De Roger Caillois
éd. Gallimard, 1204 pages
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Gallimard a eu l'audacieuse de regrouper les nombreux textes de Caillois en un volume. On cherchera le point commun entre sa théorie de la fête, la sociologie du bourreau , son texte sur la Mante religieuse ou encore sur les minéraux, et l'on n'en trouvera pas à priori. Et pourtant la première de couverture nous donne un indice en image : « les relations obliques ». Caillois est un touche à tout qui avance en diagonal et tisse fil après fil une réflexion globale sur toutes les lignes de l'humain et du non humain.
Mythe, sacré, sociologie, guerre, jeux, insectes, minéraux, poésie, ce sont autant de domaines qu'il creuse sans s'imposer de limite dans la réflexion. Ses ouvertures ou ses propositions sont autant d'invitations à une réflexion qui met en appétit et qui ouvre à de continuels liens. Car pour le sociologue, la connaissance scientifique « constitue un immense puzzle » et le « génie consiste presque toujours à emprunter ailleurs une méthode éprouvée ». C'est ainsi qu'il s'efforce d'expliquer l'homme à partir des observations de la nature, nous offrant l'exemple d'une curiosité insatiable qui explore le réseau infini du monde vivant. S'il observe la réalité des minéraux, le chercheur pénètre aussi dans l'imaginaire des songes, y exposant des clés parmi lesquelles celle qui consistent à penser que le rêve est plus réel que la vie. Caillois, l'humaniste a ainsi tendance à déranger les règles, les lignes et les normes admises, les centres aussi. L'homme n'est plus au centre de l'univers, le réel n'est plus le support de toutes les vérités, il parvient ainsi à ce que Marguerite Yourcenar rappelle dans le prologue « une mystique de la matière. » L'homme qui aimait les pierres nous offre une vision de la vie, surréelle, minérale, oblique, détonante et qui reste définitivement à découvrir.