Cette année, c'est dans une belle maison de campagne située au nord-est de la Belgique que j'ai fêté NOS anniversaires. Je dis NOS, car j'ai découvert lors de mes périples bordelais avec mes amis belges que l'un deux était né le même jour et la même année que moi. Aussi avons-nous eu eu l'idée de fêter l'évènement ensemble en compagnie de la même joyeuse bande. Ludovic apporterait des vins de sa cave, et je ferais le repas. Cela a demandé pas mal d'échanges en amont afin de faire les meilleurs accords mets et vins possibles.
Je suis arrivé le jour même de mon anniversaire (le 8 août) à Liège où nous avons acheté tout ce qui était nécessaire au repas (en plus de ce que j'avais déjà préparé à l'avance pour ne pas être trop débordé le lendemain). Puis nous sommes partis en direction des Hautes-Fagnes au pied desquels se situe la maison. Le temps de déballer et de m'avancer un peu, de boire notre premier apéro de retrouvailles, et nous sommes tous repartis dans le meilleur restaurant local, la Menuiserie (qui fera aussi l'objet d'un billet).
Le lendemain matin, j'ai démarré dès 6h30 du mat' (je n'arrivais plus à dormir). Un peu plus tard, j'ai reçu l'aide de plusieurs membres de la Belgium Band (ici, Didier et Philippe en plein découpage). Elle était la bienvenue, car il y avait huit plats à préparer en quelques heures. Cela relevait de l'exploit. Sans eux, nous aurions commencé le repas de midi à 19h...
Avec mon nouveau tablier qu'ils m'ont offert la veille et qui s'est avéré bien utile :-)
Sur le coup de 13 h, nous avons pu prendre l'apéro. A gauche un Krug Grande cuvée que j'ai apporté, et à droite un Krug 1998 provenant de la cave de Ludovic. La première s'est avéré plus vive que les différentes bouteilles bues précédemment, se montrant presque trop jeune, avec un coté austère (manque d'aération ?) alors que le 1998 était absolument superbe, enjôleuse, complexe, racée, très Krug, quoi. Une merveille de vin !
Pour les accompagner, j'avais préparé des feuilletés au parmesan et bacon. Un bel accord !
Puis a démarré le repas proprement dit avec une effilochée de crabe royal et daïkon, espuma au raifort, gelée au citron et combava. Elle accompagnait un Riesling Clos Saint Hune 1985 de Trimbach. Très aérien et élégant bu seul, il gagnait en puissance et densité après avoir goûté le plat. Ce dernier avait un bel équilibre, entre l'onctuosité de la crème, le croquant du daïkon et l'acidité de la gelée.
Nous avons poursuivi avec un tartare de saumon, pomme Granny, avocat et pomelo, bouillon chaud de crevettes aux agrumes. Il accompagnait un Pouilly-Fumé Silex 2009 de Dagueneau. Le gras du saumon et de l'avocat répondaient à la richesse du vin, tandis que le pomelo et la pomme verte faisaient écho à son aromatique et sa fraîcheur. L'accord était vraiment superbe.
Avec ce célerisotto à la truffe blanche et Saint-Jacques snackées, nous avons bu le dernier blanc sec de la série : Rayas 2001. Ample et riche, avec un gras subtil et une bonne tension, il gagnait en intensité et en énergie avec le plat, dévoilant de belles notes épicées/truffées. Encore un joli mariage.
Avec le pigeon en trois cuisson, champignons et framboise, deux vins étaient servis en parallèle. Une Romanée Saint Vivant GC 2007 de Nicolas Potel et une Côte Rôtie "La Turque" 2007 de E. Guigal. Les vins ont partagé les participants. Certains préféraient la finesse, la fraîcheur et le fruit pur du Bourgogne (qui se mariait parfaitement avec le suprême rosé du pigeon) tandis que les coeurs des autres penchaient pour l'opulence et la générosité de la Côte Rôtie. Ceci dit, au-delà des caractères bien différents des deux cuvées, j'ai trouvé un cousinage entre les deux vins. Est-ce dû au millésime ? Au plat ? A mon cerveau ? En tout cas, c'était un bonheur que de passer d'un vin à l'autre sans impression de rupture.
Nouveau duo de vins avec entrecôte maturée de Rouge des Prés d'Anjou "Rossini light" et dominos de pommes de terre, jus de queue de boeuf : un Saint-Emilion Tertre Roteboeuf 2008 vs un Pauillac Pontet-Canet 2008 (amenées par Didier). Rien qu'en les sentant, le premier se montre plus séducteur, même si le second n'a rien d'un triste sire. En bouche, Tertre se montre également plus sexy, avec une matière soyeuse et une grande palette de saveurs. Pontet-Canet est plus médocain, plus droit dans ses bottes. Mais il s'accorde très bien au plat, alors que Tertre fait plus cavalier seul. Une très belle expérience en tout cas.
Comme quatre rouges, ça faisait un peu chiche, Didier a aussi ouvert un Brane Cantenac 2001. Il s'est montré aussi classieux et élégant que lors de notre rencontre en avril dernier.
L'instant du fromage est souvent un moment difficile pour les vins. J'ai refait ici (à peu près) cette recette de l'année dernière : du comté de 36 mois avec une crème au parmesan, et des noix caramélisées au curry. Evidemment avec un Château Chalon 1990 de Jean-Marie Courbet que j'avais apporté. Le vin, inhabituel, n'a pas séduit tout le monde d'emblée, mais dès que l'on attaquait le plat, il prenait tout son sens. Il faudra encore ouvrir quelques autres bouteilles du genre pour que tous les palais s'y habituent, mais la première expérience fut plutôt bonne ;-)
Le dessert a été conçu pour magnifier Yquem 1999 : marmelade d'abricot à l'orange et au safran, kumquats confits, glace au nougat, crumble aux amandes grillées et mandarine, glace au nougat. Et ce fut réussi : après "l'épreuve Vin jaune", on plongeait directement dans l'orgasmique.
Bref, un bouquet final plein de fraîcheur qui n'alourdissait pas trop les papilles. On serait presque reparti pour un nouveau round ;-)
Nous avons finalement opté pour une balade très sympa dans les Hautes-Fagnes. Le grand air nous a fait le plus grand bien !
Les héroïnes du jour sans qui ce repas n'aurait pas été (du tout) le même.
Merci à tous pour ce grand moment d'amitié, à Philippe et Vincianne pour leur accueil
et bon anniversaire, Ludo !