Le Prodige (Pawn sacrifice), film américain réalisé par Edward Zwick, raconte la vie de Bobby Fischer et son ascension jusqu'au Championnat du Monde en 1972. Le titre en anglais "Pawn sacrifice", fait allusion à la 1ère partie et au sacrifice . . . du Fou contre le pion h7 ( . . . 29.Fxh7 ??). Alors que la 3ème partie (tournant du match avec la 1ère victoire de l'américain) ou la 6ème partie (l'américain mène au score pour la 1ère fois) sont les plus commentées, ce film a le mérite de nous replonger dans la guerre psychologique qui débute dès la première ronde. La bande annonce est attrayante. Pour épargner à nos lecteurs le labeur d'avoir à dénombrer les multiples incohérences scénographico-historico-échiquéennes, nous en dressons une petite liste ci-dessous : Affirmation erronée de la bande annonce : "Après 4 coups, il existe 300 milliards de possibilités". Petite exagération. Selon échecs.com qui a fait le calcul (merci), après 4 coups, on atteint à peine 1 milliard de positions possibles. Et si l'on raisonne en mouvements, soit 8 mouvements pour 4 coups, le total est 25,6 milliards. Assez loin des 300 milliards. Cela ne remet pas en cause le caractère exponentiel des possibilités, bien connu des débutants à travers la Légende de Sissa, ou encore le nombre de Shannon. En image, on montre comment Bobby Fischer a interrompu sa 1ère partie avec les noirs (on voit quelques pièces blanches capturées) pour se plaindre du bruit des caméras. La réalité dépasse la fiction. Comme le montrent les images d'archives du documentaire diffusé par Arte "64 cases pour un génie : Bobby Fischer", la 1ère partie commence par une pression psychologique avec. . . une chaise vide ! Boris Spassky en sera quitte pour attendre son adversaire quelques minutes. Ensuite, à peine a-t-il joué son premier coup, Bobby se lève pour se plaindre du bruit des caméras de télévision. Le site Chessbase nous précise que Bobby va créer un vrai psychodrame et quittera la table 35 minutes pendant lesquelles sa pendule tourne. Le 29ème coup des Noirs reste une énigme largement commentée. Dans une position d'égalité parfaite qui mène à la nulle, Bobby Fischer envoie son Fou à l'attaque du pion h7. Une erreur de débutant puisque aussitôt ce dernier est enfermé. On évoque l'inexpugnable envie de vaincre pour justifier ce qu'il convient d'appeler une bourde. Quand on se remémore la guerre psychologique parallèle à celle sur l'échiquier, on comprends aussi que Bobby Fischer est peut-être la victime de ses propres manoeuvres de déstabilisation. Un coup un peu fou qui précède les délires paranoïaques à suivre de notre Champion. Pour le reste, nous avons noté : 01 et 02 un joueur avec les Noirs qui déplace sans raison une pièce des blancs avec en prime des pièces capturées du mauvais côté (pièces capturées blanches du côté du joueur avec les Blancs et vice versa). 03 Un match qui débute avec la pendule réglée sur la demie heure. Au passage, le lecteur attentif et scrupuleux se réjouira de noter - question crédibilité - que la marque de la pendule Gardé est celle d'un fabricant allemand fondé en 1991. Postérieur à 1972, donc. 04 Une partie avec une position perdante pour les Blancs (les Noirs au trait menacent Mat par Dxg7#) et qui s'achève sur une poignée de mains avec le commentaire "il a un énorme talent" . . . parlant du joueur avec les Blancs (Bobby Fischer enfant). Ajoutons que la pendule est à droite du joueur avec les Blancs (au lieu de celui avec les Noirs) sur cet échiquier comme sur tous les échiquiers de la salle. 05 Une salle de tournoi avec 9 échiquiers. La pendule à la droite des blancs pour tous. 06 Bobby Fischer analyse une position en voiture à l'aide de son échiquier portatif mais la fermeture éclair prouve que l'échiquier est à 180°. C'est un peu comme lire son journal à l'envers. 07 Dans le film, Bobby Fischer se lève en pleine partie (pièces capturées à droite) pour protester contre le bruit des caméras et du public. En réalité, Fischer s'est levé après avoir joué le 1er coup. 08 300 milliards de possibilités après 4 coups . . . Allegro ma non troppo. 09 Un échiquier avec les pièces noires capturées dans le camp des Noirs (un classique sur le point de détrôner la fameuse case blanche à droite). 10 . . . et une poignée de main de fin de partie avec l'échiquier mal orienté (case noire à droite). 11 Des échiquiers installés en position de départ avec la pendule à droite des Blancs. 12 Des échiquiers en plein air et en hiver, dont 1 installé en position de départ mais sans le moindre joueur à l'horizon (moment de générosité de la production . . . ou d'impécuniosité avec l'absence des figurants ?). 13 Un public exclusivement masculin en 1972. Environ une moitié de femmes à l'écran dans le film. Lire aussi : Silence, on joue ! . . . aux échecs Le Prodige Sortie le 16 septembre 2015
