La saison 4 de Veep est celle du changement. Avec Selina au pouvoir, à la tête du pays, il fallait que la saison se renouvelle et nous proposer des intrigues légèrement différentes. Par chance, l’humour n’a pas disparu, il a juste légèrement évolué. Je pense que l’on peut même dire qu’il s’agit presque de la meilleure saison de la série, pas nécessairement la plus hilarante, mais avant tout la plus intéressante. Avec Selina présidente, c’était un vrai risque que de tenter l’expérience. Les challenges sont ici complètement différents. Selina veut être Présidente depuis des années, prendre la place de son patron en somme. C’est une façon de prendre sa revanche et elle a gagné cette place mais il faut aussi qu’elle fasse attention à ne pas la perdre bêtement au détour de choix douteux. La série suit alors un chemin périlleux, un peu comme la saison 3 de House of Cards a pu elle aussi suivre presque le même chemin sous un angle beaucoup plus dramatique. Ici, la comédie reste à l’honneur car Veep rime avec bonne humeur. Les frasques de Selina comme de son équipe vont notamment la conduire à allouer une partie du budget qui lui était donné à quelque chose d’autre que ce qu’elle voulait réellement faire. Mais elle ne veut pas pour autant perdre la face alors que sa côte de popularité touche des sommets de ridicule.
Bien entendu, Veep ne veut pas nous montrer une Selina qui a perdu la bataille. Au contraire, elle veut à tout prix que ce qu’elle est en train de vivre soit permanent. Elle doit donc pour cela vivre à nouveau une campagne électorale en parallèle de ce mandat qu’elle est en train de subir plus que de vivre. C’est le chaos, comme toujours, mais elle doit aussi trouver des soutiens. J’ai beaucoup aimé l’arrivée de Hugh Laurie (Dr House) au casting de la série. Il apporte un vent de fraîcheur bienvenu même si parfois Veep veut un peu trop starifier son personnage. Heureusement que certains personnages sont là aussi pour rappeler que Selina est l’héroïne et que son équipe reste justement l’élément comique le plus intéressant après elle. Car Hugh Laurie n’est pas là pour faire la pluie et le beau temps sur l’humour de la série. Cela est déjà très bien orchestré par d’autres. Au milieu de cette saison, on retrouve aussi des idées ambitieuses comme « Testimony » qui aurait pu être le pire épisode et qui s’avère être l’un des meilleurs de la série. Outre l’astuce de mise en scène, cet épisode offre une dimension nouvelle au genre et à la série. Veep veut cette année nous montrer que notre héroïne a beau avoir des défauts et faire des conneries, elle reste humaine avant tout.
L’arrivée de Hugh Laurie a apporté aussi à Selina un adversaire, quelqu’un qui est capable de lui tenir tête à sa façon. Bien entendu, la fin de la saison laisse espérer une suite d’autant plus intéressante. La saison évolue très rapidement autour des personnages sans jamais oublier quelles sont les racines de cette série, d’où elle vient et ce qu’elle doit faire pour justement rester dans cette même ambivalence. Si Amy et Dan n’auront pas eu la part belle cette année, on ne peut qu’être ravi de voir que Jonah et le harcèlement sexuel et notamment Gary, confronté à une incompétence qui va forcément créer le trouble dans sa relation avec Selina. Finalement, Veep prouve cette année qu’elle a beaucoup plus à raconter que l’on ne pourrait le penser. C’est une saison rondement bien menée et maîtrisée, elle parvient même à nous emmener ailleurs tout en gardant l’esprit original de la série. J’ai hâte de voir la prochaine saison de Veep, qui promet elle aussi d’être complètement différente de celle-ci, tout en restant complémentaire. Depuis cette année, la série semble vouloir nous parler de politique de façon encore différente. Le côté bras-cassé de l’équipe de Selina a cette année créé des surprises, en espérant que cela reste comme ça l’année prochaine.