Des chercheurs ont repéré sur Mars, à environ 200 km du rover Opportunity, les vestiges d’un ancien lac. Tout indique qu’il s’agit de l’un des derniers à s’être évaporé, il y a 3,6 milliards d’années au maximum.
A ses débuts, la Planète rouge était plutôt bleue, en partie recouverte d’océans et de lacs d’eau liquide.« Voici quelque quatre milliards d’années, la toute jeune planète Mars aurait renfermé suffisamment d’eau liquide pour que l’intégralité de sa surface en soit couverte, sur une hauteur d’environ 140 mètres. Il semble plus probable toutefois qu’elle se soit constituée en un océan couvrant près de la moitié de l’hémisphère nord de la planète. Dans certaines régions, sa profondeur pouvait dépasser 1,6 km. » écrivait l’ESO, en mars 2015, en préambule d’une enquête sur ce sujet qui a duré 6 ans.
Le ralentissement de l’activité du noyau de notre voisine — une petite planète de près de 6.800 km de diamètre —, sa faible gravité, ont progressivement condamné son atmosphère et transformé, en l’espace de quelques dizaines de millions d’années, ce monde en un astre aride et rouge. Une grande partie de son eau qui coulait en surface fut ainsi emportée : environ 6,5 fois les quantités actuelles stockées, selon les estimations.
Vue en perspective du cratère qui accueillait un lac rempli d’une eau dont la salinité était de 8 % celle de nos océans. Les dépôts de chlorure s’étendent sur 29 km². Il était alimenté par des rivières qui descendaient des montagnes qui l’entoure – Crédit : LASP, Brian Hynek
Un ancien lac potentiellement habitable à quelques km d’Opportunity
Une équipe de chercheurs qui a examiné des centaines de sites où des dépôts de sel ont été observés depuis l’espace par les orbiteurs MRO (Mars Reconnaissance Orbiter vient de fêter ses 10 ans) ou Mars Express, estiment avoir trouvé un des derniers lacs qui s’est asséché sur Mars. Après examen des caractéristiques géologiques de cette région et la densité de cratères d’impact, ils ont établi avec haut niveau de confiance que son évaporation ne date pas de plus de 3,6 milliards d’années, ce qui est plutôt tardif au regard des conditions climatiques supposées régner à cette époque (l’Hespérien). Les océans avaient déjà, en partie, disparu.
Ce vestige de lac se situe dans la grande plaine Meridiani (Meridiani Planum), juste en dessous de l’équateur martien, à 200 km seulement « à vol d’oiseau » du cratère Endeavour où se promène actuellement Opportunity. Même si n’est pas l’envie qui manque, cela fait un peu trop loin pour que le rover, qui détient toutefois le record de distance extraterrestre parcourue (42,45 km, le 15 juillet, son 4.079e jour sur Mars !), s’y rende. Mais qui sait ? Vu son exceptionnelle longévité, nous ne sommes pas au bout de nos surprises… Sinon, cela pourrait être l’un de ses successeurs ou une équipée humaine…
Pour Brian Hynek, de l’université du Colorado, qui a cosigné cette étude publiée le 6 août dans la revue Geology, « ce dépôt de chlorure s’est probablement formé à partir d’un processus fluvio-lacustres qui implique un cycle hydrologique actif ». Des rivières et ruisseaux qui ont pris leurs sources « dans les montagnes environnantes », ont sans doute incisé des vallées et permis le remplissage progressif qui a donné naissance à ce lac. D’après leurs recherches, le réservoir a débordé et causé des brèches sur ses bords et donc des inondations importantes dans la plaine.
Ce petit désert de sel ou salar, comparable à ceux que l’on peut arpenter sur Terre, s’étend sur environ 29 km². Connaissant son volume et avec l’aide de modèles numériques, l’équipe a calculé la teneur en sel de cet ancien lac martien. Ils ont trouvé que sa salinité valait vraisemblablement 8 % de celle de nos océans. Dans ces conditions, le milieu apparait plutôt favorable pour le développement d’une vie microbienne.