Suite à mon récent blog sur « la radicalisation des péquistes », un internaute m’a fait part de son commentaire. Malheureusement, ce dernier ne tenait pas compte de l’argumentation de mon blog mais plutôt de l’auteur. J’ai remarqué souventes fois dans le passé que c’est souvent le cas dans les échanges politiques avec mes compatriotes. On oublie le message pour s’en prendre au messager.
Le critique rejetait mon argumentation parce qu’elle venait d’un « fédéraliste » il ne discutait pas du fond. Oui, c’est vrai, j’aime le Canada et veut le conserver pour mes descendants. Il me qualifia aussi d’être un des « québécois frileux des années 1970 » qui ont voté NON aux référendums québécois sur la séparation du Québec.
Nous serions « frileux » à cause de la peur que nous aurions de perdre ce que nous avons «acquis compte tenu de l'énergie dépensée à gagner du terrain petit à petit sur la mainmise du Dominion anglais sur cette partie du territoire canadien qui leur rapporte beaucoup depuis cent ans et plus ».
Il est vrai que depuis la bataille sur les plaines d’Abraham à Québec, le 13 septembre 1759, qui marqua le début de la conquête britannique et la fin du régime français en Nouvelle France, un grand chemin a été parcouru pour la reconquête de nos droits et libertés démocratiques. Jamais, ceux qui nous ont précédés, tout comme nous, ont lâché la lutte et le résultat est qu’aujourd’hui, nous sommes, au Canada, un peuple français, fier, solide, et qui prend de plus en plus sa place, dans tous les domaines, dans toutes les provinces particulièrement au Québec et ce n’est pas fini. C’est irréversible.
Des centaines, sinon des milliers, de jeunes comme moi, issus des années ’30, ont fait eux aussi leur part dans cette progression du bienêtre et du pouvoir des Canadiens français. J’ai toujours collaboré avec mes compatriotes pour faire avancer la cause. J’ai eu la chance d’être éduqué par de bons professeurs des communautés religieuses des Frères du Sacré-Cœur et des Frères des Écoles chrétiennes, deux communautés dédiées à l’enseignement et à la formation de jeunes québécois. Ils nous ont bien enseigné l’histoire du Canada et nous avons appris les difficultés auxquelles les francophones ont dû faire face tout au long de leur histoire depuis la conquête pour défendre leur langue et leur religion et démontrer leur détermination pour assurer le développement futur de notre nation. Nous devenions motivés pour faire de même. Et, c’était comme ça partout où les Canadiens-français vivaient, que ce soit au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan au Yukon et ici et là dans les autres provinces.
J’étais déterminé à faire ma part et je suis devenu membre de l’ordre secret de Jacques Cartier (OJC), souvent appelé « la patente ». Il était voué à la défense de la nation canadienne-françaisepartout au Canada et à l’avancement de ses intérêts par l’entremise d’une élite militante qui infiltrait autant l'administration gouvernementale que les entreprises privées.
Au Québec, l'un des objectifs des membres de l'OJC était également de lutter contre l'influence des loges maçonniques et des orangistes qui moussaient leurs candidats et leurs idées pour la gouverne de la province et le contrôle des affaires.
Parmi les résultats de l’OJC, il y eut : la première élection d’un gouvernement francophone au Nouveau-Brunswick, la nomination d’un très grand nombre de haut-fonctionnaires francophones à Ottawa, la fondation des clubs Richelieu, le bilinguisme sur la monnaie canadienne et les formulaires d’assurance-chômage, des émissions de radio en Français diffusées à Radio-Canada d’Halifax aux Rocheuses, des services en Français, dans les compagnies d’utilité publique (chez Bell Canada, entre autres), ainsi que de nombreuses nominations d’ecclésiastiques francophones au lieu d’irlandaises qui étaient anglophones dans des écoles et des paroisses à travers le pays, etc…
L’Ordre créa aussi la Ligue d’achat chez nous, qui favorisa l’achat local et permit à de nombreux commerçants de survivre. Elle a été dissoute en 1965 avec la venue de la révolution tranquille et le débat sur la séparation du Québec. Puis, j’ai joint les chevaliers de Colomb et la Société St-Jean Baptiste de Montréal. Partout nous avons combattu pour l’avancement des nôtres.
Par ailleurs, j’ai été président de la Chambre de Commerce des jeunes de Montréal, après y avoir œuvré cinq années durant lesquelles nous avons créé une Université Populaire pour permettre aux jeunes gens de Montréal de rencontrer des personnages importants, de notre société, qui avaient réussi dans leur vie professionnelle ou d’affaires, au rythme de cinq sessions par semaine, afin qu’ils puissent les écouter, réfléchir et apprendre d’eux à se préparer à la vie pour réussir. Nous avons aussi rencontré, entre autres, annuellement les premiers ministres (PM) du Canada et du Québec pour la présentation de mémoires relatifs à l’avancement de Montréal, du Québec ou de notre société. Lors de ma présidence, j’ai eu l’occasion de présenter les mémoires au PM John Diefenbaker sur le sujet du port de Montréal et au PM Maurice Duplessis pour la mise sur pied d’un conseil d’orientation économique au Québec. J’ai été aussi vice-président national du mouvement, ce qui m’a permis de rencontrer des membres Jeune Commerce (Jaycees) de toutes les parties du Canada.
