Quelques jours avant, ça avait commencé fort : je venais de publier un billet un peu plus que vaguement acidulé à propos d'un réjouissant opuscule publié par la fnab et traitant de la vinification en biodynamie.
Les réactions n'avaient pas tardé, allant de l'hilarité prononcée à l'agression caractérisée (je passe les détails : y a peut-être des mineurs qui me lisent).
Dans le même temps, un œnophile taquin m'invitait à une soirée dégustation consacrée à des vins allant de la Biodynamie pour les plus soft, jusqu'à la cosmoculture (r) pour les autres.
Alien Attack ? va savoir ...
Déplacement périlleux !
Même si le tout était hébergé en un lieu plutôt plaisant où j'étais déjà passé avec plaisir et à plusieurs reprises.
Y aller, ne pas y aller ?
Goûter la totalité, ou faire une présélection ?
Comme, en d'autres temps, Georges L. l'avait dit :
on ne retourne pas voir un chien qui vous a mordu.
Pourtant y aller.
Et goûter le plus possible, le mieux possible. Même si on est en jour racine ...
Juste avant d'arriver, en guise de résumé des épisodes précédents, cet extrait de Jean de La Fontaine dans "le loup et l'agneau" me trotte en tête :
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?Ca s'annonce bien, tiens ....
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
La porte passée, je suis en terrain connu et parmi quelques têtes elles aussi connues.
Accueil contrasté
J'te jure ...
Mais, bon, on s'en cogne de tout çà !
Puis je vais pas continuer à faire ma victime innocente et indignée, car les rôles de composition me vont mal.
Alors les vins ....
D'abord un "Abstèmes s'abstenir" de bonne tenue : belle couleur, premier nez un peu réduit qui s'ouvre vite sur les fruits rouges / fruits noirs. Frais et gourmand en bouche sur un bel équilibre acidulé. Ce Gamay est un beau vin de picole.
Puis "Le Combal" (2011) : robe intense et très jeune. Nez de bonne maturité. Belle matière, avec une bouche ronde, structurée, ample, qui resserre encore un peu en finale. A attendre.
Pour finir "Les Laquets" (2010) : là aussi très belle robe, nez séduisant, bonne structure avec des tanins mûrs. Finale encore un peu sévère. Joli vin qui peut et doit attendre.
Les 4 vins du Domaine Viret, je n'y adhère pas du tout.
Spas mon truc : rejet massif, complet et sans appel.
Bon, j'en ais fait goûter un à D. qui me répondra illico : "qu'est ce qu'il est bon celui là !"
Alors, les goûts et les couleurs, hein ?
M'enfin la cosmoculture vient visiblement d'une galaxie bien trop lointaine pour moi ...
En revanche grosse éclate avec le "Riesling Calcaire" (2012) du Domaine Zind-Humbrecht. Très joli nez mais, surtout, bouche remarquable d'équilibre entre la maturité et la structure acide. Belle longueur aromatique.
Par contre, goûté en fin de soirée le "Gewurtraminer Calcaire" me laissera sur ma soif.
Peut-être avais je le palais fatigué ?
Et puis j'aime de moins en moins les sucres, c'est pour cette raison que je n'ai fait que survoler les vins d'Eddy et Mileine Oosterlinck-Bracke, au Domaine de Juchepie (en outre, je commençais à avoir le palais sérieusement vitrifié).
Au "Domaine Les Chesnaies", un tour à Chinon avec des vins bien typés Cabernet (non, c'est pas un reproche déguisé).
Jolis vins, toutefois pas de ceux vers lesquels je vais spontanément : j'ai le palais formaté par le sud (et par toute cette méchante chimie de la mort qui tue).
Il fallait bien goûter les vins de de Philippe Betchart, au Château Les Graves de Viaud.
"Réserve" (2010) : l'étiquette est mochasse, mais le vin est joli (et c'est bien mieux que l'inverse). Robe rubis de belle intensité, au tout début de son évolution. Beau nez ouvert et fin (fruits mûrs, épices douces) au boisé bien intégré. La bouche attaque en rondeur, bonne structure sur des tanins de qualité, retour du fruit. Jolie finale aromatique (notes vanillées / empyreumatiques). Bel équilibre. Très plaisant mais peut encore attendre.
"Terroir" (2011) : plaisant, sur une structure légère et fraîche. Joli fruit. Ca se boit bien et on lui en demande sans doute pas beaucoup plus.
Le 2013, millésime qui a été un poil compliqué, ne me laissant pas un souvenir impérissable : je n'insiste pas davantage.
Ce n'est qu'à la fin et à l'arrache que j'ai goûté un vin Serbe, d'Estelle et Cyrille Bongiraud : j'en garde un bon souvenir, mais pas assez précis pour en parler sérieusement.
Au Domaine Montirius, je n'adhère pas au premier vin gouté : un blanc trop oxydatif à mon goût. Je n'arrive pas à trouver de l'intérêt à ce genre de vins. Ensuite, je ne suis passé à leurs rouges que plus tard, trop tard peut-être ? Il faudrait y revenir.
Je n'ai goûté que deux vins d'Aline Hock, au Domaine des Mathouans : pas la peine d'insister quand on ne se comprend pas.
3 vins de Paul Barre, au Château La Grave :
"Leeloo" (2014) : robe d'intensité moyenne, beau nez de griotte, structure fraîche et notes cerisées pour un joli vin de soif.
"Château La Grave" (2012) : robe d'intensité moyenne, nez déjàouvert (cerise, fraise, framboise), jolie matière avec une finale encore un peu serrée. Joli vin.
"Château La Fleur Cailleau" (2011) : robe encore jeune, d'intensité correcte. Nez expressif, ouvert sur un beau fruité. Bonne structure et tanins de qualité : la bouche est plutôt harmonieuse, en finale elle a pourtant encore besoin de s'affiner un peu (de gagner un peu de précision aussi ?). Beau vin dans un style aimable.
Belle soirée !
Même si, bien que l'on soit en jour racine, j'avais négligé de me garer dans un parking souterrain ...
PS : les chipirons étaient parfaits.
Sinon, bien que ce billet ait une vocation informative et non pas publicitaire : ces vins sont à consommer avec modération, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.