La gauche morale n'a depuis quelque temps que ce mot à la bouche pour faire oublier ses anathèmes, sa pensée minéralisée, ses à-peu-près et ses hypocrisies : si les esprits tournent mal, c'est un coup de la "fachosphère".
Cinq idiotes rouent de coups une autre fille qui bronze en bikini dans un parc de Reims en plein juillet au motif énigmatique que "cela n'est pas l'été" ! La presse bobobienpensante met douze heures à en parler et évite de donner le moindre prénom si ce n'est reconnaître que les coupables viennent des "quartiers". Cette ellipse est largement interprétée comme la confirmation que les harpies sont musulmanes. Comme pour les statistiques ethniques, il s'agit d'une illustration des effets pervers de la censure qui ne fait que conforter les interprétations qu'elle veut interdire. On ne combat le fantasme que par les faits, pas par le silence.
Toujours est-il que, s'appuyant sur une déclaration du Parquet qui indique que les coups et blessures n'auraient aucun mobile moral ou religieux, la presse bobobienpensante se ressaisit et, après une journée de doutes et quelques errements drolatiques de Sos Racisme accuse la fachosphère d'emballement nauséabond et autre amalgame. Brrr ...
Mais il subsiste un détail gênant. Si la réaction pour raison vestimentaire ne tenait ni à la morale ni à la religion, sur quoi se fondait-elle ? La demoiselle en bikini était elle mieux faite que ses assaillantes ? De la pure jalousie donc ? Sinon, sur quoi repose ce rejet du corps dévêtu si ce n'est sur des références morales ? Juillet est bien en été, non ? Les dénégations vaseuses d'une des cinq ne sont guère plus convaincantes.
Toute la philosophie pénale de la gauche est fondée sur l'idée que les individus peuvent être conditionnés par leurs milieux d'origine et d'évolution. Ils ne peuvent donc être entièrement tenus pour responsables de leurs faits et gestes. Ils sont les reflets de forces idéologiques qui souvent les dépassent ou de déterminants économiques qui les assujettissent. Appliquons ce principe psychosocial à nos "agresseuses". On peut en déduire aisément, de la morale même de ceux qui veulent les absoudre, qu'elles ont été mues par des principes, une surdétermination religieuse qui les fait réagir au corps exposé d'autres femmes. Autrement, elles les remarqueraient à peine si ce n'est pour s'en inspirer ou s'en moquer doucement.
Mais, comme il y a un mois pour la décapitation d'un pauvre malheureux, comme au moment de l'assassinat d'une joggeuse et sans parler des crimes de Charlie Hebdo ou des meurtres antisémites de ces dernières années, l'important pour le pouvoir et ses soutiers et soutiens idéologiques est de minimiser jusqu'à l'aveuglement le problème croissant que pose le conservatisme et la radicalisation musulmane en France.
La prétendue "fachosphère", dont la gauche définit les contours en fonction de ses mouvements d'humeur et de ses besoins, n'est que l'antidote sécrétée par le corps social, dans ses nouvelles artères et ses nouveaux réseaux, pour une information non épurée, triée ou censurée. Il y a certes, comme dans toute ébullition, des débordements. Mais il faut accuser ceux qui entretiennent le feu sous la marmite plutôt que ceux qui crient parce qu'ils sont ébouillantés.
Dans ce contexte, l'incroyable coup de force contre Pierre Sautarel, l'animateur du site Fdesouche, même si l'on ne partage pas toutes ses réactions, qui s'est vu convoquer par la BRDP (brigade de répression de la délinquance contre la personne) pour diffamation publique envers Pierre Bergé, le tout avec perquisition à son domicile, porte fracturée, saisie de son smartphone et de son matériel informatique est une atteinte grave aux libertés. Sautarel n'avait d'ailleurs fait que renvoyer à un texte figurant sur un autre site. La saisie de ses biens est donc particulièrement inutile et inappropriée. La disproportion de la réaction est assurément un moyen de l'intimider. Tout animateur de site mentionnant un autre site est susceptible d'être ainsi menacé.
Ces faits, comme ceux de Reims, démontrent par a contrario l'utilité de la "fachosphère", comme ils disent.
2 - D'Angoulème à Pampelune
Les pérégrinations estivales sont parfois utiles à la réflexion politique dans la mesure où elles aident à raisonner simplement. Passez donc par Angoulème, ville où tous les immeubles paraissent à vendre, qui s'étiole doucettement et coince sa bulle dans les quelques jours d'un festival de bandes dessinées, façades lépreuses se multipliant et commerces fermés partout. Puis traversez la Charente, les landes et allez en Navarre, aux confins du pays basque espagnol, à Pampelune par exemple. Vie exubérante, cafés et restaurants bondés, animation, sourires aux lèvres, immeubles pimpants. Inutile de scruter les chiffres de l'emploi : l'Espagne revit. Un ami m'a signalé que produire une voiture en Espagne revient désormais 20 % moins cher qu'en Chine ! Le gouvernement espagnol a fait le choix difficile, puisqu'il acceptait les contraintes européennes, de serrer la ceinture de son secteur public et de réduire les salaires. C'était dur mais cohérent. En France, Hollande se veut fidèle à l'Euroland et sa monnaie mais n'ose pas toucher aux fonctionnaires ou expliquer aux Français qu'il faut baisser leurs coûts de production. L'activité est donc en berne et le chômage se porte bien. C'est en Espagne et pas en France que les emplois du léger mieux conjoncturel se créent.
3 - Primaires et viscéral
Mou-Président ne veut pas de primaires car ils les perdrait. Ne serait-ce pas moins douloureux, pourtant, que ce qui l'attend s'il refuse de s'y soumettre ?