Déjà mystérieux à l'ouverture !
" S. " se présente sous la forme d'un coffret noir élégamment scellé. Une fois ouvert le boîtier laisse apparaître un autre ouvrage, " le Bateau de Thésée ", à la facture de vieux livre des années 1940. En le feuilletant, le lecteur découvre qu'il y a été inséré des coupures de presse, des cartes postales ou des plans griffonnés, des tickets, une roue de papier....
Dès les premières pages, il s'avère que le roman aurait été écrit en 1949 par un certain V.M. Straka, mystérieux auteur dont la véritable identité n'a jamais été connue mais qui semble avoir eu un passé assez louche voire même avoir été un espion ou un agent double...
L'ouvrage contient des notes de deux étudiants, griffonnées dans les marges ou entre les lignes : Jen, qui prépare sa licence et Éric, thésard passionné par Straka et viré de la fac après un coup d'éclat pour ne pas parler de vandalisme. Classiquement, Éric a oublié le livre dans une bibliothèque, Jen l'a récupéré par hasard, annoté, et laissé au même endroit : s'ensuit une improbable correspondance qui va s'étaler sur les 400 pages du " Bateau de Thésée ".
Pour le lecteur, l'exercice est peu commun et exigeant : il s'agit de lire en parallèle l'œuvre de Straka, les notes de bas de page de son étrange traducteur, et la conversation épistolaire des deux héros.
Cela devient vite fascinant : le roman - l'histoire d'un homme, S., qui ne sait pas qui il est et vogue sur un bateau fantôme - met mal à l'aise, tandis que la teneur des notes échangées par Jen et Éric se fait plus intime alors qu'ils cherchent à percer l'énigme Straka.
De pages en pages, leurs vies même seront menacées par des tiers...
Ce " S. " se veut à la fois roman à clés, histoire d'amour, thriller, récit fantastique et beau livre.
Un beau jouet pour bibliophile en quête d'originalité!
Un mot sur le " Bateau de Thésée " d'après wikipédia... Le bateau de Thésée est une expérience de pensée utilisée en philosophie depuis l'Antiquité et repris dans la doctrine de Leibniz touchant au problème de l'identité et de la persistance à travers le temps, du Même et de l'Autre. On parle de la parabole du bateau de Thésée. D'après la légende grecque, rapportée par Plutarque, Thésée serait parti d'Athènes combattre le Minotaure. À son retour, vainqueur, son bateau fut préservé par les Athéniens : ils retiraient les planches usées et les remplaçaient - de sorte que le bateau resplendissait encore des siècles plus tard. Alors, deux points de vue s'opposèrent : les uns disaient que ce bateau était le même, les autres que l'entretien en avait fait un tout autre bateau. Le problème est de savoir si le changement de matière implique un changement d'identité, ou si l'identité serait conservée par la forme, ou encore d'une autre façon ? Si on avait gardé les planches du bateau et qu'avec, on en avait reconstruit un autre, lequel serait le vrai bateau ? Pour les uns, le bateau de Thésée n'aurait pu rester identique à lui-même que s'il était resté à quai, constamment entretenu, et dans ce cas, même si aucune pièce d'origine ne subsistait du bateau d'origine, c'est bien ce bateau-là qui aurait été le témoin de l'aventure de Thésée.