Impastor est une nouvelle comédie de dix épisodes diffusée sur les ondes de TV Land aux États-Unis depuis la mi-juillet et met en scène Buddy Dobbs (Michael Rosenbaum), un bon à rien criblé de dettes qui par le concours de circonstances rocambolesques, parvient à fuir ses problèmes en usurpant l’identité d’un pasteur homosexuel. Le vrai défi pour lui est de savoir pendant combien de temps parviendra-t-il à berner tout le monde. De son côté, Please Like Me est une nouvelle acquisition estivale tout droit venue d’ABC2, la chaîne digitale du service public australien et diffusée sur les ondes de CBC depuis la fin juillet. L’histoire commence alors que Josh (Josh Thomas) se fait larguer par sa petite amie Claire (Caitlin Stasey) et découvre le même jour son attirance envers les hommes. Outre une nouvelle relation sentimentale, c’est tout son entourage qui ne cesse d’accaparer le personnage principal, la plupart du temps abusant de sa candeur. Ces deux séries estivales ont pour thème l’homosexualité et se basent sur des quiproquos pour nous divertir, mais l’américaine, tout comme l’australienne ont tendance à couper les coins ronds du point de vue scénaristique si bien qu’il est difficile de se laisser emporter.
Impastor : un héros détestable
Poursuivi par ses créanciers, on voit Buddy sur un pont, prêt à se suicider. Mais voilà qu’un homme s’arrête et en cherchant à le convaincre que la vie vaut la peine d’être vécue, il perd pied et tombe à l’eau, se rompant le cou. Buddy s’installe ensuite dans la voiture de l’étranger et en répondant à son téléphone, il apprend que l’homme mort, Jonathan Barlow (Michael Bean) était un pasteur luthérien ouvertement gay qui après s’être fait renvoyé de son précédent diocèse, allait commencer une nouvelle vie dans une autre ville où personne ne le connaît. Rien de plus simple pour Buddy qui parvient à se faire passer pour Jonathan alors que pendant ce temps, tous croient que le corps retrouvé par la police est le sien. À mesure que l’enquête se poursuit, l’étau se resserre tandis que certains paroissiens de sa nouvelle communauté commencent à avoir des doutes.
S’il est vrai que dans Impastor on éprouve un certain plaisir à découvrir en même temps que Buddy sa nouvelle identité par le biais d’intermédiaires qui connaissent davantage Jonathan Barlow que le protagoniste lui-même, on doit aussi lever notre chapeau à ce dernier qui est manifestement né sous une bonne étoile puisqu’il se sort toujours du pétrin, plus souvent qu’autrement aidé par le destin. Par contre, il est difficile d’éprouver une quelconque sympathie à l‘égard du personnage principal, surtout après les premières scènes où il nous prouve que les scrupules ne sont pas son fort en usurpant l’identité d’un homme qui voulait l’aider et qui en est mort. Déjà que ce genre d’humour soit très questionnable, on enfonce le clou en nous le dépeignant toujours un peu plus paresseux alors que seules les femmes et les joints semblent attirer son attention et les gags encensant son comportement « animal » ne volent pas très haut.
Quant à toutes les intrigues entourant l’homosexualité de la personne dont il usurpe l’identité, il ne s’agit que de vains coups d’épée dans l’eau qui en fait ne font que ressasser de vieux clichés. Évidemment, Buddy est « ultra » hétéro alors que les hommes qui tentent de le séduire sont efféminés. Sentant l’ambivalence sexuelle du pasteur, deux ouailles, Mike (Russell Kerry) et Alexa (Mircea Monroe) tentent de le séduire et on sait d’avance qui va gagner. Qui plus est, dès le premier épisode, Buddy jure de ne pas avoir de relations avec des hommes afin de ne pas choquer la communauté. Autant dire qu’on ne s’en va nulle part avec cette intrigue.
Please Like Me : si la technique eût été meilleure…
L’histoire d’un jeune homme qui du jour au lendemain se rend compte qu’il est finalement attiré par ses pairs a quelque chose d’irréel considérant que nous sommes en 2015 dans un pays comme l’Australie où l’homosexualité n’est plus un tabou depuis longtemps. Pourtant, Please Like Me est semi-autobiographique puisque l’acteur principal Josh Thomas est aussi le créateur de la série et il a lui-même avoué : « When we started pitching the show (eight years ago), I was straight. I came out just after the first part of our development,” says Thomas, now 28 ». Pourtant, lorsqu’on entame la fiction qui se veut une comédie dramatique, il est difficile d’y croire puisque l’après-midi après s’être fait larguer, Josh rencontre Geoffrey (Wade Briggs), un collègue de son meilleur ami Tom (Thomas Ward) et ils finissent par dormir ensemble; tout ça en seulement 24 heures! Mais c’est surtout le manque criant de budget de la série qui n’arrange pas les choses, du moins dans les premiers épisodes. Le preneur de son devrait retourner faire ses classes et quant à la mise en scène, elle est réduite au strict minimum si bien que le nombre de figurants par exemple se compte sur les doigts d’une main, qu’ils soient au restaurant ou au bureau de Tom et Geoffrey qui ne consiste qu’en une minuscule pièce sans patrons et pas un seul bruit de fond.
Reste que Please Like Me connaît un joli succès sur ABC2 puisque la troisième saison y sera diffusée sous peu, tandis qu’aux États-Unis, c’est chaîne Pivot qui maintenant coproduit la série. À défaut d’une technique défaillante, ce sont les textes qui retiennent notre attention et la plupart des personnages se révèlent très attachants. On a ici une histoire qui commence avec un rythme inégal, mais qui peu à peu se structure et devient plus intéressante. Faut-il laisser la chance au coureur? Assurément, d’autant plus que la première saison ne compte que six épisodes.
Alors que la télévision canadienne est littéralement envahie par la fiction américaine, il est intéressant que CBC aille chercher du contenu ailleurs et après Banished de la BBC, c’est maintenant un autre pays du Commonwealth, l’Australie, qui accompagnera les dernières fins de semaine d’été avec Love Child et Please Like Me. Les quatre premiers épisodes ont généré entre 119 000 et 143 000 en terme d’auditoires, ce qui est très peu, mais il ne faut pas s’attendre à beaucoup plus en plein été les vendredis soir. Espérons que le diffuseur public misait aussi sur ses données de rattrapage. De son côté, Impastor a rassemblé 610 000 téléspectateurs pour sa première et à la quatrième semaine, il en restait encore 480 000. À titre de comparaison, TV Land a renouvelé Younger lancée plus tôt cette année, mais presque tous les épisodes rassemblaient plus d’un million de téléspectateurs. Dans le cas qui nous intéresse, une seconde saison semble peu probable.