"Anna, cette même Anna qui joue là, maintenant, avec moi, la même qui me balance un regard de haine chaque fois qu'elle le peut, une haine qui a une odeur, qu'on remarque, qui se perçoit, une haine qui brille dans ses yeux et qu'elle n'essaye même pas de dissimuler, une haine qu'elle met dans la musique alors que nous jouons ensemble, eh bien cette même Anna fut la meilleure élève que j'aie jamais eue."
Alors qu'un concert se tient à Berlin, en hommage à un chef d'orchestre réputé, dix ans après son décès, des tensions règnent en coulisses. Anna, Teresa, Maria et Mark sont tous liés à Barcelone et à la musique. Ils prennent chacun à leur tour la parole dans ce roman pour raconter leur version de l'histoire, pour expliquer ce qui les a amenés jusqu'ici dans cette ville, loin de chez eux, leurs liens. Au milieu de tout cela, au fil des années, se promène de main en main un Stainer précieux au son et aux pouvoirs magiques. Qui du fils, de la servante, de l'amie, de l'amante, en héritera ?
J'ai fait avec ce livre une petite incursion assez inattendue dans la littérature hispano-portugaise. L'histoire m'a semblé au départ assez classique, le tout facile à lire, mais j'ai été ensuite littéralement happée par les histoires individuelles des personnages, auxquels on s'attache rapidement. Il y a tout d'abord le mystère de ce violon qu'une petite fille trouve dans une décharge, et qui lui donnera sa vocation de violoniste, et puis Maria, qui se révèle pleine de talent sous sa condition d'employée de maison, et Anna la petite fille riche à l'âme perdue. Tout un tas de hasards et coïncidences, petites duretés de la vie qui éraflent, finissent par retenir l'attention, ou ce sont sans doute ces petites phrases en fin de chapitres qui promettent des réponses aux questions. Un roman qui se joue du lecteur, comme un doux thriller, lu d'une traite, sur une journée, autant dire... dévoré.
Editions Les Escales - 19.90€ - Avril 2015
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