Le Prodige (Pawn sacrifice), film américain réalisé par Edward Zwick, raconte la vie de Bobby Fischer et son ascension jusqu'au Championnat du Monde en 1972. Le titre en anglais "Pawn sacrifice", fait allusion à la 1ère partie et au sacrifice . . . du Fou contre le pion h7 ( . . . 29.Fxh7 ??). Alors que la 3ème partie (tournant du match avec la 1ère victoire de l'américain) ou la 6ème partie (l'américain mène au score pour la 1ère fois) sont les plus commentées, ce film a le mérite de nous replonger dans la guerre psychologique qui débute dès la première ronde. La bande annonce est attrayante. Pour épargner à nos lecteurs le labeur d'avoir à dénombrer les multiples incohérences scénographico-historico-échiquéennes, nous en dressons une petite liste ci-dessous : Affirmation erronée de la bande annonce : "Après 4 coups, il existe 300 milliards de possibilités". Petite exagération. Selon échecs.com qui a fait le calcul (merci), après 4 coups, on atteint à peine 1 milliard de positions possibles. Et si l'on raisonne en mouvements, soit 8 mouvements pour 4 coups, le total est 25,6 milliards. Assez loin des 300 milliards. Cela ne remet pas en cause le caractère exponentiel des possibilités, bien connu des débutants à travers la Légende de Sissa, ou encore le nombre de Shannon. En image, on montre comment Bobby Fischer a interrompu sa 1ère partie avec les noirs (on voit quelques pièces blanches capturées) pour se plaindre du bruit des caméras. La réalité dépasse la fiction. Comme le montrent les images d'archives du documentaire diffusé par Arte "64 cases pour un génie : Bobby Fischer", la 1ère partie commence par une pression psychologique avec. . . une chaise vide ! Boris Spassky en sera quitte pour attendre son adversaire quelques minutes. Ensuite, à peine a-t-il joué son premier coup, Bobby se lève pour se plaindre du bruit des caméras de télévision. Le site Chessbase nous précise que Bobby va créer un vrai psychodrame et quittera la table 35 minutes pendant lesquelles sa pendule tourne. Le 29ème coup des Noirs reste une énigme largement commentée. Dans une position d'égalité parfaite qui mène à la nulle, Bobby Fischer envoie son Fou à l'attaque du pion h7. Une erreur de débutant puisque aussitôt ce dernier est enfermé. On évoque l'inexpugnable envie de vaincre pour justifier ce qu'il convient d'appeler une bourde. Quand on se remémore la guerre psychologique parallèle à celle sur l'échiquier, on comprends aussi que Bobby Fischer est peut-être la victime de ses propres manoeuvres de déstabilisation. Un coup un peu fou qui précède les délires paranoïaques à suivre de notre Champion. Pour le reste, nous avons noté : 01 et 02 un joueur avec les Noirs qui déplace sans raison une pièce des blancs avec en prime des pièces capturées du mauvais côté (pièces capturées blanches du côté du joueur avec les Blancs et vice versa). 03 Un match qui débute avec la pendule réglée sur la demie heure. Au passage, le lecteur attentif et scrupuleux se réjouira de noter - question crédibilité - que la marque de la pendule Gardé est celle d'un fabricant allemand fondé en 1991. Postérieur à 1972, donc. 04 Une partie avec une position perdante pour les Blancs (les Noirs au trait menacent Mat par Dxg7#) et qui s'achève sur une poignée de mains avec le commentaire "il a un énorme talent" . . . parlant du joueur avec les Blancs (Bobby Fischer enfant). Ajoutons que la pendule est à droite du joueur avec les Blancs (au lieu de celui avec les Noirs) sur cet échiquier comme sur tous les échiquiers de la salle. 05 Une salle de tournoi avec 9 échiquiers. La pendule à la droite des blancs pour tous. 06 Bobby Fischer analyse une position en voiture à l'aide de son échiquier portatif mais la fermeture éclair prouve que l'échiquier est à 180°. C'est un peu comme lire son journal à l'envers. 07 Dans le film, Bobby Fischer se lève en pleine partie (pièces capturées à droite) pour protester contre le bruit des caméras et du public. En réalité, Fischer s'est levé après avoir joué le 1er coup. 08 300 milliards de possibilités après 4 coups . . . Allegro ma non troppo. 09 Un échiquier avec les pièces noires capturées dans le camp des Noirs (un classique sur le point de détrôner la fameuse case blanche à droite). 10 . . . et une poignée de main de fin de partie avec l'échiquier mal orienté (case noire à droite). 11 Des échiquiers installés en position de départ avec la pendule à droite des Blancs. 12 Des échiquiers en plein air et en hiver, dont 1 installé en position de départ mais sans le moindre joueur à l'horizon (moment de générosité de la production . . . ou d'impécuniosité avec l'absence des figurants ?). 13 Un public exclusivement masculin en 1972. Environ une moitié de femmes à l'écran dans le film. Lire aussi : Silence, on joue ! . . . aux échecs Le Prodige Sortie le 16 septembre 2015