… La Bastide de Moustiers demeure une expérience unique dans l’univers d’Alain Ducasse …
Nichée dans le vallon au pied du village de Moustiers-Sainte-Marie, à l’abri du bruit, du regard et des passages, la Bastide de Moustiers est peut-être le lieu qui ressemble le plus à Alain Ducasse. Amoureux depuis toujours des paysages de la Provence et surtout de l’arrière-pays, il achète la bastide en 1994, la retape à l’image de son rêve de faire une auberge de charme, typique du pays, où l’on prendra le temps de connaître, se connaître et se reconnaître. Rénovée en 2009, elle est aujourd’hui une maison unique par sa beauté extérieure et intérieure, ses jardins, ses champs, son potager, une fontaine au détour d’une allée, un âne paissant dans le champ du voisin, et le chant des premières cigales. Loin du monde mais si proche de la terre.
L’intérieur est un enchantement. Choix des meubles, des tableaux, de la vaisselle, le coin bibliothèque, les niches et escaliers, tout n’est qu’invention, hommage et délicatesse. Le bon goût à l’état pur. Un raffinement naturel, sans ostentation, sans luxe tapageur qui serait ici hors de propos.
À la Bastide, on prend ses repas à l’intérieur lorsque les frimas arrivent dans les quatre salles à manger en enfilade, chacune au charme particulier et personnalisé mais toujours dans l’esprit de l’ensemble. Aux beaux jours, la terrasse est un lieu d’exception où la nature provençale s’offre aux yeux dans sa beauté paisible, tant au fond du vallon que les collines alentour. Il fait si bon sous la tonnelle, au déjeuner, protégé de la force du soleil, au dîner pour profiter de la douce fraîcheur du soir.
En cuisine, le chef Christophe Martin est originaire des Pays de la Loire mais se retrouve vite au Louis XV à Monaco sous la direction du grand Franck Cerutti. Il épouse alors les saveurs et les senteurs de la Méditerranée et ne les quittera plus. Il part en Toscane diriger les cuisines de l’Andana, autre propriété d’Alain Ducasse, et gagne une étoile au Michelin Italie en 2006. Il arrive à Moustiers en 2012, organise ses contacts avec les producteurs de la région, fromages, agneau, truffes, huile d’olive, etc., et conserve l’étoile Michelin en place depuis 2002. Il propose une carte courte mais remarquable par sa fidélité au pays, deux menus, et quelques plats qui changent tous les jours dont certains reviennent de temps en temps devant le succès obtenu.
Soupe rafraîchie de courgettes de notre jardin, caillé de chèvre (cf. Un Plat pour l’été).
Elle arrive en assiette creuse, d’un vert flamboyant, un vert qui vous entoure dans le paysage et les feuilles des arbres qui viennent presque caresser votre table. Agrémentant la soupe, des fleurs et des petites tranches de courgettes. Textures, saveurs différentes et complémentaires, en variation… Posé délicatement en une tache blanche immaculée, un caillé de chèvre encore du pays puisque c’est l’animal symbolique de ces montagnes douces et de ces vallées enchanteresses. Du moelleux et de la saveur pour rehausser gentiment, la courgette. Quelques herbes parsemées sur le dessus, décor et senteurs du pays, encore et toujours…
Tourte aux oignons, sarriette et fromage frais de Quinson. Un beau plat, à la fois généreux et fin, aux saveurs franches associées dans un bel équilibre.
Pièce de volaille fermière à la cheminée, tomates farcies. Un grand plat généreux, riche, aux tomates farcies magnifiques de goût, mais où la volaille arrive vraiment sous cuite (cuisse au sang), et où le serveur, en ramenant l’assiette, commente avec aigreur notre méconnaissance des « manières actuelles » de manger la volaille. Malvenu, pour le moins, et faux de surcroît.
Agneau de Pascalone au feu de bois. Rusticité et générosité, à nouveau, pour cette belle pièce d’agneau, bien saisi, accompagnée d’haricots cocos en abondance.
Un plateau de fromages superbe et généreux avec un festival de chèvres de la région qu’il ne faut pas rater. Exceptionnel.
En dessert, le Clafoutis aux cerises est un monument. Sans doute, le meilleur qu’il puisse se goûter (cf. rubrique G&Co Aime. Les Clafoutis). Tout est là, la saveur, la texture, la qualité des fruits, le moelleux… Un délice absolu.
La carte des vins, ou plutôt les deux cartes, l’une ciblée sur les vins de la région, l’autre sur les grands vins de toutes les appellations, offrent un choix remarquable, dont un excellent blanc 100% rolle, du Domaine d’Aquino, cuvée Bergerie 2012.
Accueil remarquable de classe et de simplicité sous la direction de Jeremy Barbet. Service attentif mais un peu essoufflé sur la fin.
La Bastide de Moustiers demeure une expérience unique dans l’univers d’Alain Ducasse. De beaux produits, un souci de la perfection dans le détail et dans l’ensemble, des assiettes qui vont de l’excellent (tomates farcies, soupe de courgettes, clafoutis) au parfois un peu bancal (volaille, haricots cocos trop volumineux dans l’assiette), sûrement dû à l’absence du chef ce jour-là, mais où la magie du lieu l’emporte sur l’assiette, et déjeuner en ce lieu qui est l’âme d’Alain Ducasse demeure un moment enchanteur.
D 952, puis route secondaire
04360 Moustiers-Ste-Marie
Tél : 04 92 70 47 47
www.bastide-moustiers.com
Châteaux & Hôtels Collection
Réservation conseillée
Ouvert tous les jours en saison
Fermé mardi et mercredi de mi-octobre à mi-avril
Et du 2 janvier au 27 février
Formule à 38 €
Menu : 48 € (déjeuner en semaine)
Menu Grisolière : 62 € (3 plats + fromages)
Menu de la Bastide : 80 € (4 plats + fromages)
Carte : 80 € environ
11 chambres de 215 € à 800 €
Petit déjeuner : 24 €
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