Sentier international des Appalaches : une journée de transition puis à l'assaut de la réserve faunique de Matane!

Après une journée presque de repos, où je n'ai marché que 20 faciles kilomètres au bord du lac de Matapédia depuis le camping d'Amqui (ou j'avais passé une très mauvaise nuit: la veille, je n'avais plus grand chose à manger en arrivant là, vraiment fatigue après plus de 55 kilomètres de marche. Or, aucun restaurant à moins de trois kilomètres. N'ayant pas le courage d'y aller, j'avise un marchand de poisson installé en bord de route, à 500 m du camps environ. Il lui reste des harengs salés, que je dévore avant de compléter cet étrange dîner par une glace imposante de crème en tous genres vendues au bar laitier, qui a grand succès mais est une parjure à la diététique. J'ai mal au ventre et surtout terriblement soif toute la nuit! ) avant de revenir vers le centre de la ville et de prendre un hôtel ou je peux m'offrir ma première douche et ma première nuit dans un vrai lit depuis mon départ de Paris (quel bonheur), avoir le plaisir de donner des nouvelles et même de téléphoner via la magie wifi à ma jolie bretonne, je suis reparti un peu requinqué aujourd'hui de la réserve faunique de Matane.
Éric, qui est venu me chercher à Amqui comme nous l'avions finalement décidé, m'y a déposé. En raison des possibilités logistiques et du temps dont je dispose, je ne pourrai donc pas accomplir à pied l'ensemble du secteur de la réserve faunique. J'ai acheté cinq jours environ de nourriture, qui vont me servir pour cette journée dans Matane et pour la traversée du parc national de Gaspésie qui va suivre. C'est déjà très lourd à trimballer sur le dos et je sais que les prochains jours vont être durs.
Néanmoins, lorsque je repars, même si je trouve tout de suite de fortes pentes et des terrains très humides, je suis rassuré sur l'État du sentier ; il est bien mieux tracé que sur mes premiers jours dans la vallée, donc même si la progression reste technique et donc plutôt lente, rien d'aussi déstabilisant.
Le parcours s'élève vite vers de beaux sommets qui me permettent de découvrir des points de vues plus étendus : le plus impressionnant reste l'absence de villes ou villages visibles tout à la ronde d'un côté des crêtes, alors que de l'autre je peux apercevoir quelques localités sur le Saint Laurent, que je distingue au loin.
Les points les plus hauts sont dénudés, et pour la première fois ici j'évolue un instant dans un univers minéral, où de gros pierriers occupent le sentier.
Un peu plus loin, alors que j'ai tout de même bien forcé le pas pour ne pas arriver trop tard au refuge, je rencontre le panneau annonçant l'entrée dans le parc national. Je vais maintenant le traverser pendant les quatre prochains jours, avant de retrouver le bord de mer et sans doute un terrain plus facile (et davantage de confort aussi) pour la fin de mon périple.
Pour l'heure, le sentier se fait très large, et mène jusqu'au sommet du Mont Logan, un des "classiques" de la région. La vue y est belle et un kilomètres plus loin je trouve le refuge de la Nictale , à côté de celui de la chouette (tous les refuges ici portent de doux noms d'oiseaux), où je vais passer la nuit. C'est beaucoup plus confortable que mes précédents refuges, avec un vrai matelas.
Il y a du monde: un jeune couple de québécois et deux américaines, toutes jeunes également, qui entreprennent de débuter ici leurs randonnées dans le parc. Ainsi, si le terrain promet d'être rude, et le décor encore sauvage et isolé, l'endroit est tout de même beaucoup plus touristique et prévu pour les randonneurs que la vallée. Je pense donc vivre de bons moments de grande balade solitaire à travers les Appalaches canadiennes ces jours prochains.