Voilà l'été. Et le plaisir et la tristesse de revoir les couvertures de presse people consacrées aux sujets trash et futiles qui dégradent la politique un peu plus, d'entendre ces petites phrases ou de lire ces des "cartes postales" de nos politiques censées capter les esprits de vacanciers assommés par le soleil. L'été abime la politique française.
Mais Hollande poursuit sa campagne. Et Valls infléchit, un peu, son discours.
Voici donc Aurelie Filippetti surprise en maillot de bain et enceinte aux côtés d'Arnaud de Montebourg; ou Bruno Le Maire qui livre quelques confessions dans Closer. Les réseaux sociaux ne sont pas en reste: le frontiste Steeve Briois s'exhibe en maillot de bain sur la page Facebook de sa mairie d'Henin Beaumont. Nicolas Sarkozy poste une photo de lui sur Twitter, "L'adieu aux armes" d'Ernest Hemingway ouvert dans les mains, avec ce commentaire : "Un bon livre pour l’été, l'idéal pour se reposer et se ressourcer. Bon vendredi à tous !" ce #VendrediLecture aussitôt raillé par des dizaines de parodies.L'un des plus proches conseillers de Sarkozy, Pierre Giacometti, a vu ses vacances gâchées par une longue garde à vue, cette semaine, dans le cadre de l'enquête sur les sondages truqués de l'Elysée.
Hollande n'est pas en vacances. Il sillonne encore le pays. La pré-campagne bat son plein. Lundi, il était dans la Var, pas très loin de Fréjus où la municipalité frontiste vient d'exiger des artistes à qui elle loue des HLM de se porter volontaires pour de la garderie en maternelle. A Saint-Cirq-Lapopie dans le Lot, il conteste l'annonce précipitée de la Russie d'un accord sur la livraison des navires Mistral que Sarkozy avait vendu à Poutine en 2011, une livraison suspendue par le gouvernement Valls à cause de la guerre en Ukraine. Il commente aussi une actualité internationale plus terrible encore en Palestine où des terroristes israéliens - le qualificatif est de François Hollande lui-même - ont incendié une maison, causant la mort d'un bébé de quelques mois.
Le gouvernement est enfin en vacances. Mercredi, le dernier conseil des ministres de la saison choisit les capitales des futures super-régions. Le timing est idéal pour alimenter les conversations estivales. Lille pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Toulouse pour le Languedoc, les "grands chambardements" sont nombreux. Une douzaine de villes vont (fort heureusement) perdre tout prétexte à entretenir leurs palais régionaux. Vendredi, un "séminaire gouvernementale" clôt enfin cette saison interminable. Cette opération de communication, qui a forcé les ministres à l'exercice de la photo de groupe sous le soleil, est conclue par une déclaration lénifiante de Manuel Valls:
"Nous devons être un Gouvernement protecteur et libérateur d’énergies"Comme souvent, le premier des ministres a la formule de mécanicien: "Des signes de reprise sont là, ils sont encourageants, il faut donc amplifier notre action, faire sauter les verrous, les blocages qui freinent les initiatives et découragent l’effort". Les priorités de la rentrée ? La lutte contre les inégalités scolaires, la COP21 de décembre, un effort budgétaire pour la Culture, l'Education et la sécurité. Et une "nouvelle France des territoires". Les mots d'ordre s'infléchissent, on sent la campagne de 2017 poindre son nez. L'équipe cherche rassurer une gauche qu'elle a piétiné.
Justement, avec des résultats que l'on qualifiera de pitoyables, l'un des plus soc-lib de l'actuelle équipe a décidé de quitter le navire.
François Rebsamen vient de postuler à la mairie de Dijon. Il avait laissé le fauteuil vacant à Alain Millot, décédé dans la semaine. Avec Gérard Collomb, maire de Lyon, Rebsamen est l'un des poids lourds de la ligne sociale-libérale qui fait l'effroi d'une fraction de la gauche. On conservera de "Rebs" le souvenir d'un homme qui considère que le burn-out n'est pas forcément une maladie professionnelle, que les 35 heures sont un boulet, que le code du travail est trop rigide, et que les seuils sociaux devraient être assouplis.
Qui regrettera François Rebsamen ? Le chômage baisse peu, trop peu, à fin juin dernier. Les statistiques publiées lundi le confirme, quelque 5,7 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi sont en recherche active, en légère baisse de 0,0% sur un mois (+7% sur un an). Pire, le nombre de sans-emploi a encore progressé, +0,2%, pour atteindre 3,817 millions de personnes. En France métropolitaine, l'ancienneté moyenne d'inscription à Pôle emploi a grimpé à 556 jours. Signe d'une précarisation grandissante, le nombre de demandeurs d’emploi indemnisés par l’assurance chômage diminue encore, de 0,2 % en juin; et le nombre de ceux indemnisés par le régime de solidarité nationale augmente en parallèle de 0,6 %.
A bon entendeur...