Plus tard, avec des amis, j’ai créai le club Richelieu Lasalle, y œuvrai 3 ans avant de devenir son président. En plus de recevoir des conférenciers importants et aider les colonies de vacances de jeunes, nous avons contribué à la formation des Clubs Richelieu en France. Ce fut un succès, et le président Charles De Gaulle, quelques années plus tard, invita cinq de nos membres à diner à l’Élysée pour souligner le succès de cette entreprise.
J’ai été co-président de Canada 125, pour marquer le 125ièmeanniversaire du Canada. J’ai eu à cette occasion l’opportunité de traverser plusieurs fois le pays et de rencontrer un grand nombre de Canadiens et Canadiennes de toutes origines, particulièrement les francophones. J’ai pu ainsi apprécier et connaître davantage leur mode de vie, leurs espoirs et comprendre encore mieux le formidable pays qu’est le nôtre et l’importance de notre présence dans le pays.
J’ai été témoin de l’importante transformation politique de mon pays. J’ai constaté l’avancement des francophones et toute la place qu’occupe la francophonie aujourd’hui. Cela doit continuer. Et c’est en voyageant partout dans le monde, que j’ai constaté et compris la beauté, la richesse, la grandeur de l’exceptionnel pays qu’est le nôtre et les opportunités qu’il offre.
Malgré tout, aujourd’hui, certains Québécois veulent encore détruire le Canada en séparant le Québec de l’ensemble canadien. En réalité, ils veulent redonner aux Canadiens Anglais tout le pays, sauf le Québec. Ils veulent construire un nouveau pays, le Québec, et établir une frontière près de la ville de Rigaud située à 30 km de Montréal alors qu’elle est actuellement à 5 022 km de la métropole (200 milles à l’ouest de Vancouver dans le Pacifique). Où est l’erreur ?
Et qu’adviendra-t-il du million et plus de francophones qui y vivent et y progressent ? Est-ce que l’on veut qu’ils retrouvent le même sort que le million de francophones qui ont émigré au Nord-Est américain dans la seconde moitié du XIX siècle pour travailler dans les filatures et qui ont été totalement assimilés ? Veut-on le même sort pour les francophones hors-Québec ? Veut-on diminuer ainsi le nombre de parlant français en Amérique ? Pourtant plusieurs sont des membres de nos familles, on les mêmes ancêtres que nous, le même sang, la même origine, la même langue, la même religion. Soudainement, on veut me faire renier mon pays, me faire oublier ses gens qui sont comme moi ? Pour faire quoi ? Pour décider seul de tout ? Mais, c’est une bataille du passé que nous avons déjà gagnée !
On critique le gouvernement d’Ottawa prétextant que les francophones n’ont pas une voix suffisante pour influencer le pays. C’est vrai en partie, mais ce n’est que momentané sous Harper. On semble oublier que les québécois Trudeau, Chrétien, Martin et Mulroney furent tous PM du Canada et qu’avant eux, il y a eu Louis-Saint Laurent et Wilfrid Laurier. Que chacun avait dans son cabinet un grand nombre de ministres influents du Québec. Durant ces années, ce sont les Québécois qui ont le plus influencé la politique canadienne.
Depuis l’élection de Wilfrid Laurier au poste de PM en 1891, le poste de PM du Canada a été occupé durant 48 ans par un anglophone venant,de façon générale d’une province hors-Québec et 58 ans par un francophone originaire du Québec. Et, nonobstant ce clair avantage, il y a des séparatistes qui affirment hautement que les francophones n’ont rien à dire au pays. Ils ont la vue ou la mémoire courte, c’est le moins que l’on puisse dire.
Pour eux, évidemment, tous ces PM issus du Québec furent des traitres à la cause des Québécois et des vendus aux anglophones du Canada. Eh bien, moi, je dis, que ce sont ces Canadiens-français qui ont fait le Canada d’aujourd’hui et ce sera toujours de même. Actuellement, deux des trois partis fédéraux principaux ont à leur tête un Québécois.
Les séparatistes disent que tout doit être décidé au Québec par des Québécois pour les Québécois et se servent de cet argument pour vouloir détruire le Canada. Eh bien, dans le passé, ce qui fut décidé pour le Canada le fut en majeur partie du temps par des Québécois. Et partout dans le monde, on affirme que le Canada est le meilleur pays du monde. Pas mal, pour un certificat d’appréciation de bonne administration pour le travail des nôtres.
Nous, les Québécois ne manifestons pas une prudence excessive dans nos actions et nos décisions. Nous sommes des avant-gardistes réalistes. Nous sommes des combattants pour la bonne cause. Nos ancêtres ont été des passionnés, des hommes et des femmes courageux, qui ont traversé par monts et par vaux ce pays pour le bâtir malgré toutes les tempêtes. Il est à nous. Autant à nous qu’à nos concitoyens anglophones.
Nous ne sommes pas de la race des frileux pour laisser notre pays aux autres.
Claude Dupras