La Forêt Classée et Ranch de Gibier de Nazinga est située au Sud du Burkina Faso, à cheval entre les Provinces de la Sissili et du Nahouri et s'étale sur une superficie de 91300 ha. Elle constitue actuellement une référence en Afrique de l'Ouest et attire des milliers de touristes chaque année. Toutefois en y faisant un tour, le visage qu'il présente est quelque peu inquiétant.
Les animaux sauvages d'une très grande diversité, des paysages pittoresques, bref un endroit où la nature reprend ses droits, tel est le potentiel que présente la forêt classée et ranch de gibier de Nazinga selon son premier responsable, Dieudonné Yaméogo. Il a précisé que du point de vue faunique, les inventaires successifs menés à Nazinga, depuis sa création, attestent d’une certaine diversité spécifique. On dénombre ainsi plusieurs espèces d’animaux sauvage dont le Buffle, l’hippotrague, le Cob de fassa ou Waterbuck , le Céphalophe, l’Ourébi, le Phacochère et l’Eléphant. A cela il faut ajouter, quatre (04) espèces de prédateurs dont l’Hyène, le Serval, le Caracal, 340 espèces d’oiseaux, plusieurs espèces de reptiles dont le Crocodile du Nil et trente deux (32) espèces de poissons. Pour le Pr Adjima Thiombiano de l'Université de Ouagadougou, ce ranch occupe une place stratégique dans la conservation de la biodiversité. "Au niveau de la recherche, c'est un excellent laboratoire à ciel ouvert. le ranch malgré ces ressources très limitées arrive à faire l'inventaire faunique annuellement et c'est à partir de ce ranch que les différents quota d'abatage d'animaux sauvage sont fixés pour les autres aires protégés du Burkina. Il est vrai que cela comporte des limites mais cela montre que le ranch joue un rôle important dans la régulation des différentes espèces animales au Burkina", affirme-t-il. Il ajoute que sur le plan touristique c'est l'une des aires protégées la plus proche de la capitale, ce qui permet à tout citoyen burkinabè de le visiter facilement s'il le veut. Et le Pr Wendengoudi GUENDA de l'Université de Ouagadougou affirme que cette zone écologique permet de séquestrer le carbone et de conserver la faune. il précise également que le ranch permet aux apprenants des différents écoles, instituts et universités de joindre la pratique à la théorie car chaque année des centaines d'étudiants et d'élèves visitent Nazinga avec leurs enseignants.
Toutefois, malgré ce tableau reluisant, le Chef de l'Unité de gestion de la forêt classée et ranch de Gibier de Nazinga, Dieudonné Yaméogo note que la zone rencontre certaines difficultés tels que la dégradation des pistes, des infrastructures hôteliers ainsi que la recrudescence des activités de braconnage.
"Les travaux à effectuer concernent surtout les réceptifs hôteliers, les pistes, les plans d'eau, la logistique etc. chaque année nous tentons de faire quelques petites rénovations mais une rénovation de grande envergure a été faite il y a au moins une décennie. Nous avons en plus un problème de logistique parce que nous n'avons qu'un seul véhicule sans compter l'avancée du front agricole qui entraine une surexploitation des ressources au sein même du ranch.", ajoute-t-il. En outre, il déclare que le personnel forestier mis à la disposition du ranch est très faible en nombre et en qualité, car parmi les quelques agents présent, très peu sont des cadres, donc difficile de faire un travail de conception. Par ailleurs, il souligne que si des dispositions ne sont pas prises pour lutter contre le braconnage, certains animaux risquent de disparaître. C'est le cas des céphalophes, des ourébis et des phacochères.
Pour lui, la solution est que des concertation soient engagées avec l'Office national des aires protégées (OFINAP) pour adopter un plan de réhabilitation du ranch. Il indique que compte tenu des lourdeurs financières, il est difficile de débloquer de l'argent pour régler certaines urgences. Par exemple, cette année jusqu'en mi-juin, l'inventaire n'avait toujours pas eu lieu. " il existe des soucis, car l'inventaire pédestre selon la méthode des lines transects nécessite un bon réseau de pistes alors qu'avec les pluies que nous avons enregistrées, ce réseau n'est plus praticable. En réalité les ressources financières ont été débloquées tardivement sinon, la période propice pour l'inventaire faunique est janvier, février où la distribution de la végétation est homogène et où les pistes sont praticables et les points d'eau connaissent un début d'assèchement alors que nous sommes en juin", déplore-t-il....Lire la suite sur terreinfo.com