"Tu crois que j'aie changé depuis Moulin Rouge?"
"Et bien, c'est à dire que...tu peux répéter la question?"
Bon. Commençons comme il se doit par un court résumé : Guido Contini est LE réalisateur dans toute la splendeur de l'Italie des années 60. L'histoire nous conte ses aventures (dans plusieurs sens du terme) alors qu'il tente de s'acquitter de sa tâche en se battant contre une crise existentielle, les médias qui le traquent, les femmes de sa vie, son angoisse devant la page blanche et ce qui en découle, ses relations avec son entourage professionnel.
Aaaah, le cinéma italien des années 60...Fellini, Nino Rota (non, ne faites pas cette blague), les dialogues au débit mitraillette qui fut maudit par tant de doubleurs par delà le monde, ses pavés humides séchés par les petits cabriolets taille basse, au klaxon qui reste imprégné dans la tête longtemps, longtemps après que la voiture se soit éloignée, Cinecittà, la femme avec de vraies formes de femme, la méditerranéenne, quoi, merde ! Mais je m'emporte....
On retrouve dans ce film musical , tiré du spectacle musical du même nom, tous les ingrédients des films d'époque, la place de la femme, actrice principale, maîtresse, épouse, même la mère disparue, y tient une importance capitale autour de Guido (Day Lewis). On se laisse emporter dès le début par le tourbillon rythmique des enchaînements de situations, par la musique aussi, pleine de rondeurs jazzy, percutante, et absolument bien intégrée dans les diverses phases du film. Daniel Day Lewis donne une fois plus toute son aura au personnage (fortement inspiré du grand Fellini), toujours à la limite, et jamais dans la caricature, d'ailleurs, qui a déjà vu Daniel Day Lewis crotter un rôle ? Autour de lui, une partition magique, Penelope Cruz (tellement Grrrr), Marion Cotillard, Nicole Kidman, Kate Hudson, Fergie, resplendissent, sans oublier l'icône Sophia Loren, dans le rôle savoureux de la mère décédée (la " mamma ", la plus importante de toutes). Le film est bien conduit, l'image est flatteuse, et puis les minutes s'égrènent, et sans vraiment s'en rendre compte, et bien on décroche...Comme un lassement, comme une promesse qui n'aboutit pas, comme une recette dont les ingrédients sont d'une grande qualité, mais qui finalement n'a pas le goût auquel on s'attendait au début. Alors, peut être est-ce le rythme qui fatigue à la longue, ou l'histoire qui manquerait de complexité, voire les dialogues...peut être. La vérité c'est que je ne sais toujours pas pourquoi, mais le fait est que, au final, ça tombe un peu à plat. C'est bien dommage, car on aurait vraiment voulu sortir de la salle plein de nostalgie, ou de curiosité pour une époque où l'Italie avait porté la satyre sociale dans des strates rarement atteintes depuis. Et au lieu de ça on se prend à analyser qu'est-ce qui a bien pu merder...
Bannister et 1/2.