Le satellite DSCOVR, situé sur le premier point de Lagrange, à 1,6 million de km de la Terre, a réalisé une série de photos de la Lune passant devant notre Planète bleue. Une séquence assez rare et toujours émouvante. Ces images prises en « couleur naturelle », témoignent du grand contraste qui existe entre ces deux mondes liés ensemble gravitationnellement depuis plus environ 4,5 milliards d’années.
C’est une boule d’un bleu outremer émaillée de filaments blancs et quelques taches brunes. Une « bille bleue » (« Blue marble ») effectivement, comme l’avaient surnommé en 1972, les astronautes à bord d’Apollo 17 qui avaient réalisé une photo devenue célèbre et emblématique durant plus de quatre décennies.
Désormais, on va pouvoir compter sur les clichés de DISCOVR (Deep Space Climate Observatory) pour apprécier la face éclairée de notre Planète dans sa globalité. Et cela quasiment au jour le jour, car à partir de septembre, un site dédié rendra accessible à toutes et à tous les images capturées par ce satellite lancé en février 2015. Car oui, toutes celles que nous avons admirées ces dernières années étaient en réalité des mosaïques de photos. Aussi, sourions, car nous sommes tous sur les photos !
Dans le cas de DSCVOR, c’est donc différent. Situé sur le premier point de Lagrange (L1), entre la Terre (à environ 1,6 million de km) et le Soleil (à près de 148 millions de km), ce satellite de la Nasa conçu en partenariat avec la NOAA et l’U.S. Air Force est une sorte de lanceur d’alertes, positionné aux avant-poste de notre petite biosphère pour nous prévenir d’éventuelles vagues menaçantes de vent solaire. En outre, sa mission consiste à collecter des données clés au fil des jours, concernant les aérosols, l’ozone, la végétation, la couverture nuageuse, etc. Notre Monde est loin d’être clos sur lui-même et son équilibre tel que nous le connaissons dépend naturellement d’une multitude de paramètres et intérieurs et extérieurs à prendre en considération pour le comprendre (par exemple, les humeurs de notre Étoile).
Distant de 1,6 million de km de la Terre, le satellite DSCOVR a photographié le transit de la Lune devant notre planète, le 16 juillet 2015. Le contraste entre les deux mondes est saisissant
La Lune n’est pas en reste et justement, le 16 juillet, quelques jours après les premières images de la Terre que le satellite américain nous a adressé, nous la voyons transiter devant le globe terrestre. Du point de vue de DSCOVR, cela n’arrivera que deux fois par an, lorsque le plan de son orbite croisera celui de notre satellite naturel. C’est un point de vue rare et exceptionnel. Il faut en effet remonter à 1959 et à la mission soviétique Luna 3 pour deviser la face cachée de la Lune dans sa totalité. Certes, sa surface fut depuis, photographiée plusieurs fois avec force détails, mais nous ne l’avons pas vu ainsi depuis longtemps. Cela étant, on a pu l’admirer gibbeuse en compagnie de notre Planète, en arrière-plan, sur une image de la sonde chinoise Chang’e 5 T1, fin 2014 et on se souviendra qu’en mai 2008, le vaisseau Deep Impact s’était lui aussi fendu d’une série de clichés comparables, mais beaucoup plus flous, car réalisés à quelque 50 millions de km de la Terre (à revoir ici).
« Il est surprenant de voir combien la Terre est plus brillante que la Lune » a déclaré Adam Szabo, chercheur de la mission au Goddard Space Flight Center de la Nasa. « Notre Planète est véritablement un objet plus brillant dans l’espace sombre en comparaison avec la surfacelunaire ».
Sur ces images en « couleur naturelle » prises successivement par la caméra Epic (Earth Polychromatic Imaging Camera) de 4 millions de pixels, à travers trois filtres (rouge, vert, bleu), on peut distinguer plusieurs régions terrestres : notamment, au début de la séquence, le Groenland et les territoires qui entourent le pôle Nord, presque toute la moitié ouest du continent américain et l’immense océan Pacifique, sur lequel le Soleil se réfléchit (au centre). À la fin, l’Australie fait son apparition.
En ce qui concerne la Lune, dont la rotation est synchronisée, on reconnait sur cet hémisphère qui affiche si peu de mers caractéristiques de la face que nous avons coutume de voir, la mer de Moscovie (Mare Moscoviense), principale tache sombre circulaire en haut à gauche, et le cratère Tsiolkovskiy.
Ces images prises avec 30 secondes d’intervalle ont créé un artefact visible sur la frange orientale du globe lunaire, un arc verdâtre est apparu en combinant les clichés rouge, bleu et vert, pris séparément, de l’astre en mouvement.