Le patrimoine architectural allemand est extrêmement important. On dénombre ainsi près de trente lieux d'Allemagne classés par l'UNESCO patrimoine culturel mondial. L'Allemagne a été pénétrée au cours de son histoire par différentes formes d'art adaptées aux goûts régionaux.
Chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle
Dès l'époque carolingienne, sous l'impulsion de l'empereur et des prélats, l'Allemagne se dote de nombreux édifices religieux dont cependant bien peu subsistent. On peut toutefois citer la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle dont le plan centré est hérité de l'Antiquité. Son plan rappelle celui de Saint-Vital à Ravenne ou des églises d'Orient. L'autre innovation spécifique de la période carolingienne est le massif occidental ou un corps de bâtiment quasi-autonome par rapport à la nef et situé à l'ouest de l'église. Il est constitué d'une tour massive à plusieurs étages, souvent encadrée de deux tourelles d'escalier. Le rez-de-chaussée comprend un porche d'entrée voûté abritant des reliques. Le premier étage, qui fait office de chapelle, constitue une tribune ouverte sur la nef par des baies. L'exemple le plus célèbre est l'abbatiale de Corvey. Le dernier joyau de l'architecture carolingienne est l'abbatiale de Fulda qui a presque les dimensions d'une cathédrale gothique.
La restauration de l'autorité impériale au Xe siècle s'accompagne d'un renouveau de l'architecture religieuse. De vastes églises à charpentes en bois aux proportions harmonieuses sont construites, ainsi que Saint Michel d'Hildesheim et Saint-Cyriaque de Gernrode.
À partir du XIe siècle, le style roman rhénan se développe. Il se caractérise par l'existence de trois absides formant un trèfle comme dans l'église Sainte-Marie du Capitole à Cologne. C'est à cette époque que sont construites les cathédrales de Spire et de Saint-Martin de Mayence. Peu à peu, l'architecture des églises est influencée par le gothique : la cathédrale de Naumburg, les églises de Limbourg, d'Andernach, tout en conservant leur apparence romane, possèdent ainsi une structure plus proche du gothique.
Eglise Sainte-Marie du Capitole, Cologne
L'art gothique ne se répand véritablement en Allemagne qu'au milieu du XIIIe siècle. Erwin von Steinbach est le premier maître d'œuvre de la cathédrale de Strasbourg, alors partie intégrante du Saint-Empire romain germanique. La cathédrale de Cologne est un des chefs-d'œuvre du gothique allemand avec ses deux hautes nefs et ses deux tours de façade à la mode française. L'originalité allemande apparaît dans l'utilisation de la brique, principalement au nord du pays (Église Sainte-Marie de Lübeck, cathédrale de Schwerin). L'adoption des églises-halles ( Hallenkirche), inspirées de l'architecture cistercienne, est une autre caractéristique du gothique allemand. Les nefs latérales sont élevées au même niveau que la nef centrale et ne sont séparées de celle-là que par des piliers comme à Sainte-Élisabeth de Marbourg. Entre les XIVe et XVIe siècles, le gothique tardif domine avec l'érection de léglise Sainte-Anne d'Annaberg-Buchholz, bel exemple de gothique flamboyant de Saxe, et de la cathédrale d'Ulm. Dans la bourgeoisie, on construit des maisons à pignon (Ratisbonne), à colombage (Goslar) ou agrémentées de tours à la mode italienne.
À partir de 1750, les fouilles de Pompéi remettent à l'honneur l'art gréco-romain. Le siècle voit l'avènement de l'architecture néoclassique. Ce style architectural, dont le principal théoricien est Winckelmann prône un retour aux lignes architecturales grecques classiques en réaction au style plus chargé du baroque et du rococo. Leo von Klenze dessine les plans de la glyptothèque de Munich tandis que Carl Gotthard Langhans érige la porte de Brandebourg à Berlin. L'art français est à la mode et de nombreux architectes français sont employés par les princes allemands.
Au début du XXe siècle, 12 industriels et une douzaine d'artistes dont Peter Behrens, Richard Riemerschmid, Henry van de Velde groupés autour des théories de Hermann Muthesius fondent le Deutscher Werkbund. La notion d'esthétique industrielle est mise en avant comme le montrent les objectifs et la philosophie du mouvement : " Choisir les meilleurs représentants des arts, de l'industrie, des métiers et du commerce ; coordonner tous les efforts vers la réalisation de la qualité dans la production industrielle, créer un centre de ralliement pour tous ceux qui ont la capacité et la volonté de faire des produits de qualité [...]. Il n'y a pas de frontière fixe entre l'outil et la machine. Des œuvres de qualité peuvent être créées indifféremment à l'aide d'outils et de machines dès l'instant que l'homme se rend maître de la machine et en fait un outil. "
Worpsweder Käseglocke
Après 1945, l'urgence est de reconstruire une Allemagne dévastée par la guerre. Il s'agit d'offrir rapidement de nouveaux logements : la fonctionnalité, les critères économiques sont privilégiés aux dépens de la qualité de l'habitat. Cette triste architecture est encore très présente sur le territoire allemand. Alexander Mitscherlich parle d'"environnement inhospitalier" pour cette architecture anonyme. Ce n'est que vers le milieu des années 1970 qu'un renouveau s'opère et que la priorité est donnée à une architecture plus humaine.
Loin des réalisations prestigieuses, l'Allemagne est aussi à la pointe de la construction écologique (énergie solaire, matériaux non polluants comme le bois, économie d énergie...). Dans ce domaine, l'architecte Frei Otto est réputé pour ses constructions de toits suspendus souples. Le génie civil allemand est actuellement leader dans ce domaine porteur. Il existe aussi en Allemagne des exemples d'architecture moderne et novatrice néanmoins conçue pour répondre aux besoins de l'homme.