Aujourd'hui, on parle de la Mano negra et de Johnny Jano, de Duchazeau, de Baru et de King Automatic.
Deux superbes albums ont paru avant l'été, mêlant histoire rock et bande dessinée, et comme cela faisait assez longtemps que l'on avait pas eu d'ouvrage de cette qualité, c'est parti :
Four roses,
de Baru et Jano, aux éditions Futuropolis, nous donne l'occasion de retrouver un (deux ?) auteurs estampillés années quatre vingt, qui ont toujours mêlé rock et BD.
Jano avec sa zone et son personnage de Kebla, le rockeur de la zone parisienne, le "Rolling stones" du plus "Beatles" Lucien de Margerin (si j'ose. Oui, osons)., et Baru, et ses Quequette blues, ses mobylettes, sa gomina, et plus récemment, son cd album "Rock antédiluvien".
Dans Four roses, ... après une rapide présentation du contexte de la fin de la guerre en France, (dessinée par Baru), avec la seconde "occupation" de la France par les Marines dans les bases (60.000 en 1957), on fait la connaissance de Jérémie, guitariste /chanteurs (avatar de King automatic, rocker Lorrain), qui, en fouillant dans le grenier familial de la belle sœur, découvre une boite de 45 tours de variétés, et un trésor au milieu : un disque de Johnny Jano.
Le titre "Havin' a whole lot of fun" est un rockabilly de 1956 endiablé qui défrise notre artiste.
Au milieu de ces disques : des photos, où Jérémie et Gilou, son frère, reconnaissent leur grand mère, qui a semble t'il eu une relation avec ce guitariste américain.
Pochette uniface collée en fin d'album
C'est le départ pour une une quête au pays du zydéco, où tout ce beau monde va recoller les bouts de la fibre musicale familiale et découvrir l'étrange histoire de ce rockeur quelque peu oublié.Baru, grand amateur de rock'n'roll (il avait déjà publié une belle compilation en 2011, à l'occasion d'une exposition à la Cité de la BD Angoulème*; mais ses précédents albums ont toujours vanté le charme de cette musique, à grand renfort de bananes, mobylettes et gomina, cf : les loustics, Quéquette Blues…) a écrit une très belle histoire, mettant en avant les relations entre notre pays et la Louisiane.
Mais le must est d'avoir fait appel à son compère Jano, que l'on avait pas revu depuis des lustres en bande dessinée, lui qui nous avait régalé dans les eighties avec ses BD rock.
Le single, joint à l'album, est la cerise sur le gâteau, puisque non content de nous proposer trios titres par King Automatic : des covers de Never can tell (Chuck berry), version Zydeco, Slow down (J B lenoir), et Havin a whole lot of fun (Johnny Jano), celui-ci ajoute la version originale de ce brulôt rockabilly de 1956 par l'auteur originel. Top.
(*) du 27 janvier au 24 avril 2011 : http://www.citebd.org/spip.php?article2180
Le titre "Havin' a whole lot of fun" sur Youtube.
La main heureuse
Arte/Professeur cyclope
Mai 2015
Ici, c'est tout l'art de Frantz Duchazeau qui est mis en exergue, une nouvelle fois, après ses superbes albums consacrés à d'autres figures musicales : Lomax, Meteor Slim, Blackface Banjo… mais pas que. Car dans cet album prépubliés dans la revue Professeur cyclope, c'est l'histoire du groupe alternatif français La Mano negra qui est contée, ou plutôt celle de deux de ses fans.
Mike et son copain son deux jeunes ados, qui, tombant sur l'annonce d'un concert (dans Best) du groupe à Bordeaux, à 100 bornes de chez eux, décident de s'y rendre coûte que coûte, en mobylette, en faisant le mur.
Un périple marqué par leur ferveur quasi religieuse et leur foi en le rockn'roll de la Mano, qui va cependant leur réserver quelques (mauvaises) surprises.
Mais "la main noir , la Puta's fever, le King kong five, et le king of bongo vont leur donner l'énergie et l'espoir de réaliser leur rêve.
Un superbe récit, toujours aussi bien mis en scène et en images par le trait noir et blanc si spécifique de l'auteur, qui nous replonge avec passion dans cette époque punk rock française quelque peu révolue.
Pochette uniface collée en fin d'album
Le single quant à lui, (pour l'édition spéciale limitée à 1000 exemplaires), s'il ne révolutionnera pas votre discothèque en termes de gros son, marquera par contre d'une pierre les archives des fans du groupe, puisque cet enregistrement live du concert au théâtre de Barbey de Bordeaux en 1989 propose quatre titres inédits.Une petite pièce de collection, bien sympathique, pour agrémenter la lecture.
La page consacrée à la Mano negra sur le site de Manu Chao