Magazine Cinéma

Dans ses Yeux....ou comment passer une retraite active

Par Bannister
Dans ses Yeux....ou comment passer une retraite active


"J'avais deux smarties posés juste ici, c'est toi qui les a pris?"
"J'ai pas pris tes smarties,moi..."
"Écoute moi bien,tu vas me rendre mes deux smarties ou moi et mon copain Sancho on va te casse ta gueule..."

Voilà, des fois vous allez voir un film pour un genre, une histoire, un réalisateur, un acteur, une actrice, ou parce que y'a votre oncle qui fait le figurant (même s'il meure bêtement au fond de l'écran à droite, au bout de dix minutes, au milieu de dix autres pauvres figurants), bref, le tout c'est d'y aller, parce que dans ces fois là, il y a celle qui va vous mettre une bonne grosse claque dans vos deux hémisphères. Et celle là, ça serait con de passer à côté. Et ben, on y est, Dans ses yeux est cette fois là. Les Ibériques, on le sait au moins depuis le film espagnol " Tesis ", sont fortiches pour poser une chape de pression et de suspens dans leurs films, sans forcément beaucoup d'artifices, tout est dans la façon de filmer, dans la photo, dans le jeu. La construction du film argentin " Dans ses Yeux " est magistralement maîtrisée, entre film social, drame, polar, trouble politique, le tout avec des dialogues au millimètre, on suit ce greffier à la retraite hanté par une affaire qui date de 25 ans, et qui décide de coucher son malaise sur papier. Commence un voyage entre passé et présent, que l'on débute en tâtonnant, comme le juge cherchant le bon angle pour attaquer son histoire, et avec qui on va s'enfoncer de façon obsédante et entêtante dans cette relecture d'une époque (l'Argentine des années 70, c'est loin de la franche rigolade), s'ensuit une tornade d'émotions, d'amour gâché, de justice, d'erreur judiciaire (deux pseudo coupables arrêtés et torturés pour rien quand même), on navigue jusqu'au final hallucinant, et à la redescente sur terre (mais y suis-je vraiment redescendu ?). On reste soufflé par cette histoire de longues minutes après le générique de fin. Tout dans ce film est à sa place, et tout bouge comme dans une partie d'échec pour un final en échec et mat fabuleux. Ricardo Darin, qui joue le greffier, possède un jeu et une présence incroyable, mais tout le casting, là aussi est impeccable, de Soledad Villamil (sa supérieure de l'époque et son amour inébranlable) à Guillermo Francella (l'ami et assistant). Pour ceux qui ont pu râler aux derniers Oscars parce que Jacques Audiard et son " Prohète " n'avaient pas ramené la breloque du meilleur film étranger, laissez vous emmener par " Dans ses yeux ", et vous comprendrez pourquoi, ce soir là, il ne pouvait pas y avoir un autre vainqueur.

C'est un film limite hypnotique, qui nous immerge dans une période sombre de l'Argentine à travers le prisme d'une enquête à rebours et de vies bouleversées, soutenu par une musique envoûtante.

Au passage, pour prolonger le plaisir vous pourrez lire le bouquin de Eduardo Sacheri (qui a participé aussi à l'écriture du scénario) dont le film est adapté : " La Pregunta de sus ojos " (je crois qu'en français ça veut dire Pince mi et Pince moi sont dans un bordel...euh bateau...enfin bref, je suis pas sûr).

Pour la faire courte –quoi c'est trop tard ?- et bien : c'est un putain de bon film (una puta de buena película).

Bannister, la main de Dieu.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bannister 15 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte