René VERSTRAETE nous fait à nouveau partager ses découvertes avec, cette fois-ci, une splendide sculpture repérée sur un linteau de fenêtre à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire), au n° 6 rue de la rue Traversière.
Cette remarquable composition, en très bon état malgré la fragilité du calcaire angevin, nous offre un résumé par l'outil des compétences du tailleur de pierre qui vivait là à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle.
© Photographie René Verstraete, D.R.
L'instrument situé tout en haut de ce "blason" est un niveau d'eau utilisé par les géomètres pour déterminer les courbes du sol avant toute construction.
En dessous sont placés un compas et un marteau de tailleur de pierre (un "rustique", à un taillant et à un côté dentelé) de part et d'autre d'un niveau à plomb. Puis, au centre, un rapporteur et une équerre à deux branches inégales.
A gauche se trouve un "trophée", enserré dans un ruban, comportant trois ciseaux et une massette pour l'exécution de motifs ornementaux ou des sculptures. A droite, un autre trophée réunit une équerre de dessinateur, un compas et un porte-mine.
L'ensemble est rehaussé de branches de chêne, emblème traditionnel de la force.
Cette composition illustre l'étendue des connaissances et des activités des entrepreneurs de bâtiment d'il y a plus d'un siècle : ils étaient à la fois géomètres, dessinateurs, architectes, tailleurs de pierre, maçons et sculpteurs. Pas tous, évidemment, mais ceux qui avaient voyagé, qui avaient suivi l'enseignement des compagnons tailleurs de pierre durant plusieurs années et participé à de grands chantiers, étaient dotés, une fois rentré dans leur pays, d'un savoir qui leur permettait de construire des édifices complexes et variés de A à Z.
Merci à René VERSTRAETE de nous avoir fait découvrir ce beau témoignage de la sculpture angevine et du savoir (perdu ?) des entrepreneurs de bâtiment d'autrefois.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)