui montre la misère et l'injustice d'une société féodale. Le choix du noir et blanc met en relief, exacerbe les différences sociales, souligne la pauvreté. On dirait également un vieux film des années 1930.
La seconde partie est plus dynamique, plus cruelle car les deux policiers découvrent au fur et à mesure l'innocence du Tzigane, Tzigane plus riche de ses voyages à Paris, Vienne, Leipzig que ces deux pauvres mercenaires. Mais les traditions sont ce qu'elles sont. L'innocent sera livré à la vindicte du boyard, boyard qui inspire la terreur, boyard vénéré, salué. L'Eglise en prend pour son grade également puisqu'elle n'hésite pas à réduire l'Autre, le Différent en esclavage. Le message christique a été enterré il y a bien longtemps.
Un film épuré et sec, drôle et sombre à la fois. Un vrai beau film.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble