Depuis quelques jours, j'ai la lettre à la Kommandantur qui me démange. Ou plus précisément à la HALDE, la Haute
autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité. Quel rapport entre le sport et ce porte-étendard du maccarthysme de la bonne conscience ? Un clip. Un clip joli comme un cœur,
diffusé à l'initiative de la Fédération française de football avant les matches des Bleus.
Slogan : "On vit ensemble, on vibre ensemble". Tout un symbole. Illustré avec la légèreté d'une image d'Epinal par un
montage de portraits des ténors du ballon rond alternant avec des visages d'inconnus, censés symboliser la diversité du pays et "l'union sacrée" autour du maillot bleu. Bien. Une maman avec ses
enfants. Des jeunes, des vieux, des quadras. Des Blancs, des Noirs et toutes les nuances de peau entre les deux. Cool, une adaptation du "United Colors of Benetton" à vocation
pédagogique. Il fallait au moins être aussi futé que des pros de la com' et une agence de pub pour y penser…
Sauf que, ce genre d'exercice est particulièrement casse-gueule. Surtout si le clampin à qui on l'inflige, porte autre chose qu'un
œil de daurade frite sur cette leçon de civisme sur canapé. Là, ça devient croquignolet. D'abord, dans cet hommage à nos communautés, pas un Jaune en vue. Nos concitoyens asiatiques auraient-il
le droit de ne s'intéresser qu'à des disciplines ethniquement correctes comme le kung-fu, le mahjong ou les allumettes que l'on fait brûler sous les ongles façon Fu Man Chu ? Ou bien serait-ce
encore un dommage collatéral des chinoiseries ayant perturbé le passage de l'allume-gaz olympique à Paris ?
Mais le meilleur est à venir. "Avec toutes nos différences, nous allons porter et défendre les mêmes couleurs", qu'y
disent. C'est beau. On dirait du Sheila et Ringo. Mais il y a un hic et comac. Blacks, Blancs, Beurs, petits, grands, vieux, jeunes, gros, maigres… ça passe. Mais handicapés ma pauv'dame, vous
n'y pensez pas ! Pas la moindre petite personne en fauteuil, pas le moindre petit plan pour tous ceux, "pas comme les autres" aurait dit Lino Ventura, que l'on oublie volontiers sur le
banc des remplaçants de notre société. Quand on se targue de donner des leçons de morale, ça la fout mal. Au passage, vous savez qui prête sa voix à ce clip destiné à édifier les masses ? Grand
Corps Malade. Cherchez l'erreur…