1 heure. Putain 1 heure. C’est tout ce temps qu’il m’a fallu pour oser atteindre la limite des 25m dans le bassin de la piscine de Sartrouville. Arrêt et demi-tour aux 25m, après ce sont les grands fonds, les 5m et la fosse. La haute mer. On verra ça dans un an.
Mardi soir en nocturne, première fois que j’osais m’aventurer en piscine sans mon maître(nageur), Hatem, et sans ma bouée, ma MILF, depuis le début de ma lutte finale contre l’aquaphobie. Je vous ai laissés après 3 séances encore tout étourdis par mes progrès considérables, ce petit pas pour l’homme et ce grand plouf pour moi. Relativisons tout de même : ma progression en 1 mois est aussi forte que la baisse de la courbe du chômage, on sent un frétillement, on a envie d’y croire, mais ça bouge peu. Encore que. Avec mon maître j’ai passé avec succès ma 1ère nageoire, 25m de pseudo-brasse en sautant du plongeoir (je n’ai pas écrit en plongeant, hein), un succès qui en appelle d’autres. Un jour.
Me voilà donc au bord de l’eau. Elle est froide. Pour m’échauffer comme un vrai nageur professionnel débutant, direction le petit bain. Hatem m’a laissé des devoirs de vacances et un conseil : ne te mets pas en difficulté, travaille comme tu es à l’aise, la brasse, et aussi le retournement sur le dos, position de survie, et le surplace. Je barbote dans l’eau à 29°C pendant que des donzelles se trémoussent sur des aquabike, malgré la température acqueuse, les aquabikeuses ne sont pas de toute première fraîcheur.
Je suis chaud. Un orteil puis l’autre je descends dans le grand bain par l’échelle. Je suis transit, j’ai peur. Là, tout seul au milieu de tout le monde, l’aquaphobie est de retour. Je lâche le carrelage ferme, je nage n’importe comment, aucune sensation de flottabilité, je fais 3 ou 4 m avant de m’agripper au bord. La scène se répète une bonne dizaine de fois, je nageote au mieux sur 10-12 m avant de m’agripper au bord comme un Guéant à ses toiles d’Andries Van Eertvelt. Les maîtres-nageurs sont sur leurs chaises hautes à me surveiller, ça ne me rassure pas, Hatem m’a dit qu’ils n’aimaient pas les débutants qui leur filent du travail de vigilance…
J’ai trop froid je retourne dans le petit bain. J’essaie de travailler ma brasse mon mouvement des jambes est totalement inefficace, je fais un peu d’apnée, je nage sur le dos, il y a trop de monde, ce n’est pas agréable. Merde pourquoi je suis là ?
Retour dans le grand bain. Même motif même punition je suis tétanisé par le froid qui m’enlève toute sensation à énergie positive, et surtout, par la trouille. La frontière fictive des 12,5m semble infranchissable, je cherche à me rassurer en descendant sous l’eau jusqu’à toucher de mes pieds le fond de la piscine, rien n’y fait, je multiplie les allers-retours comme Dominique Lavanant dans Les Bronzés font du ski sous l’œil incrédule des autres (vrais) nageurs. Surtout une brune qui nage comme elle respire.
Je repars me réchauffer dans le petit bain, la foule est moins dense, le cours d’aquabike est terminé, c’est plus agréable, je continue l’entraînement bébé-nageur, sur le dos, sur le ventre, la brasse est toujours aussi désordonnée mais je commence à me détendre. Enfin… à me décontracter plutôt.
On y est. Je suis enfin aux 25 m. I did it ! I’m le king des bains douches ! Sur ma lancée je réalise 2 ou 3 allers-retours. Puis une quinzaine au total. Même nul dans mes mouvements je décide de prendre le sillage d’un gars aquatique pour voir combien de mètres il me met dans les lunettes de piscine. C’est pas possible ! toujours cet esprit de compétition même quand je suis le dernier des mohicans du bassin. Ça me fait tout drôle d’être aussi faible dans un sport et d’y persévérer, promis dès demain je regarderai différemment tous ceux qui courent à petite vitesse.
Sortie de la piscine après 1h40 au total dehors il fait 14°C et il pleut je ne suis pas très fier de moi mais tant pis, ça n’a jamais tué personne. Quand on souffre on ne compte pas, j’y retourne ce soir. Je l’aurai un jour je l’aurai cette aquaphobie !