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[Critique] LES 4 FANTASTIQUES

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] LES 4 FANTASTIQUES

Titre original : The Fantastic Four

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Josh Trank
Distribution : Miles Teller, Kate Mara, Michael B. Jordan, Jamie Bell, Toby Kebbell, Reg E. Cathey, Tim Blake Nelson, Han Soto…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Action/Adaptation
Date de sortie : 5 août 2015

Le Pitch :
Petit génie depuis l’enfance, le jeune Reed Richards a percé le secret du voyage trans-dimensionnel. Repéré par un savant notoire dont les travaux sont financés par une branche du gouvernement, il intègre une équipe composée de Susan Storm, la fille du savant en question, de Johnny Storm, son frère, et de Victor Von Doom, un scientifique lui aussi surdoué, au tempérament ombrageux. Lorsque la machine censée ouvrir une porte vers une autre dimension est enfin fabriquée, Reed, Susan, Johnny et Victor décident d’outrepasser leurs droits en l’essayant sur le champs. Ils sont vite rejoints par Ben Grimm, un ami d’enfance de Reed, qui depuis toujours, suit l’avancé des travaux de ce dernier. Ce qu’ils vont découvrir de l’autre côté va dépasser l’entendement et provoquer chez eux de profonds changements. À leur retour, à la suite d’un accident, ils font preuve de capacités étonnantes, avec lesquelles ils devront apprendre à vivre…

La Critique :
Grosses stars de l’univers des comics Marvel, les 4 Fantastiques n’ont pourtant jamais eu la côte au cinéma. On peut même carrément parler de malédiction tant les essais pour mettre en image les aventures de ces super-héros pas comme les autres se soldèrent par des échecs cuisants. Artistiquement parlant et souvent commercialement aussi. Un constat ainsi valable pour la version catastrophiquement kitsch de 1994 et les deux films ridicules de Tim Story qui suivirent…
Relancer la machine imposait donc un vrai défi. Un défi que les studios Marvel n’eurent pas à relever puisque les personnages, à l’instar des X-Men ou de Deadpool, appartiennent toujours à la 20th Century Fox. Loin de l’univers partagé des Avengers et de leurs potes, les « mutants » du catalogue personnel de Stan Lee évoluent dans leur propre monde, en attendant peut-être dans l’avenir, qu’un contrat se signe entre les deux parties comme ce fut récemment le cas avec Spider-Man (qui lui, est hébergé chez Sony). Bref, rien n’était gagné pour les 4 Fantastiques.
Aux commandes, Josh Trank s’est vu confié pour la première fois de sa carrière un gros budget. Et qui dit gros budget, dit grosses responsabilités. Une promotion inhérente au joli succès public et critique de son Chronicle, dans lequel il était déjà question de types « transformés » à la suite d’un événement exceptionnel. Mais si Chronicle jouissait d’une liberté de ton, due au fait qu’il ne s’agissait ni d’une adaptation, ni d’un remake, ce n’est pas le cas des 4 Fantastiques. Pour le coup, c’est à toute une mythologie que Josh Trank s’est heurté, avec pour mission de réhabiliter les héros, pour inaugurer une nouvelle franchise et faire définitivement oublier les ratages du passé.
Confiant, tout comme ses fans, qui croyaient dur comme fer qu’il était l’homme de la situation, Trank se mit au turbin, sans se douter certainement que la production serait à ce point chaotique. Divers problèmes se mirent en travers de sa route pour au final voir émerger des rumeurs quant à la qualité plus que relative du produit fini. Avant même de sortir, Les 4 Fantastiques semblait condamné à se prendre le mur. Comme ses prédécesseurs. Bien sûr, aucune info tangible ne permet d’avancer, à l’heure où ces lignes sont publiées, que le film sera un échec public (mais vu la promo, c’est probable). Une chose est par contre sûre : le reboot de Josh Trank n’a rien d’un ratage intégral et oui, il fait mieux que les précédentes adaptations.

