On y est : La Route Du Rock #25 – Jour 3

Publié le 16 août 2015 par Hartzine
On y est : La Route Du Rock #25 – Jour 3 Les organismes se fatiguent peu à peu, mais c’est avec abnégation et le soleil en pleine poire qu’on revient le samedi au Fort Saint-Père, qui plus est tôt, pour ne pas rater l’ouverture de la soirée assurée par ce gredin d’Only Real: une entrée en matière idéale, tant la musique du londonien semble parfaite pour adoucir les gueules de bois les plus sévères mais aussi réveiller les palais les plus assoiffés: même s’il s’en défend, Niall Galvin s’inscrit dans une tradition slacker du haut du panier qui fait toujours plaisir, et tape juste avec sa pop bancale et son chant half spoken. On pense à Demarco, Malkmus et The Streets à l’heure de l’apéro, et c’est plutôt bon signe. Puis c’est au tour du duo Kiasmos d’ambiancer le fort, sur le créneau horaire apéricube par excellence: le duo l’a bien compris et balance sans cérémonie son IDM bien smooth, à consommer avec une paille. Ça s’écoute de loin, ça n’agresse pas l’esgourde, c’est anecdotique. Par la suite, les filles de Hinds, elles, auront à cœur de convaincre le public qu’elles ne sont pas seulement là pour promener leurs quatre jolis minois sur scène. C’est plutôt réussi, tant la garage pop juvénile des espagnoles se révèle être un agréable coup de fouet musical, plein d’envie et de plaisir. Burger Records a sans doute eu le nez fin sur ce coup. Il était temps par la suite de passer aux choses sérieuses avec The Soft Moon, gros morceau de la soirée. Devant un public étonnamment sage, Luis Vasquez balancera lui aussi sans précaution aucune sa sauce coldwave, entamant pied au plancher un set presque parfait. Au travers du récent Deeper, Vasquez a dépassé les frontières qu’il s’était lui-même fixé précédemment, laissant une plus grande place à son chant et allant gratter du côté de l’indus, du lofi, de la pop. Le résultat n’en est que plus riche, et le romantisme synthétique et lugubre de Vasquez impressionne par sa puissance et son pouvoir évocateur.  Avec la volonté affichée de ne pas faire de prisonniers, le combo nous sera  apparu hier soir définitivement implacable, au travers d’un concert rare. L’autre moment rare, on l’aura vécu juste après grâce à Spectres, qui aura brillamment réussi  à reprendre le flambeau tendu par The Soft Moon: là aussi ça joue vite, ça joue -très- fort, et c’est sacrément abrasif. Guitares saturées, fûts éventrés, la bande de Bristol aura séché tout le monde sur place avec ses cabrioles soniques surfant sur la frontière séparant shoegaze et noise. Impec. On en dira pas forcément autant de Foals, qui en remplaçant au pied levé le chapon de Reykjavik s’est visiblement senti investi d’une mission sacrée. Il va sans dire, donc, que le groupe d’Oxford donne tout ce qu’il a pour faire le show, pour créer l’évènement. La conséquence directe en sera un manque de sobriété, de spontanéité, qui donnera un léger parfum de toc au set des anglais. Non pas que tout cela soit foncièrement mauvais: Foals a de belles cartouches à décocher, et ne s’en prive pas, pour le plaisir de la foule. Mais en trainant bien trop en longueur, les anglais auront fait tout de même apparaitre progressivement quelques effluves d’ennui bien inutiles et évitables. Tout de même satisfaits de la qualité globale de la soirée, on se sera même décidés à rester pour Daniel Avery, le pape de la Fabric, dont on sera restés malheureusement imperméables à la sauce: le gars a du chemin à faire avant de pouvoir faire une once d’ombre à Andrew Weatherall. Dont acte. A demain pour un programme sacrément chargé, et des paupières de plus en plus lourdes, façon 16/9.