Dans le domaine des nouvelles technologies, on observe qu'entre des technophiles trendsetters early adopters ultra connectés et une personne qui attend encore que l'ADSL atteigne sa région il y bien plus qu'une fracture numérique. Ce n'est pas tellement lié au fait que certains voudraient à tout prix avoir le dernier iPhone, le nouvel Eee PC et d'autres qui auraient envie de rester figé à l'âge du minitel et du Beebop. En réalité, alors que les constructeurs s'évertuent à valoriser le bénéfice client, le discours n'entre pas en résonance du côté des publics les moins technophiles. Certains pourront penser "Mais pourquoi refusent-ils le progrès ?", la vérité est que derrière chaque rupture technologique, et au-delà des bénéfices avancés, les consommateurs se posent une autre question : quel est le prix de cette rupture technologique ?
En lisant GQ, magazine dans lequel je ne pensais honnêtement pas trouver ce type de papier, Raphaël Suire (Maitre de conférence en économie à Paris 1) évoque la théorie du "Switching cost" qu'il définit comme "ce que le consommateur est prêt à endurer pour changer de technologie". Je crois que cette notion est fondamentale dans une perspective de communication. Si l'adoption d'un changement constitue une prise risque pour le consommateur, l'assommer de promesses et de bénéfices client le rassure t’il ? D'ailleurs, on observe que ce risque peut être essentiellement psychologique. Pour s'en convaincre, il suffit de voir les efforts déployés par les constructeurs de consoles Sony et Microsoft et l'importance de la restro-compatibilité... alors que très peu de gamers ressortent des placards leurs vieux jeux.
Finalement c'est un peu comme reveiller le Luddite qui sommeil en chacun de nous : pourquoi changer si ce n'est pas obligatoire ? Quel intérêt ? Ce n'est qu'une fois désamorcée la source d'anxiété que le consommateur se sentira réellement en position d'arbitrer, et de savoir s'il est réellement utile d'engager ses deniers dans le nouveau gadget High Tech.