« Si profond que soit le flot submergeant de la tristesse, la joie trouve toujours un point sec pour se poser, et si elle n’en trouvait pas, elle apprendrait à nager. »
In « Le privilège d’être ta fille » (Débo Souka Diop)
J’ai déjà eu l’occasion de le dire, ici, je n’aime pas les biographies. Trop souvent ce type narratif privilégie le nombrilisme et oublie d’être littérature avant tout. En choisissant, au hasard, "Le privilège d’être ta fille", pour découvrir le catalogue (hors moi, évidemment) des édition-Diffusion Athéna, je suis tombé, non pas sur une autobiographie, mais sur un récit de vie qui m’a transporté.
Voilà cependant une lecture qui n’a pas été évidente, au début. Difficile d’accrocher, aux premières pages, à ce récit de la vie, banale, d’une famille sénégalaise vu au travers du regard de la jeune Débo. Il s’agit là de témoignage d’amour d’une fille pour sa famille, pour son père et surtout pour sa mère courage dont elle raconte l’histoire sur plusieurs années.
Si les débuts de lecture furent laborieux, j’ai toute de même été accroché par ce récit, publié par mon éditeur chouchou des édition-diffusion Athéna. Beaucoup de douceur dans les mots, énormément d’émotion chez la narratrice qui parle de moments simples de la vie : de moments de bonheur et de douleur d’un quotidien d’une banale beauté. Les vies d’Africains ne sont pas que guerres et malheurs ou dictatures, elles sont aussi faites d’épanouissement, d’amitié et de solidarité.
L’écriture de Débo Souka Diop est plutôt académique est manque - à mon goût - de fantaisie mais sa fluidité et l’aisance avec laquelle on suit ses mots sont juste ce qu’il faut pour conduire le récit. Le bémol que j’apporte au style, c’est sur les nombreuses descriptions émaillant les souvenirs de l’auteure qui, selon moi, hachent le rythme de la lecture, et les nombreuses digressions qui peuvent faire perdre le fil de lecture.
"Le privilège d’être ta fille", sous-titré également "Njukel", se révèle tout de même agréable à lire et rend envieux de cette famille qui voit ainsi son histoire gravée, joliment, dans l’histoire. Au-delà d’un cri d’amour pour sa famille, Débo Souka Diop nous livre un témoignage sur une époque, sur une façon de vivre et sur un dévouement aux autres qui semble faire défaut aux générations d’aujourd’hui.
J’ai particulièrement aimé le portrait du Père. Patriarche très présent malgré une cécité précoce et un éloignement géographique d’avec sa famille. Un amour énorme de tous les siens pour ce père et, surtout, l’amour de sa femme qui balaie les images caricaturales de mariage arrangés et des femmes qui subissent la vie maritale en Afrique.
Je prends le risque d’être juge et partie et d’affirmer que les édition-diffusions Athéna ont une longue vie devant elles si elles continuent à faire le choix de la littérature avant tout. "Le privilège d’être ta fille" est un bon moyen de découvrir, de s’émouvoir et d’aimer aimer la famille.
A lire.