Les-4-Fantastiques-Kate-Mara

Comme c’est souvent le cas, cette nouvelle mouture reprend les choses à zéro et s’intéresse aux origines des Fantastiques. En débutant alors que Reed Richards, le futur homme élastique, n’a qu’une dizaine d’années, le récit annonce la couleur et c’est après un saut dans le temps que nous retrouverons nos héros, juste avant leurs spectaculaires métamorphoses.
Plutôt court (moins d’1h40), le long-métrage est surtout remarquable quand il pose les fondations. Pas vraiment pressé d’en venir à l’affrontement entre les super-héros et leur légendaire némesis, le Docteur Fatalis, Les 4 Fantastiques annonce dès le départ que l’essentiel n’est pas de savoir où tout cela va se terminer, mais plutôt comment les choses vont se mettre en place. Il soigne ses personnages, bien aidé par un casting solide, composé d’acteurs plus habitués aux productions plus confidentielles. Il construit un véritable écrin à leurs motivations et s’efforce de mettre en valeur leurs relations, sans mettre la charrue avant les bœufs. En première ligne, Miles Teller, le prodige de The Spectacular Now et de Whiplash, fait d’emblée oublier la performance pathétique de Ioan Gruffud dans le précédent diptyque. En tablant sur une sensibilité à fleur de peau, il garde à distance le cynisme inhérent à certains personnages de Marvel Studios et parvient à donner corps à un Reed Richards plus humain et plus sympathique. Kate Mara, elle aussi, est parfaite, dans les habits hyper moulants de Susan Storm, alias la Femme Invisible. Son charisme et sa beauté hors-norme font des merveille et confèrent à ses actes une authenticité probante. De son côté, Jamie Bell n’est pas le mieux loti, puisqu’il campe La Chose. L’homme de pierre à la tronche en biais, dont le design a fait débat alors que les premiers visuels furent dévoilés. Cependant, il fait le job. Enfin, Michael B. Jordan, force brute du cinéma indépendant américain, fait de Johnny Storm, la Torche Humaine, autre chose que le simple beauf des autres adaptations. Il reste un peu en retrait mais assure les arrières et peu à peu, prend la place qui lui est due au centre de l’histoire.
Avec un tel quatuor dans son camp, Josh Trank parvient quoi qu’il en soit à faire de son métrage, autre chose qu’une bouffonnerie boursouflée. Et cela même malgré le manque d’équilibre entre la première partie, excellente, et la seconde, plus bâclée, et les évidentes fautes de goûts. La Chose donc, mais aussi Fatalis, dont le look, certes inquiétant, reste un peu bizarre, ainsi que certains effets-spéciaux, dont l’aspect « inachevé » confère à l’ensemble un petit côté kitsch (pas entièrement déplaisant).

Il est évident qu’on parle ici d’une série de comics particulièrement difficile à adapter. De par la nature même de leurs pouvoirs, les 4 Fantastiques appellent une prudence de tous les instants, histoire de ne pas tomber dans le ridicule. Tout spécialement concernant La Chose et l’Homme élastique. À l’inverse d’Iron Man ou de Spider-Man, dont la classe semble innée, rien n’est évident pour la bande à Richards. La route fut longue et laborieuse pour Josh Trank mais à l’arrivée, son film a réussi son pari. Il a lavé l’affront et replacé les héros dans une dynamique plus sérieuse et plus digne. En mettant la sourdine sur l’humour, et bien que les protagonistes soient jeunes, il a imposé une tonalité plus grave, sans trop en faire, notamment dans la violence, aussi surprenante que bien dosée. Autre bon point pour Trank : sa réalisation. Aussi à l’aise dans la dramaturgie vierge d’effets que dans l’action sur fond vert, le cinéaste confirme tout le bien qu’il faut penser de lui depuis Chronicle. Tout particulièrement quand il opte pour une approche proche du cartoon, lors de l’affrontement final.
Les 4 Fantastiques va directement à l’essentiel. Il respecte son sujet et ses petites « originalités ». Il ne cache pas sa condition de luxueuse introduction à un univers plus vaste, mais fait de cet exercice introductif une aventure à part entière. Imparfait, car portant les stigmates d’une production bordélique, notamment visible dans les ellipses impromptues et malvenues, visuellement un peu brouillon, il n’a pas la consistance d’un X-Men ou la grandiloquence d’un Avengers, mais tire partie du caractère atypique de ses personnages et possède une vraie identité. Surtout, il conserve tout du long un capital sympathie non négligeable. Il serait dommage qu’un revers au box office ne permette pas à la Fox de donner suite aux aventures des héros car les bases sont bonnes et les possibilités plutôt grandes. Mais quoi qu’il en soit, en lui-même, ce film est bon. Pas fantastiquement bon, mais pas loin…

@ Gilles Rolland

Les-4-Fantastiques-La-Chose
Crédits photos : 20th Century Fox France


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