Auteur : Jasper Fforde
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Eddie Rousseau vient d’arriver à Carmin-Est, avec son père, swatcheur de profession. Il a été envoyé dans les Franges Extérieures par mesure disciplinaire après avoir joué un mauvais tour à Bertie Magenta, un camarade Pourpre. Il doit effectuer le recensement des chaises de la ville afin d’obtenir un Réalignement d’Humilité. Commence alors l’enquête officieuse de la mort de l’ancien swatcheur de la ville.
9.3.88.32.025 : Le concombre et la tomate sont tous deux des fruits. L’avocat est une noix. Pour faciliter les compléments alimentaires des végétariens, le premier mardi de chaque mois, le poulet est officiellement déclaré un légume.
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Le monde que nous offre Jasper Fforde est agencé par les couleurs. Nous sommes en Chromocratie. C’est un post-apo dont l’apocalypse est inconnue et oubliée. Elle est d’ailleurs nommée « Le Truc-Qui-S’est-Passé » il y a cinq siècles et à cause duquel de nombreux bons en arrière se produisent pour cette société : la disparition de technologies ou de produits manufacturés.
Cet état totalitaire est le règne de la tyrannie des couleurs : un nombre élevé de règles ont été éditées par le grand Munsell. Le rang, le statut, la profession et les capacités de reproduction sont déterminés par la couleur d’une personne et la perception des tons de son spectre (valeur CMJN ou RVB sous la forme d’un pourcentage).
La société est ultra hiérarchisée et inflexible. Les Gris, ces individus qui ne voient qu’en noir et blancs se retrouvent en bas de l’échelle alors qu’on parle de Chromogentsia car au plus haut degré, se trouvent les Pourpre. Mais tous doivent répondre aux même préceptes sociétaux, vivre avec le système de mérites et de feedbacks et tous risquent de mourir du Mildiou.
Bon, pour terminer, voici quelques conseils avisés. D’abord, le temps passé à reconnaître le terrain n’est jamais perdu. Ensuite, pratiquement tout peut être amélioré en y ajoutant du bacon. Et enfin, il n’y a pas un problème sur terre qu’on ne puisse résoudre après avoir pris un bain chaud et une bonne tasse de thé.
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Cette histoire truculente est aussi celle d’une rébellion. Le roman est très séduisant, agréable et on s’y sent bien. Le style incisif sert une intrigue non seulement ingénieuse mais bourrée de détails captivants. La réflexion est poussée sur le fonctionnement social et politiques (et ses extrêmes) : le grain de sable vient d’enrayer la mécanique bien huilée.
L’humour est efficace : les éléments sont déjantés et absurdes. Les délires toutes les trois pages restent frais, on ne se lasse pas. Les jeux de mots acquièrent toute leur splendeur dans la langue française grâce à la traduction de Patrick Dusoulier. N’oublions pas les personnages qui ont de la répartie et qui nous donnent des dialogues fort sympathiques. Pour moi, l’humour est un challenge supplémentaire pour qu’il fonctionne à l’écrit. Peut-être suis-je bon public ? En tout cas, j’ai adoré croquer ce livre qui s’avère une réussite.
Si je devais relever un point contestable, c’est que certains lecteurs pourraient trouver l’entrée dans l’univers un peu longue. Et pourtant, c’est un point dont je me suis délectée. Comme il s’agit d’une trilogie, il nous reste beaucoup de questionnements à la fin de ce tome ; et du suspense (pour ne pas changer). Ceci dit, j’ai été complètement bluffée par ma lecture. J’ai totalement adhéré à l’univers : j’aime ces aventures exotiques dans un monde bariolé.
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« Bienvenue à Chromocratie ! » annonce La route de Haut-Safran de Jasper Fforde. Ce premier tome de la trilogie ‘La tyrannie de l’arc-en-ciel’ nous offre un émerveillement de la pupille et une dilatation grâce à la plaisanterie. Ce livre est un coup de cœur pour moi car l’auteur nous donne un récit vif dans un monde éclatant. Une intrigue soignée et un récit finement écrit.
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Souvenir de lecture : La couverture de mon exemplaire n’inclut pas de petite chaise verte à la pointe du flux de peinture. A voir : des vidéos d’informations de la part de la Couleur Nationale.
Dans le chaudron :
¤ Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (dans le même idéal de société hyper-hériarchisée)
¤ Jennifer Strange de Jasper Fforde (une autre équipe de bras cassés)
¤ Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (par une société tout aussi hostile)
¤ Divergente de Veronica Roth (où les personnes sont classées par rapport à un trait de caractère dominant)
Just on more page, Le Chat du Cheshire, Les carnets de Radicale, Lis tes ratures ! (Lyra Sullyvan) ont elle aussi aimé prendre un shoot de citron vert.
Pic : par Akabeko
Classé dans:FFORDE Jasper Tagged: apocalypse, dystopie, humour, young adult