Le placebo peut » marcher « , même en toute connaissance de cause avait déjà montré une étude publiée en 2010 dans la revue PLoS ONE. Plus généralement, par la puissance de la pensée positive lorsque l’on croit prendre un vrai médicament, les placebos déclenchent fréquemment une réponse des patients. Cette nouvelle étude confirme l’existence et la durabilité de l’effet placebo même lorsque les participants connaissent son absence de valeur thérapeutique.
Il faut juste laisser le temps, aux participants, ici avec 4 séances de conditionnement, de faire confiance aux effets présumés du placebo. L’expérience a consisté à chauffer légèrement les avant-bras de participants au point qu’ils ressentent de fortes sensations de douleur, mais de manière à ne pas brûler la peau. Ensuite, un gel placebo aux prétendus effets analgésiques était appliqué sur la peau. Une majorité de participants toléraient la douleur et étaient convaincus de l’effet analgésique. L’expérience a été renouvelée plusieurs fois. Enfin, lorsque les chercheurs révèlent aux participants qu’il n’y a en fait aucun principe actif, ceux-ci continuent à percevoir et à déclarer un soulagement de la douleur. En revanche, chez les participants mis au courant de l’absence de principe actif après une seule séance, il n’y a plus d’effet placebo.
Un conditionnement sur l’efficacité du placebo crée de réels effets médiés par le cerveau, suggère l’expérience. Ainsi, l’absence de principe actif peut être compensée par une croyance solidement ancrée du patient. Ici, cette croyance est renforcée par plusieurs séances destinées à apprendre au cerveau à répondre au traitement. Une fois que cet apprentissage a été effectué, le cerveau continue à répondre au placebo, même si le patient connaît la » vérité « . Dans cette expérience, l’effet analgésique du placebo persiste même quand sujets savent qu’ils reçoivent un placebo.
Le placebo, une option thérapeutique à part entière ? Il y a, à partir de ces résultats, probablement l’espoir de nouvelles options pour traiter la toxicomanie ou prendre en charge la douleur en limitant la prise d’analgésiques puissants et addictifs. Car l’expérience montre que le cerveau peut jouer un rôle clé chez les sujets qui répondent au placebo. Les placebos induisent aussi la libération de substances anti-douleur dans le cerveau, mais par quelle voie précisément, cela reste à découvrir, concluent les auteurs.
Source: Journal of Pain July 2015 doi:10.1016/j.jpain.2014.12.008 Conditioned Placebo Analgesia Persists When Subjects Know They Are Receiving a Placebo
PLACEBO : ça marche, même en toute connaissance de cause ? -