Je lisais l’autre jour un article sur le blog de l’excellent [Shiv Singh]url:http://www.shivsingh.com sur les microformats et la recommandation en ligne. Il y parlait notamment de [blippr.com]url:http://www.blippr.com, un service encore en version beta, réservé aux américains désireux de partager leurs avis sur des produits de consommation classique (cinéma, livres, jeux vidéos…) de manière simple et efficace. i[Straight to the point]i. J’ai été voir.
La recommandation est un vecteur d'influence reconnu sur le marché, ayant pour finalité la consommation d'un produit ou d'un service engagée suite à un avis émis par une personne influente. Avec l'essor d'outils marketing allié au développement de technologies accessibles et simples, cette discipline exprime tout son potentiel.
Les outils 2.0, communautaires et participatifs, permettent désormais à n'importe quel influenceur de communiquer des avis et d'entretenir des rapports personnalisés avec sa communauté en ligne. On parle alors d'indicateurs-clés tels que le potentiel de captation, les leviers d'influence, le maillage de communautés ou encore le pouvoir d'adhésion à un discours. Bref, la recommandation est en plein essor, et son caractère stratégique le rapproche fortement des pratiques d'intelligence économique.
Dès la fin des années 1990 sont nés des sites de recommandation dédiés, tels que Epinions.com aux USA ou encore Ciao.fr ou Kelkoo.fr en France, plus axé sur la comparaison à plat de produits. Puis les grands sites marchands ont pris le pas, tels que Amazon ou eBay, finissant par développer les fonctions sociales de leurs portails, se basant sur le potentiel de recommandation pour développer leur chiffre d'affaires. L'idée est dès lors de se baser sur sa communauté de client afin de noter, qualifier, évaluer les produits proposés par le site ou ses utilisateurs.
Après une période d'éclosion, les professionnels du milieu constatent un essoufflement depuis quelques années. La raison en est l'essence même de la recommandation en ligne : allant de quelques paragraphes jusqu'à plusieurs pages, elles ont tendance à être trop longues (le billet se noyant dans la masse) et trop détaillées, ce qui finit par fatiguer le lecteur qui cherche juste à savoir si cet Ipod Nano est si bien que cela. D'autres acteurs de la vente à distance utilisent également les commentaires sur leurs produits, mais sans fonction sociale attachée, laissant alors leurs produits face à de potentielles attaques informationelles silencieuses, comme cela fut encore révélé il y a quelques mois sur le site de la Fnac. Certaines agences de communication ne se gênant même pas pour offrir à leurs clients des prestations d'Advertposting...
La génération de recommandations sur internet, dont l'efficacité fut parfois remise en cause, se cherche donc un nouveau souffle. Blippr pourrait bien incarner son renouveau, en partant d'une idée simple : créer un réseau d'amis (à la Facebook) autour de la recommandation (à la Epinions) en utilisant des microformats (à la Twitter).
Ainsi, l'internaute se sent à la fois :
- intégré dans la communauté du site, s'étant généralement fait inviter par un ami, suivant ses recommandations, appréciant le système d'échanges d'opinions et participant avec facilité sur le site de Blippr.
- rassuré par les 160 caractères maximum autorisés pour toute appréciation de produit ou services, par le nombre de commentaire publiés par certains de ses amis (car plus le nombre de caractères exigé est faible, plus les utilisateurs sont enclins à participer) et par l'utilisation d'une interface agréable et joyeuse.
- connecté par les nombreuses passerelles entre services de mails en ligne, afin de retrouver automatiquement ses contacts inscrits et connecté également par l'intermédiaire de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Friendfeed et bientôt d'autres) se faisant l'écho des « blips » publiés au fil de l'eau.
Blippr est donc un superbe outil. Il a pourtant des défauts. Le principal étant de ne pas encore être lancé officiellement, même si on ne compte plus le nombre de services 2.0 en beta depuis des années. N'étant pas lancé, il ne jouit pas encore de la masse critique d'utilisateurs lui permettant de faire parler de lui, de générer du cash par l'intermédiaire des accords conclus avec divers sites marchands et de réellement contrôler sa communauté, qui reste aujourd'hui en cours de stabilisation. Les produits sont également encore peu nombreux et les catégories restreintes, mais je comprends leur souhait de capitalisation d'une savoir faire sur un cœur de cible délimité.
Finalement, Blippr me semble être un service innovant dans sa forme, à la croisée des médias sociaux, à suivre de près. Un service qui pourrait même valider définitivement la pertinence des politiques de surveillance (ou d'influence) des participations d'internautes sur les médias sociaux dans l'esprit des médias comme des entreprises soucieuses de piloter la gestion de leur réputation.
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