Lecture d’été aux notes suaves : redécouvrir le dernier roman du véritable « Sugar Daddy » de Lolita.

Alizée dans sa tenue de Lolita , 2001

Lolita Lolita…De Gainsbourg, avec Mélody Nelson, à Mylène Farmer avec Alizée, Lolita est devenue un mythe, un fantasme du XX ieme siècle qui ne capitule pas à l’entrée dans le XX ieme. La culture pop s’en empare et en fait un étendard. Nymphette pop, plus classique, ou légèrement trash : le rêve de la Lolita a été accaparée de toutes parts. Si bien qu’on ne sait plus d’où il vient… C’est sous la plume de Nabokov que la jeune fille est née dans les années 50, que les sous-entendus sur l’attirance d’un homme plus âgé vers une jeune fille ont fait jour : trouble, fantasme, jeu sur les limites. Le roman qui a dérangé et marqué…

Nabokov aura écrit à peine 20 romans.

En 1977, sur son lit de mort, il demande à sa famille de détruire son dernier roman, qu’il n’a pas eu le temps d’achever, baptisé « L’original de Laura ». Publié en 2010, le roman est plus connu pour la polémique et les problèmes déontologiques qu’il génère, que pour son contenu.

Il reste encore du temps avant la rentrée. Avoir lu l’inédit de Nabokov : belle occasion de pavaner !

L’original de Laura, a été commencé par Nabokov dans une clinique suisse, deux ans avant sa mort. L’auteur, est caractérisé par un sens aigu de la rigueur, une exigence sans limite, une recherche de la perfection : alors s’il exige l’éradication de ce manuscrit, c’est qu’il existe sans doute des raisons. D’emblée le fait que ce roman soit inachevé, signifie bien qu’il n’était pas destiné au grand public ?

Affaire de gros sous, trahison de la famille ? Peu importe.

Il ne faut pas prendre ce livre comme un roman, mais comme un précieux cadeau, enfermé dans un écrin ; une découverte du travail d’écriture de l’auteur, une plongée dans les coulisses. Le manuscrit original est composé de fiches bristols, encore raturées, qui sont présentes en face de chaque pages imprimées dans l’édition Gallimard du livre.

En plus d’être le miroir de l’esprit de Nabokov, c’est le miroir de ses démons -démons dont il est lui-même l’initiateur. Il s’agit ici de Laura , même ne serait-ce pas encore Lolita. Le livre relève d’un construction narrative complexe, comme un jeu d’échec : une structure que Nabokov appréciait. Dans l’idée, c’est une histoire de double, une histoire de Dr Jekill et Mr Hyde : Laura et Flora. Flora étant la véritable protagoniste, et Laura son double romanesque. Des enchevêtrements romanesques où Laura et Flora rêvent l’une de l’autre, si bien qu’on ne sait plus qui rêve de qui, et où commence le réel, ou plutôt où s’arrête la fiction – mais n’est-ce pas la même question. Une structure narrative riche, qui permet une réflexion sur les limites entre réalités et fictions : une question prolifique qui inspire nombre d’auteur et de cinéastes, comme Lynch pour ne citer que lui.

Roman qui permet de découvrir une autre facette du mythe Lolita : Flora, 24 ans aurait été draguée par son beau -père, Hubert.H Hubert – non je n’oublie pas le M, la référence à Lolita n’est même pas voilée. Roman qui rend hommage à son obsession, une obsession brûlante : Lolita a failli finir dans les flammes. C’est Véra la femme de l’auteur qui protégea le roman.

Affiche du film Lolita réalisé par Stanley Kubrick

Un roman à lire comme un témoignage. Révélateur des inspirations, des leitmotivs et de la manière dont Nabokov construisait ses récits .

Dimitri Nabokov, lègue un véritable trésor, qui permet de découvrir une nouvelle facette de Nabokov, plus de 30 ans après sa mort. Le fantôme de l’auteur hante encore et ne cessera.

Lana Del Rey , notre nouvelle Lolita ?