Les 7, 8 et 9 août, c’était les Nuits des Etoiles, placées sous le thème « Climat, biodiversité et atmosphères planétaires » à l’occasion de leur labellisation COP21. Si vous habitez en ville, vous avez certainement pu contempler… pas grand-chose, la faute à la pollution lumineuse, qui empêche de voir 97 % des étoiles dans le ciel des plus grandes villes du Monde. C’est quand même dommage quand on sait que le ciel étoilé est classé Patrimoine Mondial de l’humanité par l’Unesco…
La pollution lumineuse ?
La pollution lumineuse, aussi appelée photopollution, désigne le trop-plein d’éclairage artificiel durant la nuit : éclairage public, enseignes de magasins, panneaux publicitaires, etc.
Outre qu’elle empêche les citadins de profiter de la beauté d’un ciel étoilé (on parle alors plus spécifiquement de pollution du ciel nocturne), la pollution lumineuse peut avoir des conséquences néfastes sur la santé, l’économie, et bien sur l’environnement.
Voilà ce que ça donne en France
Un danger pour la santé
La pollution lumineuse trouble notre perception naturelle de l’alternance entre jour et nuit. L’OMS a reconnu que cela engendre un dérèglement de l’horloge biologique pouvant mener à des nombreux problèmes de santé : troubles du sommeil bien sur, mais aussi obésité et augmentation du nombre de cancers, selon une étude menée par l’University of Connecticut Health Center et publiée dans le National Library of Medecine. En effet, lorsque nous dormons dans l’obscurité, notre corps sécrète de la mélatonine, une hormone aux propriétés antioxydantes permettant notamment de freiner le développement des tumeurs. La lumière artificielle réduit la production de cette hormone, et nous prive donc de ses bienfaits.
Une menace pour l’environnement, la faune et la flore
Bien entendu, l’éclairage public inutile augmente la consommation de gaz à effet de serre, et ainsi le dérèglement climatique.
L’éclairage artificiel a également des conséquences sur les espèces animales et végétales, autant nocturne que diurnes.
Les oiseaux migrateurs, par exemple, sont affectés par la pollution lumineuse, car ils s’orientent grâce aux étoiles, devenues invisibles. La biodiversité et la chaîne alimentaire est également fragilisée, car des espèces sont attirées par la lumière artificielle (insectes, papillons) et donc mises en danger, ou au contraire sont repoussées et désertent complètement certaines zones.
Ce que ça donne en monnaie sonnante et trébuchante
De nombreux éclairages publics sont superficiels et peu optimisés, car dirigés vers le ciel. L’utilisation de lampes blanches (mercure, halogène) au lieu de lampes jaunes (sodium) est à la fois moins efficace d’un point de vue énergétique et plus gênante pour la noirceur du ciel. Les coûts inutiles générés pour les Etats et municipalités sont faramineux. L’Amérique du Nord est l’une des zones les plus éclairées du globe, comme l’a prouvé l’analyse d’images satellites : l’énergie lumineuse émise vers le ciel équivaut à 1 milliard de dollars annuel pour les Etats-Unis !
On parle ici bien de l’efficacité de l’éclairage public, sans mentionner les devantures de magasins et bureaux éclairées inutilement toutes les nuits…
De plus, un éclairage trop puissant et inadapté n’est pas facteur de sécurité. Chez les automobilistes, il génère éblouissement et perte de vigilance. Dans le cadre de sécurité urbaine, une étude menée par le « National Institute of Justice » des États-Unis prouve qu’il existe très peu de lien entre éclairage puissant et sécurité.
© NASA GSFC
Les bonnes pratiques pour réduire la pollution lumineuse
Si nous devions résumer les bonnes pratiques permettant de réduire la pollution lumineuse (soyez attentifs, ça marche aussi dans votre jardin !) :
- Mieux vaut un éclairage faible mais bien réparti qu’un éclairage éblouissant concentré sur un seul point
- Pas d’éclairage pointé vers le ciel, toujours vers le sol
- Favoriser les lumières jaunes (sodium haute pression) aux lumières blanches
- Et, évidemment, n’éclairer que si c’est nécessaire !