Certains médicaments peuvent être liés à des chutes chez les hommes âgés, constate cette étude irlandaise. Dans sa ligne de mire, les anticholinergiques, des médicaments utilisés pour traiter un large éventail de conditions, de l’insomnie à l’allergie. Ces médicaments ont déjà été suspectés d’accroître le risque de troubles cognitifs. Leurs effets secondaires, dont les troubles de la vision et la somnolence, multiplient ici le risque de chute sévère chez les hommes âgés.
Les anticholinergiques bloquent l’action de l’acétylcholine, un neurotransmetteur qui favorise la signalisation entre neurones. Ils peuvent être utilisés pour traiter une grande variété de conditions et de symptômes, dont l’incontinence, la dépression et la psychose. Il existe également des antihistaminiques anticholinergiques utilisés donc, dans le traitement des allergies. Cette classe de médicaments est fréquemment prescrite aux adultes plus âgés. Leurs effets secondaires comprennent les troubles de la vision, de la somnolence et la confusion, ce qui peut contribuer à augmenter le risque de chutes chez les personnes âgées.
Les chercheurs du Trinity College (Dublin) et d’autres instituts de recherché britanniques ont suivi 2.696 adultes âgés de 65 ans et plus, exempts de démence et vivant à domicile, durant 2 ans, participant à la cohorte The Irish Longitudinal Study on Ageing (TILDA). Les participants ont été interrogés sur leur prise de médicaments, chaque jour, chaque semaine, médecines alternatives et vitamines incluses. Les chercheurs ont ensuite évalué le degré d’activité anticholinergique de l’ensemble des traitements pris par chaque sujet sur une échelle de 0 à 3, soit un score global » anticholinergique « . Enfin, les participants ont été interrogés sur le nombre de chutes durant la période de suivi et les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion dont le sexe, l’âge, le fait de vivre seul, le statut socioéconomique, les résultats de santé et le mode de vien dont la consommation d’alcool.
L’étude montre que les participants ayant pris des médicaments anticholinergiques ont un risque 2,5 fois plus élevé de faire une chute grave, entraînant des blessures.
Ce lien n’est pas constaté chez les femmes.
Précisément,
· 4% des personnes âgées ont déclaré prendre régulièrement au moins un médicament ayant une activité anticholinergique,
· 37% ont déclaré prendre régulièrement au moins un médicament ayant une » éventuelle » activité anticholinergique,
· ces médicaments étaient souvent des médicaments sur prescription (pour le traitement de la dépression, de la maladie cardiaque ou de l’incontinence).
· 26% des participants ont au moins chuté 1 fois au cours de l’étude,
o dont 13% ayant entraîné des blessures nécessitant un traitement médical.
· Les femmes ont chuté de plus souvent que les hommes. Mais, encore une fois, chez les femmes, aucun lien n’a été trouvé entre la prise de médicaments anticholinergiques et le risque de chutes.
· les hommes qui ont déclaré prendre régulièrement des médicaments ayant une activité anticholinergique ont un risque multiplié par 2,5 fois de chute avec blessures.
· La relation est dose dépendante : sur 5 ans, l’utilisation régulière de médicaments à effet anticholinergique augmente de 71% le risque de chute (RR : 1,71) et le multiple par 5 pour les chutes ayant entraîné des blessures (RR : 4,95).
La cause du traitement ou le traitement lui-même ? Est-ce les raisons pour lesquelles les hommes prennent ces médicaments qui contribuent au risque de chute ? Les auteurs ont pourtant bien pris en compte les facteurs de confusion possible…Ils concluent que l’utilisation régulière de médicaments ayant une activité anticholinergique est associée au risque de chutes avec blessures chez les hommes plus âgés. D’autres études doivent être menées pour comprendre l’absence de lien chez les femmes. Enfin, »étude qui rappelle, avant tout, que les patients devraient toujours lire attentivement les notices des médicaments et ne pas initier ou prolonger un traitement sans un avis médical.
Source:Journal of the American Geriatrics Society July 22 2015DOI: 10.1111/jgs.13543
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