"Etranger, toi qui foules cette terre, prends garde aux vices immondes des hypocrites infâmes."
Tout commence par le suicide d'une vieille dame. L'affaire pourrait être classée si un signe étrange n'apparaissait pas à ses côtés, signe qui tenderait à prouver que la vieille dame n'était pas seule pour quitter le monde. L'inspecteur en charge de l'enquête fait appel à Adamsberg et son équipe de fins érudits pour déchiffrer le signe en question et valider ses doutes. D'autres meurtres-suicides suivent alors. Adamsberg et ses collègues se trouvent ainsi plongés dans une nouvelle enquête aux ramifications multiples, enquête que l'on pourrait qualifier d'une "pelote d'algues" "c'est une grosse pelote d'algues enchevêtrées. Et sèches. Il n'y a pas de route dans ces trucs-là. Et c'est lui qui l'as fabriqué. Et quand on croit qu'on y trouve un sens, il réembobine la pelote autrement."
Deux pistes distinctes se profilent en effet : la première rejoint l'Islande, pays où la vieille dame a vécu un aventure traumatisante, et l'autre piste les mène en plein Paris, le Paris de la Terreur instaurée par Robespierre, période qu'une étrange association se plaît à faire revivre lors de reconstitutions historiques plus vraies que nature. Adamsberg ne se décidera pas à trancher entre l'une ou l'autre piste, déstabilisant ses collègues par ses va-et-vient incessants :
"0n a laissé tombé l'Islande, rappela Mercadet avec fermeté.
- Totalement, approuva Adamsberg. Justin, faites tout de même vérifier son passeport." p.192
Un appel venu d'ailleurs le mènera jusqu'aux rives islandaises : l'afturganga, sorte de fantôme islandais a fait entendre son appel et Adamsberg a rappliqué parce que "quand un afturganga te convoque, t'as drôlement intérêt à obéir." et"L'afturganga ne convoque jamais en vain. et son offrande conduit toujours sur un chemin." Il faudra nénamoins un ou une colosse humaine pour venir à bout de cet afturganga..
Les inconditionnels de Fred Vargas retrouveront avec plaisir la joyeuse équipe de Adamsberg : Danglard l'hypermnésique érudit, Rétancourt, colosse humain, Veyrenc et sa chevelure atypique, Mercadet qui s'endort soudainement n'importe où, n'importe quand, Vaisenet, Mordent et Noël. Ceux qui ne connaissaient pas cette auteure originale découvriront des personnages cocasses, tels Célestine et son sanglier, des dialogues truculents dignes de Audiard et surtout un univers érudit documenté. Qu'il s'agisse de Robespierre et des séances de l'assemblée nationale ou de l'Islande et ses légendes, l'intrigue se nourrit de la culture et de l'intelligence de l'auteure.
Temps glaciaires, Fred Vargas, Flammarion, mars 2015, 490 p., 19.90 euros