À l’instar du tome précédent, celui-ci reprend des histoires de différentes longueurs, allant de trois cases à quelques pages. Chacune offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général.
Le lecteur a évidemment droit aux récits centrés sur la famille où Calvin n’a besoin que de trois cases pour juger et évaluer le travail de son père dans son rôle de « Papa », mais également des histoires plus longues comme lors de la visite de l’oncle Max (le frère de son père). Il y a aussi les gags récurrents qui consistent à éviter la prise du bain à tout prix ou les tentatives pour s’en prendre à Susie Derkins, sa petite voisine et souffre-douleur attitrée. Il ne faudrait pas non plus oublier le méchant Moe, à qui il tente de tenir tête dans la cour d’école, ou la baby-sitter Rosaline. Mais, ma préférence va à ces récits où il peut laisser libre cours à son imagination débordante, notamment lors de ses transformations en Spiff le Spationaute, dont les chutes sont souvent hilarantes.
Si la puissance comique de ces strips atteint des sommets, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de croiser quelques considérations philosophiques. L’auteur en profite notamment pour partager quelques critiques concernant la célébration de Noël.
Puis, il y a l’apathie inévitable envers ce duo éminemment sympathique. Ce gamin doté d’un sens de la répartie incroyable est particulièrement attachant et l’idée de donner vie à une peluche dans son imaginaire est tout bonnement brillante. Cela résulte non seulement en une complicité incroyable entre les deux, mais permet surtout de donner vie à l’imaginaire de l’enfant. Ensemble, ils vivent des aventures mêlant absurde, tendresse, drôlerie, nostalgie et justesse.
Visuellement, le dessin de Bill Watterson est d’une grande simplicité, mais ces visuels aux décors quasi inexistants permettent de mettre l’accent sur les personnages et sur des textes d’une finesse rare. Il faut un talent énorme pour parvenir à partager des tranches de vie en seulement trois cases et pour pondre des gags purement visuels sur base de postures ou d’expressions.
Du grand art… en toute simplicité !