ROBERT PLANT and THE SENSATIONAL SPACE SHIFTERS - Lokerse Feesten, Lokeren (BEL) - 2015.08.09
9160 ! Non, ce n'est pas le nombre de spectateurs présents hier sur le site du festival, mais bien le code postal de Lokeren, une charmante ville de Flandre Orientale située dans le pays de Waas. Au départ de Bruxelles, quelques gouttes de pluie, aussi isolées que le mot " tolérance " dans la bouche d'un extrémiste, vont nous accompagner le temps d'aller de la salle des guichets à la voie une de la gare de Bruxelles-Central, Brussel-Centraal quand tu lis le verso du panneau suspendu un peu partout à titre d'information. Le mec qui doit prendre le train autre part et qui arrive encore à se gourer, il vaut mieux éviter de voyager en sa compagnie, c'est un con ! Pagnon d'accord mais un con tout de même et ça, c'est grave ! Direction Dendermonde/Termonde en compagnie de Thierry le Wildtiti, à ne pas confondre avec Waïkiki (l'affreuse ligne de fringues dont s'affublaient certains D'jeuns il n'y a pas de cela si longtemps ).
A grand coup de souvenirs, on se repasse en mémoire l'histoire de la musique qu'on aime : le Rock (oui oui 'n' Roll aussi). L'homme en a des bacs entiers (de disques) à raconter. Sa profession de disquaire retraité lui en a fait passer des milliers en mains de ces galettes qu'on appelait vinyles. C'était au Temps où Bruxelles Rock'n' Rollait, souviens toi... " Boulevard Lemonnier on voyait passer les Punkibus, crêtes au vent, badges et lames tant et plus.. " mais si allez, chante çà sur l'air de Jacques Brel. Jacques qui ? Ben oui mec, Brel était un vrai Rocker et pas rien qu'une station de métro pauv' tache ! Vire ton tee-shirt fluo floqué " Ibiza ", enfile un perfecto et viens t'éclater avec nous !
Après un changement de front à Dendermonde/Termonde (bis), opération qui consiste à faire un changement de poste de conduite au conducteur SNCB (qui n'est ni en grève ni en retard) nous repartons en direction de Lokeren que nous atteignons (du verbe " atteindre " et non pas de la ville d'Athènes) à 17h13. Un autochtone accosté par nos soins dans un but uniquement directionnel, nous signale dans un accent qui est le sien (puisque le Plat Pays est le mien) que le site du festival est à 300 mètres rechtdoor tot de lichten en daarnana steek een van de twee bruggen over, dan links en jullie zijn toegekomen (si google est ton ami, demande-lui de traduire mais t'auras pas l'accent). Tonique ? Non, non, merci pas maintenant, plus tard peut-être... Et de fait, nous voici devant les guichets où nous retirons contre identification en bonne et due forme, nos précieux " Backstage Pass ". A l'intérieur ? Il n'y a encore personne si ce ne sont les bénévoles affectés aux tâches rébarbatives qui leur ont été au préalablement dévolues... Qu'est-ce-qu'il dit ? Il dit que pour le moment il n'y a que les gens qui bossent qui sont là.
18.30 ! les portes temporairement dressées à l'usage du flux canalisé de la masse ouïsseuse en devenir s'ouvrent en grand et déversent calmement un ru, une rivière, un fleuve et pour finir, une marée humaine venue quérir céans quelques heures de bonheur auditif. On retrouve des vieux de la vieille avec qui ça Rochefort, heu, pardon, ça Rock fort. Ne cédant à aucune tentation sauf à celle de la chair... d'un hamburger de très bonne facture (3 bonnen aub, btw inbegrepen. Ok ça va je traduis: 3 bons svp, tva incluse) je m'agrippe à mes cocas tout au long de la soirée. Il me faut garder les idées claires pour vous narrer cette dernière étape de 10 jours de musique.
Petit tour par le backstage et rencontre émaillée de quelques civilités d'usage avec Liam " Skyn " Tyson qui a délaissé l'espace d'un soir sa Mersey (non ce n'est pas le prénom de son épouse mais bien celui de la célèbre rivière de Liverpool, fief de notre talentueux guitariste). Petite photo pour immortaliser la chose et " Houdelalie " tel Robin de Loxley , je rejoins mes fidèles compagnons sous le regard concupiscent des spectateurs qui envient les pistonnés émergeant du backstage. Tu as déjà bien fait attention au mot " concupiscent " ? Comme ça il n'a l'air de rien mais décompose le un peu en quatre syllabes bien distinctes et écoute toi le prononcer à haute et intelligible voix... Tu y es ? Ca calme hein ? Ah, tu vois le nombre de choses que je t'apprends, Ô divin lecteur.
C'est malin ! Ce sont les Maliens de SONGHOY BLUES qui ouvrent les festivités de fort belle manière. Le quatuor, peu familiarisé à la langue de Vondel, s'exprime donc en Français sans que cela ne pose le moindre problème. Encore une belle preuve que si on se passait des politiciens, tout irait bien mieux. Pendant une heure, nous aurons droit à la découverte de " Music in Exile " leur premier album. A certains moments c'est très proche de Tinariwen et ce n'est que logique, entre Maliens... Un bon moment pour ouvrir une soirée sous un ciel couvert et qui le restera, sans pluie pour nos chères têtes blondes.
