Taper ses symptômes sur Google ou mesurer son activité physique est entièrement passé dans les usages selon le rapport d’une entreprise britannique. Mais les questions qui entourent ces pratiques effraient toujours patients et professionnels.
« La nuit dernière, Internet m’a sauvé la vie ». L’intitulé du rapport de l’entreprise de télémédecine britannique PushDoctor donne la couleur. Selon le sondage effectué parmi plus d’un millier de patients et de professionnels de la santé au Royaume-Uni, l’adoption des outils du web et des objets connectés pour l’autodiagnostic est entièrement entré dans les usages : 36 % des Britanniques utilisent les technologies (objets connectés ou ressources web) pour améliorer ou mesurer leur santé. L’entreprise de télémédecine a bien-sûr tout intérêt à souligner ce constat mais le vrai intérêt de son enquête se situe ailleurs.
Car, si les Britanniques aiment entrer leurs symptômes dans la barre de recherche Google ou traquer leur activité physique, ils n’en sont pas moins inquiets quant à la fiabilité de tels outils. 69 % des répondants trouvent ainsi qu’il y a trop d’informations – souvent contradictoires – en ligne pour ce qui est de la santé. Un constat que l’on retrouve dans le dernier rapport annuel sur la santé du cabinet Ipsos.
Parmi la centaine de médecins interrogés en Europe, le phénomène de l’autodiagnostic est envisagé avec méfiance. 66 % craignent que les patients comprennent mal les données disponibles en ligne qu’il s’agisse de Google ou des informations issues des objets connectés de santé. Une large majorité des professionnels de santé (61 %) s’inquiète même de voir ces outils alimenter l’hypocondrie de certains patients. Les outils d’autodiagnostic devraient donc s’accompagner de consultations comme le soulignait une étude de la Harvard Medical School le mois dernier.
Mais une autre préoccupation ressort du rapport : la sécurité des données. Plus de la moitié (53 %) des médecins interrogés par PushDoctor s’en inquiètent. Les professionnels de santé craignent des problèmes liés à la vie privée des patients, avec des données personnels qui fuiteraient par exemple. Une préoccupation que partage également le professeur Axel Kahn : « la possibilité de traiter un nombre quasi-infini d’informations rend sans doute possible l’accès à des informations très confidentielles sur les personnes. Et si l’on se sert de cela – avec ce qu’il y a d’intrusif dans la vie intime – à des fins d’enseignement il y a évidemment un problème. » détaillait récemment le chercheur à L’Atelier.
Encore faut-il que les professionnels de la santé aient une idée précise de leurs attentes en matière de technologies médicales. Selon Ipsos, 73 % ignorent ce qu’ils attendent réellement des solutions numériques liées à la santé même s’ils sont 72 % à les utiliser d’ores et déjà.