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Aux yeux des vivants - 4/10

Par Aelezig

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Un film de Alexandre Bustillo et Julien Maury (2014 - France) avec Théo Fernandez, Zacharie Chasseriaud, Damien Ferdel, Francis Renaud, Anne Marivin, Béatrice Dalle

Scolaire et un peu vide.

L'histoire : Un homme tue sa femme, enceinte au 4e degré, en emmenant le bébé qu'il lui arraché du ventre. Quelques années plus tard, trois jeunes ados pratiquant l'école buissonnière se baladent dans un ancien studio de cinéma désaffecté. Ils y découvrent une femme ensanglantée et ficelée dans le coffre d'une voiture. Terrifiés, ils discutent pour savoir s'ils doivent tenter de lui porter secours eux-mêmes ou aller prévenir la police. Ils décident d'essayer d'en savoir plus et tombent sur un psychopathe, qui a établi son antre là, et vit avec une étrange créature, couverte des pieds à la tête et portant un masque, à laquelle, se voyant découvert, il ordonne de tuer les trois jeunes espions qui s'enfuient en courant...

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Mon avis : Un film d'horreur français, j'étais forcément curieuse de découvrir. En même temps, n'ayant jamais entendu parler ni de l'oeuvre ni de ses auteurs, je craignais le pire. Je ne l'ai pas eu, mais nous avons frôlé la catastrophe. J'étais prête à mettre une meilleure note, parce que je pensais, au vu de la réalisation, qu'il s'agissait d'un film de débutants, auquel cas je pouvais montrer un peu d'indulgence. Mais je découvre ce matin qu'il s'agit d'un troisième film ; alors ça pardonne moins.

Le début, déjà, est un peu raté. La scène d'entrée, qui se veut "explicative" de la psychologie du gros taré, est très confuse ; les réalisateurs multiplient les versions (ou les points de vue ?), au final on ne sait pas vraiment qui est dingue là-dedans, la mère, le père, et qui tente de tuer qui. On comprend mieux une fois que le psychopathe part avec son bébé dans la voiture. Mais... pas vraiment, en fait. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Malheureusement, par la suite, on ne saura plus rien de cette histoire. Pourquoi l'attention du père est-elle soudain éveillée, et fortement ébranlée, par un discours sur la génétique à la télé ? C'était quoi cette silhouette derrière le rideau ? Ce bras nu qui se tend vers le père avant qu'il ne parte ?  Pourquoi, à la fin, dit-il que son "fils" a six ans ? Je déteste les questions sans réponse. Pour que ça me fasse peur, faut qu'on me donne des explications plausibles, des trucs qui "pourraient" arriver... sinon si on ne pige rien, on n'est que spectateur d'hémoglobine et ça ne flanque pas la frousse, puisqu'on n'intellectualise pas la "cause" des agressions. Et ça n'a donc plus rien d'intéressant... Dans les films d'horreur ou d'épouvante, ce qui me passionne, c'est ce qu'il y a dans la tête du tueur.

Bref, passons sur cette introduction. Elle-même fait partie d'un processus très scolaire : scène antérieure à l'histoire proprement dite, destinée à mettre le suspense en place ; déroulement des événements ; épilogue censé donner le reste du trousseau de clés qu'on n'avait pas eues entier au début. Et tout le reste est tout aussi appliqué. On sent le souci de l'esthétique, ça c'est bien et plutôt réussi : belles images, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, plans bien cadrés selon la règle des tiers... mais le problème, c'est qu'on la "voit", la théorie, soigneusement restituée, sans avoir été "digérée" par un vrai travail d'artiste. Idem pour la musique angoissante, la noirceur, et puis pour le dénouement, plan de petites fleurs, petit refrain léger, et grosses larmes au cimetière. Très très cliché.

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Quant à l'histoire... hum... ça aurait pu être sympa, si, comme je le disais, le début avait été mieux développé. On ne pige rien à cette étrange créature, d'où elle sort et pourquoi elle est comme ça ? Manipulation génétique, bébé tordu par l'éducation d'un père psychopathe ? Pourquoi le "monstre" se promène-t-il un coup couvert des pieds à la tête et masqué, et d'autres tout nu ??? A part le gore, que je trouve gratuit dès lors que le scénario est un peu chancelant, il n'y a rien de bien original dans cette affaire.

Bizarre "spin-off" de l'histoire, avec l'un des gamins, qui a visiblement lui-même des pulsions meurtrières, la faute à son père qui le tabasse. Mais on n'en saura pas plus. Inutile, alors. Voire dommageable, car on s'attend à quelque chose, qui ne viendra pas.

Les trois jeunes comédiens ne feront pas carrière, je crois, surtout le petit blond qui joue fort mal. Et puis leurs dialogues sont constitués à 80 % de "putain", "enculé", "les mecs", "ta gueule"... ce qui me choque pour des gosses de douze/treize ans. Je ne suis pas dupe de ce qui se dit lorsque les parents ne sont pas là, mais je ne crois pas que ça soit à ce point-là ! D'ailleurs, les dialogues sonnent complètement faux.

On notera pour le sérieux deux comédiens en vue qui mettent leur talent au service de ces jeunes réalisateurs, et clairement engagés pour donner de la crédibilité à l'ouvrage, Marivin et Renaud. Mais franchement, on a mal pour eux...

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Regardable éventuellement, pour les gros amateurs de films d'horreur, qui privilégient l'hémoglobine à un scénario béton. Et puis, on en a si peu de très bons qu'on a toujours un peu de sympathie pour les réalisateurs qui s'y collent...

Les critiques sont très partagées. Certains encensent le parti pris esthétique et la foi dans ce cinéma de genre, auquel le film rend un visible hommage. Les autres, plus objectifs, dénigrent le côté gore qui masque la faiblesse du scénario et de l'interprétation.

Le public, globalement, a trouvé ça plutôt nul...


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