L'appel de Julian Assange, lanceur d'alerte fondateur de WikiLeaks est une réponse à la " menace " que constitue le TTIP ou TAFTA pour l'avenir de la démocratie européenne :
" CERTAINS INTÉRÊTS EN PROFITENT ALLÈGREMENT, COMME ON A PU LE VOIR LORS DU SIÈGE FINANCIER CONTRE LE PEUPLE GREC. LE TTIP A UN IMPACT SUR LA VIE DE TOUS LES EUROPÉENS, ET DESSINE UNE EUROPE S'ENGAGEANT DANS UN CONFLIT DE LONG TERME AVEC L'ASIE "
Assange dénonce également l'opacité autour de cet accord de libre-échange, alors même que les Européens sont directement impactés par ce traité commercial :
" MAIS POUR LES EUROPÉENS LA MAJORITÉ DE CES ACCORDS DEMEURENT SECRETS. LE TTIP, ACTUELLEMENT EN NÉGOCIATIONS ENTRE LES ETATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNE RESTE RELIGIEUSEMENT GARDÉ PAR LES NÉGOCIATEURS ET LES MULTINATIONALES QUI, ELLES-SEULES, ONT LE PRIVILÈGE D'AVOIR ACCÈS AU TEXTE. LE PUBLIC, LUI, NE PEUT PAS LE LIRE ".
Son appel avec offre de récompense pour le secret le mieux gardé du monde est tout naturel et répond à des exigences légitimes de clarté pour mieux préserver nos démocraties. Cet appel aux dons pour constituer une cagnotte de 100.000 euros pour le " secret le plus recherché du monde ". Une récompense destinée à celui qui acceptera de faire fuiter le texte - tenu secret - du traité de libre-échange transatlantique (TTIP ou " Tafta "), en cours de négociation entre les Etats-Unis et l'Union Européenne depuis 2013.
En France le danger sur cet accord c'est François Hollande qui a appelé à l'accélération des négociations lors d'une conférence de presse avec son homologue américain. " Aller vite n'est pas un problème, c'est une solution. Nous avons tout à gagner à aller vite, sinon nous savons bien qu'il y aura une accumulation de peur, de menaces, de crispations. " des pétitions circulent, l'une au déjà recueilli plus de deux millions de signatures. Au PS même beaucoup sont rongés par le doute et partagés dans leur soutien au gouvernement.
Quels intérêts à signer des accords dont le protocole est secret? Oui quels intérêts à signer ? L'ouverture d'un marché transatlantique est présentée comme une opportunité de relance de la croissance pour les vieilles économies en crise. En réalité, les études sur les impacts d'une telle zone de libre-échange sont plutôt contradictoires. Dans son Docteur TTIP et Mister Tafta, le journaliste du Monde Maxime Vaudano analyse les promesses des partisans de l'accord transatlantique qui évoquent 119 milliards d'euros de croissance supplémentaire et 1,4 million d'emplois en Europe dont 122 000 en France. " La principale critique adressée à ces études est qu'elles se sont concentrées sur les gains potentiels du Tafta/TTIP sur le commerce transatlantique, sans s'intéresser aux impacts négatifs. " Sans présumer des bienfaits ou non de l'accord, l'auteur souligne aussi la déception qui a accompagné la mise en place de l'accord de libre-échange entre les Etats-unis, le Mexique et le Canada, en 1994. " Au lieu de créer des dizaines ou des centaines de milliers d'emplois, il en aurait détruit près de 700 000 aux Etats-Unis, principalement à cause de la concurrence mexicaine. "
Et question environnement qu'en est-il pour notre avenir? Car si le Tafta ne traite pas directement des enjeux environnementaux il pourrait avoir un effet indirect par au moins deux moyens. Premièrement : l'agriculture. Le libre-échange entre les Etats-Unis et l'UE devrait aussi concerner les denrées alimentaires. La France a déjà fait valoir son joker en excluant l'audiovisuel des négociations au nom de l'exception culturelle. Difficile donc d'imaginer sortir l'agriculture des négociations. Or, les cultures intensives américaines coûtent moins cher que les productions bon marché européennes... Deuxième impact possible : le gaz et le pétrole. Les Etats-Unis refusent d'exporter leurs énergies fossiles non raffinées depuis les crises pétrolières des années 1970. Cette décision devait leur permettre d'assurer leur indépendance énergétique, sauf qu'avec le boom du gaz de schiste, ils ne craignent plus les pénuries. De l'autre côté de l'Atlantique, les pays européens aimeraient, eux, réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Si le traité devait aussi inclure l'énergie, il encouragerait alors les Etats-Unis à creuser (et donc polluer plus) au lieu de booster l'essor des énergies renouvelables.
Il faut s'engager dans la clarté et soutenir l'action de WikiLeaks.