Le 6 août 1945 était un matin d'été splendide. Une aube magnifique avec un ciel très pourpre.
Ils seraient 3 avions. Insonores. Sunao les verraient tous les trois. Celui du milieu, Enola Gay, contenait Little Boy. Il échapperait quelque chose.
Nous sommes à Hiroshima.
La suite est atroce.
Sunao a 20 ans. Il marchait en direction de son université. Il sera aveuglé par une lueur et soufflé par un vent qui le soufflera 10 mètres plus loin. Dénudé de ses vêtements. Après quelques minutes pour se recomposer et tenter de comprendre ce qui lui arrive, il sent une souffrante douleur dans son dos. Il est si brûlé dans le dos qu'il ne semble plus avoir de peau. En effet, une de ses fesses restera un os le restant de ses jours. dénudée de peau.
En courant vers le fleuve Ota afin de soulager ses douleurs. Sunao doit rebrousser chemin car il s'y trouve tant de cadavres qu'y plonger serait comme plonger dans la mort.
Mais un camion passe tout près et Sunao est sauvé parce qu'il est mâle et a 20 ans. On sauve d'abord ceux qui peuvent (re)devenir soldat et venger l'affront. Les plus amochés sont laissés pour morts, même si ils/elles ne le sont pas toutes. Les ainés, les femmes, sont sacrifiés dans les opérations de sauvetage.
Il y a tant surabondance dans les hopîtaux que Sunao passe une semaine couché sur le sol de l'endroit. Il est brûlé sur 90 % de son corps. Sa mère tente de le retrouver et crie son nom. Elle ne le reconnaît pas. Il lève la main pour dire qu'il est bien là, mais n'en a aucun souvenir. Sunao pense à ses gens qu'il croisait et qui lui réclamait de l'eau. Le lendemain, ils étaient tous morts.
On ne veut pas approcher les gens trop amochés. On a peur qu'ils contaminent les autres "de peu importe ce qui vient de leur tomber sur la tête".
Des camions chargés de gens brûlés arrivent à l'hôpital et son trie les gens comme on sépareraient les bonnes des mauvaises framboises d'un bac récemment acheté.
Un homme brûlé de la tête aux pieds, se resaisit un jour, se lève d'un coup, fait le salut militaire, chante l'hymne national, puis tombe raide mort.
Les japonais sont éduqués pour gagner ou mourir. Ne jamais se rendre. Quand le 15 août, l'empereur annonce la réédition du Japon, c'est l'effondrement moral.
Tous les hibashukas sont tenus à distance. On ne sait rien de ce qui leur arrivera. La plupart meurt dans les premiers jours. La plupart meurt quelques semaines plus tard. Ils sont traités en irradiés.
La plupart, meurt assez vite, tout simplement.
Sunao et son amoureuse choisissent alors de se suicider. Mais le poison utilisé ne fait que les rendre malades. Ils survivent encore.
En 1952, Sunao est toujours vivant et de plus en plus en santé. Les beaux-parents cèdent. Si il est pour vivre, aussi bien laisser les amoureux se donner l'un à l'autre.
Sunao aura dans sa vie deux cancers et 12 opérations. On l'a condamné à mourir sous peu à 30 ans, 38 ans et 43 ans.
Il en a 90 aujourd'hui.
Jour d'infamie au Japon en 1945, il y a 70 ans.
Le 6 août 1945 était un matin d'été splendide.
Un matin Mégantic...