Magazine

Max | Quelque chose en nous de Birmingham

Publié le 09 août 2015 par Aragon

técouère.jpgcamille.jpgAmou, mille quatre cent quatre vingt dix-neuf habitants. Le coeur de mon bled c'est pas la place de l'église qui est aussi celle de la mairie. Son coeur pour moi est situé en plein centre de ses arènes paisibles (jamais une goutte de sang animal versée), tout près de la rivière que l'on entend bruisser & glouglouter, tu lèves les yeux au ciel, y'a une clairière céleste ouverte sur la canopée, les platanes semblent s'écarter, c'est là le coeur de mon bled, tu sens que ça palpite, enfin, moi ça me fait cet effet là...

Amou, mon bled, il m'é...m'é...m'é...m'énerve souvent comme dirait Bacri. Il y eut un précédent maire lequel, principal supporter de la glorieuse équipe de basket locale, n'aurait jamais voulu que l'on recrute un joueur noir "qui aurait pu fricoter avec les filles du village", il y a des chasseurs qui passent en bagnole avec leurs clebs dans la remorque, le dimanche matin à 7 heures, et ces cons de chiens de chasse gueulent, leurs oreilles au vent, tout le long de leur passage dans la rue... tremblez renardeaux et chevreuils, les Tartarin à la con arrivent et ça m'é...m'é...m'é...m'énerve... Il y a des festayres qui attendent ça toute l'année... Il y a mon pote Serge (je t'aime Serge), speaker, et son loto de tous les dimanches dans la salle des sports avec son micro honni qui rentre dans mon salon, qui me vrille les oreilles et ses putains de chiffres égrenés, ses blagues à deux balles cot cot cot cot : neuf , qu'exigent de lui son public... cinq cents vieilles et vieux gentils cons entassés dans la salle qui vibrent à l'annoncée du numéro miracle qui sortira et leur fera gagner une corbeille de foie gras et ça m'é...m'é...m'é...m'énerve...

Il y a plein de choses qui m'énervent à la cambrouze, mentalités étriquées et SURTOUT poids, stratification, des habitudes et des traditions et ça c'est terrible car ça se sent dans un village, à Amou, partout ailleurs dans ces beaux villages de doulce France qui puent la naphtaline traditionnelle, celle de l'habitude qu'il ne faut surtout pas déranger.

Miracle hier soir dans mon village. Miracle au coeur aimé de mon village. J'ai entendu un nom qui n'avait jamais été prononcé à voix haute et intelligible à Amou, qui n'avait jamais été balancé au coeur céleste de la canopée chérie de mes platanes tutélaires, j'ai entendu le nom de ROSA PARKS !!! Y'en a eu d'autres, celui du pasteur King, d'autres encore, y'a eu beaucoup de Birmingham (Alabama) à Amou hier soir, yes, quelque chose en nous de Birmingham...

Je vous explique. Festival "Chansons & Mots d'Amou" aux arènes d'Amou : Y'avait Camille en scène hier soir à Amou, extraordinaire Camille, pleine d'électricité, de pêche, d'énergie folle, juste, déroutante, rockiepunchie, Camille emplie de toute l'humanité du monde à commencer par celle de son papa H.Bassam auquel elle rendait hommage avec son frangin Simon et ses potes muzikos... Camille et ses cris d'amour, de rage, d'espoir, Camille et son mouflet accroché à son sein en fin de spectacle, maman Camille, frangine Camille, frangine de toutes les causes justes du monde, Camille Alabama, Camille juste et merveilleuse ambassadrice de son papa décédé y'a 3 ans. Quel merveilleux hommage !!!

Toutes les négritudes, toutes les romitudes, tous les racismes ordinaires basculés cul par dessus tête - expulsés - par la magie de l'art, la grâce de la chanson, toutes les vraies attitudes culbutant enfin les habitudes, étaient présentes à Amou hier soir en ses belles arènes de paix. Un public chaud et fier, gonflé telle une voile en ce vaisseau arènes peinte de vraies valeurs couleurs humaines. Je suis fier, maintenant, de mon village.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte