Trois questions à Aurélien Masson, le nouveau directeur de la « Série noire »
L’âge d’or de la « Série noire » n’est-il pas derrière elle ? Mes études d’histoire et de sociologie m’ont fait comprendre que « l’âge d’or » revêt souvent moins une réalité objective qu’un sentiment subjectif. Pour certains, ce fameux âge d’or de la collection se situe dans les années 50 avec les livres de Chase, MacDonald, Simonin. Pour d’autres, ce sont les années 60 avec des auteurs comme Westlake ou Thompson. Et que dire des années Soulat avec Daeninckx, Block, Leonard, Benacquista ? Sans oublier l’ère Raynal avec des auteurs comme Dantec ou Izzo… Quelle orientation comptez-vous donner à la « Série » ? Il s’agit d’actualiser et de réaffirmer l’héritage de cette collection mythique. Comparée à des concurrentes, la « Série noire » a une approche large du genre. Elle est comme une photographie de la scène noire et policière en France. Nous y retrouverons donc les quatre sous-genres : le roman d’enquête traditionnel (ou roman de résolution), le roman noir à dimension sociale, le thriller et les romans que nous pourrions qualifier de « caustiques et expérimentaux ». Que signifie roman « caustique et expérimental » ?
Je veux parler des livres qui utilisent les archétypes, les cadres traditionnels du roman noir et policier pour mieux en jouer et les détourner. Les livres d’humour noir aussi, comme la série R & B de Ken Bruen, les livres d’anticipation sociale qui louchent vers la science-fiction tout en gardant une armature noire (Dantec par exemple). Par ce terme, je désigne tous les livres qui appartiennent à la littérature noire et policière mais qui se situent aux marges du genre.