Il est de ces tristes anniversaires.
Il y a 70 ans les USA larguaient la bombe atomique sur Hiroshima (6/08/45) puis Nagasaki (3 jours plus tard), précipitant l’ennemi japonais vers la capitulation au prix de milliers de morts (entre 155 et 246 milliers) et d’innombrables vies mutilées par les radiations.
L’arme la plus monstrueuse jamais réalisée par l’homme pour tuer ses semblables avait été utilisée et l’Histoire compterait désormais avec la menace nucléaire.
La guerre froide ne fut qu’un avatar de cet équilibre de la terreur qu’on retrouve, désormais, dans chaque coin de la planète. Dernièrement, les Iraniens, après de moult tractations, ont renoncé à la Bombe pour bénéficier de la levée d’un embargo et s’ouvrir au marché occidental. Mais les accords restent toujours fragiles. La tentation du nucléaire habite les esprits tant il reste facile de transformer une énergie domestique, source d’électricité, en machine de destruction massive.
Le Japon commémore l’apocalypse et prie pour que l’homme ne fasse plus la guerre et puisse vivre en paix.
Dans la nuit, des lanternes de papier coloré ont flotté sur le fleuve Motoyasu à la mémoire des morts du feu nucléaire… Hiroshima, Nagasaki Soixante-dix ans, aujourd’hui Les flots de mémoire irradiée Sur les rivages du passé.
Le pays du soleil levant Le cœur lourd de cerisiers blancs Tourne ses fleurs d’humanité Vers un ciel de sérénité
L’azur si bleu d’apaisement Sur les pagodes éperdument Ravive un soleil endeuillé En rayons de solennité
L’esprit habite les esprits En chaque prière adoucie De larmes aux sources éternelles En leurs limons sacrificiels
Le champignon hante les vies De ses volutes d’insomnie Panache gris d’apocalypse Vision de l’atomique éclipse
Le deuil aux immuables plaies Des nécropoles irradiées Porte en chagrin l’ombre des vies Hiroshima, Nagasaki…
C’était une lueur soudaine Blanche argentée, terreur humaine Il se revoit, corps en lambeaux Chair dépecée, veines en ruisseaux…
Dans sa mémoire de noirs fantômes Errent dans les brumes de l’atome Flancs éventrés, pas titubant Spectres hagards, cris du néant.
Ils ont broyé l’âme nippone Ils ont osé l’ogre démone Dévorant de sa barbarie Hiroshima, Nagasaki
Mais sur les cendres du chaos Fleurissent aux hymnes des kotos (1) Les haïkus de la sagesse Brodés d’harmonie prophétesse
Plus jamais ce mal absolu Baiser de paix soit bienvenu Pour embrasser les horizons Eblouis de douces raisons
Refoulons l’arme fatidique Nourrie de flèches atomiques Conjurons l’ignoble terreur Par la recherche du bonheur
Hiroshima, Nagasaki Soixante-dix ans, aujourd’hui Mais la bombe éclate en débats Au pays des ayatollahs
Tentation du feu nucléaire Une hibakusha (2) centenaire De ses mains ridées prie longtemps Pour l’éternité du printemps… (1) Instrument de musique à cordes pincées (2) Désigne les survivants des bombardements nucléaires au Japon