Les pourriels comptent maintenant pour moins de la moitié de tous les courriels. Réjouissons-nous pendant que ça passe.
Il y a peut-être une lueur d’espoir pour l’humanité après tout. En effet, pour la première fois depuis septembre 2003, il y a moins de pourriels que de vrais bons courriels qui ont circulé sur Internet.
Pour la première fois depuis septembre 2003, on observe moins de pourriels en circulation sur Internet.
C’est du moins ce qu’affirme le plus récent rapport mensuel sur la sécurité du cyberespace publié par la firme Symantec. Un rapport qui compile des données mesurées en juin dernier par quelque 57,6 millions de «senseurs d’attaques» dans 157 pays et territoires – essentiellement, mais pas exclusivement, des installations des logiciels de sécurité de Symantec elle-même.
Les détails! Les détails!
Selon les calculs de l’entreprise, 49,7% des courriels qui circulaient sur Internet en juin dernier étaient des pourriels, comparativement à 51,5% en mai et 52,1% en avril.
Et il s’agit d’une tendance lourde. À titre de comparaison, le taux de pourriels oscillait autour de 70% en 2013, selon un document publié par Kaspersky, et il pouvait atteindre 99,99745% dans ma propre boîte d’entrée Outlook Express, au début des années 2000, jusqu’à ce que mon fournisseur d’accès Internet de l’époque se décide enfin à investir dans un filtre antipourriel qui avait de l’allure.
Pourquoi votre boîte de courrier indésirable s’ennuie ces jours-ci
Comment expliquer ce déclin du pourriel? Sans doute, justement, par l’efficacité du filtrage en amont. Les entreprises ont depuis longtemps réalisé qu’elles pouvaient économiser beaucoup d’argent en évitant de stocker et de transmettre des données dont personne ne veut.
L’influence de la loi antipourriel en vigueur au Canada depuis juillet 2014 est probablement limitée. Sur 340 000 plaintes enregistrées en un an, seules trois ont entraîné des amendes, qui n’ont même pas toutes été payées.
La lutte contre la cybercriminalité, et notamment les démantèlements de botnets qui vomissent des millions de pourriels par jour à l’insu des propriétaires des ordinateurs contrôlés par les criminels, a sûrement joué un rôle significatif, elle aussi.
Par contre, l’influence des lois antipourriel comme celle qui est entrée en vigueur au Canada le 1er juillet 2014 est probablement limitée. Sur 340 000 plaintes enregistrées par le CRTC en un an, seulement trois (!) ont entraîné des amendes, qui n’ont même pas toutes été payées. Et si l’on ne peut que se réjouir de la baisse de 37% du nombre de courriels non sollicités envoyés à partir d’adresses canadiennes depuis l’adoption de la loi, on peut supposer que son effet s’est surtout fait sentir chez les entreprises légitimes qui exagéraient un peu sur les «offres spéciales» à leurs clients passés, tandis que les vendeurs de v1agr@ contrefait cachés derrière leurs serveurs en Roumanie, eux, se fichent pas mal des lois canadiennes.
Bonne nouvelle… pour ceux qui utilisent encore le courriel
Ceci dit, le cynique en moi refuse de fêter trop fort. En bout de ligne, si les spammeurs abandonnent le courriel, c’est parce que celui-ci est de moins en moins profitable pour eux. Et une des raisons qui réduit la rentabilité du pourriel, c’est que de moins en moins de gens utilisent le courriel comme méthode de communication courante.
À l’Université où j’étudie et où je travaille, il est à peu près impossible de communiquer avec les étudiants de premier cycle par courriel. Ils ne s’en servent pas. Faut leur parler sur Facebook.
Facebook, où l’on retrouve justement de plus en plus de généreux financiers qui peignent nos murs avec des offres de prêts à prix d’ami, «no questions asked», et une horde de brillants astrologues capables de nous guider vers la richesse et le bonheur éternels, garanti où argent pas remis.
Quant aux autres formes d’attaques informatiques, Symantec a détecté pas moins de 57,6 millions de nouvelles variantes de maliciels en juin, contre 44,5 millions en mai et 29,2 millions en avril.
Cette hausse vertigineuse n’a probablement rien d’une coïncidence. Les spammeurs d’hier n’ont pas perdu la guerre; ils ont simplement changé de champ de bataille.