Parfois on ne demande rien au monde sinon, d'être en mesure de se lever le matin, heureux, et de se recoucher en soirée avec le même sentiment de confort moral qui nous permettra de rêver tranquille.
Claude a une vie normale. Il n'est pas le plus grand catholique, mais jusqu'à tout récemment, il ne s'en faisait pas une misère.
Son fils, Vincent filait l'apparent parfait bonheur. Il avait pour partenaire de vie une adorable jeune femme de 7 ans son aîné, Ariane. Ensemble, Vincent et Ariane avait fait de Claude un grand-père deux fois. Une petite fille de 3 ans et un garçon qui avait eu 1 an il y a tout juste quelques semaines.
Vincent revenait d'Europe où Vincent il avait poursuivi un postdoctorat en France. Toute sa petite unité familiale avait suivi l'aventure avec lui. Le petit dernier avait hérité d'un prénom inspiré de l'Europe: Romain.
La petite famille n'était revenue que depuis le 17 juillet. Ça faisait quoi? même pas deux semaines au Québec.
Claude avait commencé son vendredi comme tous les autres. Avec peut-être déjà la tête au samedi ou au dimanche. À ses jours tranquilles qu'on appelle le weekend et qui nous permettent de reprendre le dessus sur tout le retard qu'on a pris ailleurs. Ces jours qui nous donnent cette denrée rare qu'on appelle le temps.
Claude avait besoin de temps depuis un an. On a beau avoir la couenne dure, il y a quelques fois des tests que la vie nous offre qui sont fort éprouvants.
Claude, dans la seule dernière année, a enterré son père.
Il a aussi enterré sa soeur.
Il a enterré sa mère.
Puis son beau-père.
Apprivoiser l'absence peut être un choc. Claude est en cycle de deuil depuis un an. Pour certaines morts, il avait été préparé. Pour d'autres ce fût une surprise.
Mais ce vendredi là. la surprise allait être d'une taille surdimensionnée. On le violerait des simples plaisirs de la vie.
Lui, sa femme et leur fille.
Vincent était au volant d'un terrible accident de voiture. À bord, toute la famille: Vincent, sa blonde Ariane, leurs deux enfants. Les petit-enfants de Claude, son fils et sa belle-fille.
Ils ont tous péri.
Les heures se sont à nouveau arrêtées.Un camion-citerne, une voiture avec quatre membre d'une même famille, tous effacés de la surface de la terre.
Tous effacés de la vie de Claude.
Tous s'efface dans la vie de Claude.
Il doit réapprendre à dessiner.
On doit le laisser tranquille!
Croyez-vous qu'il ne s'accroche pas à sa femme et à sa fille en ce moment?
Certains sont fragilisés pour moins que ce que vit Claude depuis un an.
Il n'a jamais été un puissant catholique, mais là, il pense qu'il a des comptes à rendre au petit Jésus.
Ils ont besoin de signer un traité de paix.
Claude a droit à la paix.
Sa femme aussi, sa fille aussi.
P'tit Jésus, rappelle les tiens ailleurs!