La première chose que j’ai remarqué en lisant, c’est que la facture de ce roman ne brille pas par son originalité. Tout y est, de l’orphelin qui se découvre l’élu que tous attendaient jusqu’à la quête pour sauver le monde du grand méchant mégalo. On y découvrira même un jeu pratiqué uniquement là-bas, avec ses propres règles incluant pas mal de magie. Le schéma est ultra-classique et comme c’est souvent ce qui m’agace dans la fantasy, j’ai eu peur de ne pas accrocher plus que ça.
Pourtant, là où ce roman se démarque, c’est par son univers particulièrement inventif. Anaclasis, en effet, est le reflet de notre monde, et on y reconnaît volontiers notre géographie transfigurée, comme le rappelle la carte au début du livre. Comme l’auteur est grenoblois, comme moi, je me suis amusée à y voir ma propre région, mes montagnes et même à y reconnaître des villes. Mais l'imaginaire va bien plus loin que cela. Dans le monde d’Anaclasis, les villes sont de gigantesques organismes vivants, avec lesquels les humains doivent cohabiter, et dont ils ont appris à utiliser les habitudes. Il faut se méfier des prédateurs comme les sables mouvants ou les vers de nuages. Les hommes peuvent utiliser leur voix de combat et certains ont des capacités étonnantes, notamment les Passe-Mondes, qui peuvent glisser d’un lieu à un autre en un clin d’oeil. On en prend donc plein les yeux, les surprises sont réelles et mêlent à merveille la féérie et la noirceur.
Le personnage de Thomas m’a bien plu par sa normalité. Loin d’être un anti-héros, il n’est pas non plus un personnage exceptionnel et lorsqu’il découvre Anaclasis, ses réactions sont saines et crédibles. C’est surtout son attitude face à une jolie fille, un peu niaise et rêveuse, qui m’a fait sourire par son naturel et fait de lui un personnage très attachant.
La note de Mélu:
Un premier tome très prometteur.
Un mot sur l’auteur: Eric Tasset (né en 1964) est un auteur grenoblois passionné d’histoire.