Le temps de changer le matériel et de procéder à un soundcheck un peu longuet peut-être et voilà STEPHEN " RAGGA " MARLEY qui prend possession de la scène. " Greetings at the Nations and at the Emperor Haïlé Sélassié the First, Jah, Rastafari ". Avec l'accent jamaïcain je ne te raconte pas la couleur locale de l'anglais. Le fils du grand Bob , nous envoie le même message que feu son papa. On replonge en plein dans le " Babylon by Bus " de 1978 surtout que l'gamin nous balance un " Kinky Reggae Party " pour démarrer les hostilités. Une rythmique basse/batterie qui groove à mort que ça vous colle aux tripes et toujours ce beat de guitare tellement caractéristique, impossible de rester figé. Remue mon frère, danse ma sœur. Dans les premiers rangs, ça sent bon les moissons, l'herbe fraîche et le chocolat " Made in Jamaïca ". " No Smoke in my Room " avec un titre comme ça, c'est l'hôpital qui se moque de la trousse de secours comme dit souvent un mien parent !
Il y aura encore " Is This Love ", " Could You be Loved ", " Iron Zion Lion " , ou encore " Buffalo Soldier " mais il ne suffit pas de s'appeler Marley pour être Bob. Boire ou conduire, il faut choisir. A certains moments le fiston chante hors tonalité mais on dirait que ça ne le gêne pas, vous non plus ? Alors tant mieux, la paix soit sur toi Brotha'.
Changement de matériel, on s'active là-haut et pendant ce temps nous nous retournons de concert (quoi de plus normal à un festival) pour assister au tirage du feu d'artifice à partir du champ de foire tout proche. Sans vouloir être chauvin (qui se boit plutôt en période d'Avent, après c'est top tard) le feu d'artifesses de notre capitale condruzienne n'a pas à en rougir, ou plutôt à en bleuir puisque la majorité locale est à nouveau Libérale.
Enfin ! Çà y est, 21h20, la sono envoie le traditionnel " Rumble " de Link Wray. La clameur monte de la foule qui refoule, coule, s'écoule, se défoule, déboule, coooool.
ROBERT PLANT and THE SENSATIONAL SPACE SHIFTERS! Et c'est parti au son de " Trampled Underfoot " la version Zeppelinienne du " Terraplane Blues " de Robert Johnson, chanson au message à caractère sexuel à peine voilé je te le rappelle. Le Golden God a le sourire et semble très relax, tant mieux car il va nous sortir encore quelques bonnes vannes " tongue in cheek " dont il a le secret comme on dit en pays Grand-Breton.
On sait l'aversion (remasterisée) que notre natif du Black Country a pour les choses qui tendraient à le pousser à reformer le dirigeable et pourtant, la majorité des titres de son répertoire actuel en sont issus. " Il fait ce qu'il veut, c'est à lui " (aussi)... Tous les titres du Zeppelin de plomb sont revus, réécrits et réadaptés selon les envies de celui qui les a tellement bien interprétés dans leur forme originelle de 1968 à 1980.
Tout ce que le public lui a toujours demandé à notre Robert Anthony Plant c'est de chanter le catalogue de Led Zeppelin tel qu'il existe mais notre homme aime les risques. Au lieu de se contenter de s'en mettre plein les poches, The Man from the Misty Mountains a constamment rejoué et remodelé les pièces, même les plus sacrées, du sacro-saint répertoire pour les réinterprèter à sa sauce, et là je dis " Bravo Mr. Plant, vous êtes un seigneur ", je ne connais que David Bowie et Robert Plant pour être aussi novateurs, aussi avant-gardistes dans l'approche musicale d'un métier qu'ils exercent avec un talent immense. Je ne vais pas vous faire une litanie (Lennox) sur chaque titre interprété hier soir et encore moins une litanie (Cordy) sur la manière dont les musiciens occupent l'espace sonore dans lequel s'inscrit le concert, vous n'aviez qu'à être là après tout. J'ai plutôt envie de vous dire chers lecteurs que j'ai eu un très gros coup de coeur pour " Bron-Yr-Aur Stomp " et son célèbre labrador noir répondant au nom de " Stryder ". Et j'ai adoré " King Snake " que Robert a introduit comme " This is a new song "..
Magnifiques versions bourrées de percussions africaines sur " Rainbow " et que dire du fantastique travail vocal à cinq voix dans le medley " Satan Your Kingdom must come down / In my Time Of Dying ". Parmi les autres titres de Led Zeppelin interprétés en tout ou en partie, il y avait encore " Black Dog ", " Dazed And Confused ", " Whole Lotta Love " et " Rock And Roll " qui terminait cette soirée teintée de couleurs " roots " très prononcées . Comme quoi la musique n'a pas de frontières. Hier il faisait couvert dans le ciel de Lokeren mais tout ce que je peux encore dire c'est que " if the sun refused to shine, I would still be loving you ...I wanna Thank You " Mr. Plant. Il est minuit, on a eu presque nonante minutes de concert et c'était délicieux. Il est temps de regagner Black Rabbit City et ses charmes nocturnes. Alors que je vais franchir les portiques de sortie qui, quelques heures auparavant (chinois) exerçaient la fonction inverse, on me demande tout de go : " Maintenant c'est Arsenal qui joue, tu ne restes pas ? " et moi de répondre " Oh,tu sais moi le foot... "
Mitch " ZoSo " Duterck