Parlons ghetto (je déteste ce mot mais c’est celui qu’on a utilisé pour me parler du « problème »).
Ca étonne souvent les gens, mais tous mes amis ont des troubles psys. Ca s’est fait comme ça, mais ce n’est sans doute pas un hasard.
On m’a accusée un jour de vouloir vivre dans un ghetto parce que je fréquentais un forum sur la schizophrénie. Alors même que j’ai un travail, avec des collègues neurotypiques (NT, en opposition à neuroatypiques, NA) et que je vois ma famille qui est parfaitement NT elle aussi. Je dirais donc plutôt que si ghetto il y a, c’est dans celui des NT que je vis la plupart du temps. Mais comme on le sait tous, les blancs classe moyenne hétérosexuels sont les seuls à vivre entre eux sans qu’on puisse les taxer de ghetto. Ils sont le monde, le seul valable, et celui dans lequel on doit tous avoir envie de vivre, en s’y conformant le plus possible et en ne la ramenant pas sur nos particularités. On devrait avoir envie de vivre dans un monde qui ne veut pas de nous, mais on n’en est pas à un paradoxe près dans le monde merveilleux des NT.
Mais, moi, ce monde, il me fatigue un peu. Je n’ai pas les mêmes préoccupations que les gens qui y vivent, et ça finit par me rendre un peu malheureuse. Ce n’est pas que je voudrais forcément d’un mari une maison des enfants, mais à force d’être au milieu de gens qui ont ça, parlent de ça, ne se préoccupent que de ça, je me sens différente parce que je ne partage pas les mêmes centres d’intérêts. Je me fais un peu l’impression d’être une extraterrestre.
Là, je viens de faire un tour sur un groupe consacré à la schizophrénie, et je soupire devant la présence des parents de schizophrènes. Parce qu’ils sont tellement NT. Leurs petites phrases sur le bonheur, les montagnes à gravir, les fleurs et le soleil, j’ai juste envie de dire « au secours ». C’est tellement éloigné de notre expérience, c’est tellement NT centré, si l’on peut dire. Comme je l’ai déjà dit, la guimauve, ce n’est pas mon truc. C’est pour ça que je n’apprécie que les NT cyniques, sans doute. Les NA, à ce jour, je n’en ai pas rencontrés qui soient attirés par la guimauve, même s’ils existent sans doute, mais disons que statistiquement il y en a moins.
Donc, oui, quand je sors du ghetto NT (qui n’en est pas un bien entendu), quand je peux choisir mon ghetto, je choisis des gens qui me ressemblent, avec qui je peux parler librement et sans paraître bizarre, parce qu’il en va de ma santé mentale. Ce que vous faites tous les jours sans vous en rendre compte, sans même vous poser la question et sans que jamais personne ne vous le fasse remarquer, donc merci de ne pas le reprocher aux autres.
Classé dans:Réflexions personnelles